Moyen-Orient: Une Pâques gâchée par des restrictions inacceptables
Jusqu’à quand Israël dictera sa politique du fait accompli au monde?
Gaza, 1er avril 2010 (Apic) Grande est la frustration des habitants des Territoires Palestiniens occupés, des chrétiens mais aussi des musulmans, soumis en cette période de Pâques – comme c’est souvent le cas pendant les fêtes religieuses – à des limitations de déplacement renforcées et aux interdictions d’accès aux lieux sacrés en Terre Sainte imposées par Israël. Jusqu’à quand Israël dictera sa politique du fait accompli au monde?
«Près de 15.000 chrétiens des Territoires palestiniens souhaiteraient venir en cette période à Jérusalem, mais le gouvernement israélien n’a délivré que quelques centaines de laissez-passer», a indiqué à l’Agence Misna Yusef Daher, directeur du Centre interreligieux de Jérusalem, affligé par les nouvelles restrictions imposées par Tel-Aviv pendant la semaine, qui coïncide cette année avec la Pâques juive.
«Depuis le 15 mars – précise Daher, laïc de la communauté catholique grecque – les leaders des communautés orthodoxes arabes et d’autres groupes chrétiens négociaient avec les autorités israéliennes pour revendiquer la possibilité d’accéder aux lieux de culte, mais tout cela n’a servi à rien, personne ne nous a écoutés».
De nombreux fidèles chrétiens ne pourront donc pas participer aux moments importants de communion, mais les restrictions s’appliquent également à la communauté musulmane, qui doit se rendre en territoire israélien pour raisons professionnelles ou autres.
L’accès à la Mosquée Al-Aqsa, lieu saint de la communauté musulmane locale, a été lui aussi restreint. «Même les personnes munies de permis en règles auront des difficultés», explique depuis Genève Michel Nseir, chargé des questions du Proche-Orient près le Conseil œcuménique des Églises (Coe), joignant sa voix à tous ceux qui invoquent une liberté de mouvement pendant la période de Pâques.
Dimanche dernier, dimanche des rameaux, témoigne Nseir, l’organisation catholique Holy Lans Trust a convoqué une manifestation de chrétiens et musulmans, qui, défiant les forces de sécurité israéliennes, ont pu franchir sur une brève distance un barrage d’entrée à Jérusalem, prenant par surprise les soldats israéliens en nombre insuffisant pour arrêter le groupe composé d’une centaine de personnes. Les manifestants ont été peu après interceptés, obéissant aux injonctions des forces de l’ordre qui ont ensuite totalement fermé le poste de contrôle, procédant également à l’arrestation de plusieurs personnes.
«Les chrétiens demandent aux leaders de leurs religions respectives de ne pas se soumettre à la règle des «permis» imposée par les Israéliens car elle viole le droit international», continue Nseir. À Jérusalem, Yusef Daher lance un appel bien plus déterminé : «Les condamnations de la communauté internationale ne suffisent pas : il faut passer à l’acte. Le monde doit considérer le gouvernement israélien de la même manière que tout autre gouvernement, c’est-à-dire passible de poursuites judiciaires et de sanctions pour ses actions», dit-il encore à Misna.
Aux États-Unis, le Conseil national des Églises (Ncc) a officiellement sollicité le gouvernement israélien d’autoriser l’accès des chrétiens palestiniens aux lieux de culte pendant la Semaine Sainte. «J’espère que le gouvernement israélien reconnaîtra qu’il est inacceptable pour les chrétiens de se voir refuser le droit de prier à Jérusalem, notamment pour ceux dont les racines dans la région remontent à l’époque du Christ», a écrit le pasteur Michael Kinnamon, secrétaire général du Ncc, exigeant l’ouverture immédiate des points de passage depuis les Territoires palestiniens. Deux chefs religieux juifs, les rabbins Steve Gutow et David Saperstein, se sont joints à l’appel du Ncc. (apic/misna/pr)