«Grichting menace la paix religieuse»
Schwyz: La Conférence de Biberbrugg veut impliquer le Conseil fédéral dans «l’affaire Huonder»
Schwyz, 3 mars 2011 (Apic) Werner Inderbitzin, président du Conseil de l’Eglise cantonale de Schwyz, veut un changement de personnel à la tête de l’évêché de Coire. «Personnellement, je ne vois aucun avenir paisible dans notre évêché sans un changement dans la direction», affirme-t-il à la «Neue Luzerner Zeitung», le 2 mars 2011. En attaquant le système ecclésiastique suisse, le vicaire général Martin Grichting menace la paix religieuse, raison pour laquelle la politique doit être impliquée. Werner Inderbitzin désire une intervention du Conseil fédéral au Vatican.
Le 8 mars, la Conférence de Biberbrugg – association des Eglises cantonales de l’évêché de Coire et dont Werner Inderbitzin est le porte-parole – devrait décider comment réagir à la crise. Il est possible qu’elle demande une visite apostolique.
L’intervention du Conseiller fédéral PDC Flavio Cotti avait poussé le Vatican a envoyer Mgr Wolfgang Haas «à l’étranger». Werner Inderbitzin pense qu’une «décision aussi drastique est également nécessaire dans le cas de Mgr Vitus Huonder». D’après lui, l’évêque de Coire «a reconnu que la situation de l’évêché est plus embrouillée et difficile que ce qu’il s’était représenté». Le 26 février, l’évêque a annoncé chercher le conseil de Rome dans cette affaire.
D’après le porte-parole, la liberté religieuse est perturbée par le vicaire général Martin Grichting, qui désire que les impôts ecclésiastiques soient abolis et veut limiter les paroisses et les Eglises cantonales dans leur pouvoir. Raison pour laquelle la politique doit intervenir: «Avec l’implication du gouvernement, Rome sera tout particulièrement attentive», affirme-t-il. La position de Werner Inderbitzin est partagée par Benno Schnüriger, président du Conseil synodal zurichois. Ce dernier a expliqué aux médias qu’avec sa politique du personnel, l’évêque s’était rendu insupportable.
Action concertée contre l’évêque
Le 8 mars, la Conférence de Biberbrugg devrait formuler ses revendications auprès des gouvernements cantonaux. Ces derniers sommeraient alors le Département des affaires étrangères de Micheline Calmy-Rey d’intervenir auprès du Vatican, dans l’»affaire Huonder». «Il y a peu, nous avions encore le sentiment que l’intervention du Conseil fédéral était un cas extrême, je pense maintenant qu’il est temps d’entreprendre une action concertée contre notre évêque», annonce le catholique de Schwyz.
Fin février, Mgr Huonder avait confié dans une lettre aux prêtres de son diocèse qu’il était allé consulter le nonce apostolique à Berne, l’archevêque Francesco Canalini, et qu’il s’apprêtait à demander les conseils du cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques.
Werner Inderbitzin n’exclut pas que Rome soit déjà intervenue sur la question de la nomination d’un deuxième évêque auxiliaire. Le Vatican et Mgr Huonder pensaient vraisemblablement qu’après avoir renoncé à la nomination de Martin Grichting, le calme se rétablirait dans le diocèse. «Il s’agissait visiblement d’un mauvais calcul», estime le président de l’Eglise cantonale de Schwyz.
«Qui ne m’obéit pas, n’est pas catholique»
Les problèmes du diocèse ne sont pas uniquement des problèmes de personnel. Dans l’évêché, les esprits sont divisés quant à l’image traditionnelle que donne l’évêque de son Eglise. Mgr Huonder est accusé de ne reconnaître que les structures hiérarchiques et de diriger son diocèse selon le credo: «Qui ne m’obéit pas, n’est pas catholique».
La démission de deux forces motrices de l’évêché, au cours des dernières semaines, est à l’origine de cette nouvelle crise. Ernst Fuchs, supérieur du séminaire de Coire, et Andreas Rellstab, vicaire général pour les Grisons, ont démissionné suite à «de graves dissensions avec Mgr Huonder». Pour certain, les deux hommes d’Eglise ont été «envoyé en peu de temps à la casse». Auparavant, la probable nomination du vicaire général Martin Grichting comme évêque auxiliaire avait échauffé les esprits pendant des mois. (apis/gs/amc)