Rome: Le Vatican est l’Etat le mieux gardé du monde

Des forces de sécurité et de surveillance omniprésentes

Rome, 4 mai 2010 (Apic) «Le Vatican, combien de divisions?» Cette réflexion attribuée à Staline en 1945 démontre que le leader soviétique était totalement ignorant des mesures de sécurité dont dispose le Vatican. Même s’il ne possède pas de divisions blindées, le plus petit Etat du monde – un demi kilomètre carré – est incontestablement celui qui compte proportionnellement le plus de personnel chargé de surveiller les lieux et d’en assurer la sécurité. Une petite visite sur place finira de convaincre les sceptiques.

Le visiteur qui veut pénétrer dans la Basilique saint Pierre sera d’abord soumis aux mêmes types de contrôle qu’un voyageur dans un aéroport, la présentation des passeports en moins. Au terme d’une file d’attente, qui peut atteindre plusieurs centaines de mètres les les heures de pointe, il devra passer par un portail de détection de métaux. Auparavant, il aura placé ses objets métalliques sur un plateau et ses bagages sur un tapis roulant qui les entraîne sous un tunnel de détection. Et la personne qui veut éviter des ennuis ou n’a pas envie d’avoir attendu si longtemps en vain pourra se délester de son couteau de poche – prohibé dans l’enceinte de la Basilique – dans une des nombreuses corbeilles qui côtoient la file d’attente, ou juste entre deux, avec l’espoir de le récupérer plus tard. Un bref regard à l’intérieur et autour des poubelles permet de constater que plusieurs pèlerins se sont exécutés.

Le premier barrage passé, le visiteur sera suivi du regard par des agents de sécurité ou de surveillance omniprésents aux alentours et à l’intérieur du Vatican. Gendarmes du Vatican, gardes suisses, fonctionnaires en habits civils mais facilement reconnaissables à leur attitude empreinte de dignité, … Tous sont là pour veiller à la sécurité des lieux, guider les files de visiteurs, renseigner le pèlerin ou assurer la tranquillité des offices. Le visiteur en quête d’un renseignement ou qui emprunte une voie non-officielle n’attendra pas longtemps avant d’avoir recours aux services de ces agents. Ainsi, trois gardes en civil montent la garde devant la «Capella del Coro», où cardinaux, évêques et autres prélats psalmodient la prière des heures, afin d’en interdire l’accès aux curieux durant l’office. Même le bon déroulement de la file d’attente devant les WC situés à côté des postes vaticanes est confié à deux employés, en bleu de travail, qui indiquent à qui le tour.

Deux colonnes devant le tombeau de Jean Paul II

Dans le souterrain où se trouvent les tombeaux des papes, à l’emplacement où saint Pierre lui-même a été inhumé, plusieurs employés tentent avec peine de maintenir un minimum de respect du repos des défunts et de silence en ces lieux sacrés. Deux couloirs sont installés devant le tombeau de Jean Paul II, dont la popularité ne baisse pas cinq ans après sa mort : un pour les visiteurs, un pour les priants. « Prayer ? No ? Allora avanti ! », indique un garde en civil au pèlerin qui traînerait un peu trop dans la colonne «visiteur».

A l’intérieur de la Basilique, ce sont les membres de la confrérie des Sanpietrini (»petits Saint-Pierre») qui font régner ordre et propreté. Recrutés de père en fils ou d’oncle à neveu, ces volontaires assurent la sécurité des lieux comme celle des visiteurs. Entretenant une culture du «mystère», ils ne se laissent pas photographier et ne sont reconnaissables qu’à la fine bordure rouge entourant le col de leur veston. Engagés par la Fabrique de Saint-Pierre, ils sont une centaine de Sanpietrini à se relayer toutes les demi-journées, comme vigiles, sacristains, mais aussi électriciens, maçons et concierges, à l’intérieur de la Basilique tout comme dans les innombrables recoins et couloirs qui l’entourent.

Une autre confrérie, moins mystérieuse, est également présente sur les lieux. Il s’agit de l’Association des saints Pierre et Paul. Ses 600 membres, qui se recrutent surtout parmi les gendarmes à la retraite, exercent un service bénévole. Ses membres sont les héritiers de la Garde palatine d’honneur, supprimée par Paul VI en 1970. On y entre par cooptation et après trois ans de formation spirituelle. Elle a trois missions: l’assistance aux pèlerins à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre, le service lors des liturgies célébrées par le pape à Rome, et la collaboration à la cantine des religieuses de Mère Térésa au Vatican et au dispensaire pédiatrique de Sainte-Marthe.

Enfin, pour épauler tous ces bénévoles, la Fabrique de Saint-Pierre engage et rétribue également des étudiants pour surveiller les lieux et guider les visiteurs.

Les mesures de contrôle à l’entrée de la Basilique Saint-Pierre, avec détection des objets métalliques et interdiction des couteaux, ont été adoptées quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, explique le lieutenant-colonel Jean-Daniel Pitteloud, vice-commandant de la Garde Suisse pontificale. Le Vatican ne traverse pas actuellement un danger particulièrement important, mais ce sont simplement des mesures préventives, selon lui.

Les contrôles à l’entrée de la Basilique Saint-Pierre peuvent engendrer des files de plusieurs centaines de mètres, avec des attentes qui peuvent atteindre une heure et demie, selon l’expérience d’une guide touristique rencontrée sur place. Mais devant les Musées du Vatican, c’est encore pire, assure-t-elle. Il n’est pas rare que les visiteurs doivent attendre jusqu’à trois heures !

Encadré:

Revue des effectifs

Sont chargés de la sécurité et de la surveillance au Vatican:

– 110 gardes suisses dépendant du Saint-Siège, chargés de la sécurité rapprochée du pape et de la surveillance des entrées au Vatican et dans la résidence du pape

– La gendarmerie vaticane, qui dépend de l’Etat du Vatican. Effectif : 130 à 140 gendarmes.

– La police italienne, qui s’occupe de la sécurité aux alentours de la Place saint Pierre et des contrôles aux entrées. Le nombre varie fortement en fonction de l’affluence.

– Les Sanpietrini constituent une confrérie de volontaires qui s’occupent de l’ordre à l’intérieur de la Basilique. Au nombre d’une centaine, ils sont engagés par la Fabrique de Saint-Pierre.

– L’Association des saints Pierre et Paul dont les 600 membres effectuent chaque semaine quelques heures de travail bénévole pour la surveillance dans la Basilique et quelques autres services au Vatican.

– Des étudiants, régulièrement engagés et rétribués par la Fabrique de Saint-Pierre pour assurer la surveillance, notamment à l’intérieur de la Basilique.

– Enfin, des fonctionnaires du Vatican sont de faction dans des postes de surveillance pour enregistrer les entrées et délivrer les cartes d’accès au Vatican.

Note: Des photos en lien avec ce reportage peuvent être commandées à l’Apic:

apic@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/bb)

4 mai 2010 | 09:03
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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