Egypte : Le clergé copte soutient Gamal Moubarak, le fils du Raïs
Bataille autour de la succession du président Hosni Moubarak
Le Caire, 30 août 2009 (Apic) Le pape Chénouda III, la plus haute autorité de l’Eglise copte orthodoxe d’Egypte, et deux personnalités influentes de la minorité copte, ont apporté leur appui à Gamal Moubarak, fils du président Moubarak et candidat non encore déclaré à la succession de son père.
Rappelons que le chef de l’Eglise copte avait été assigné à résidence au monastère Saint-Bichoï, à Wadi al-Natroun (la «vallée du sel»), en plein désert, par le président Anouar El-Sadate en septembre 1981, quand ce dernier avait fait arrêter de nombreux opposants, dont des prêtres et des intellectuels. Le pape Chénouda avait été libéré par le président Moubarak en 1985.
Soutenir le NPD, faute de mieux
Les dirigeants coptes d’Egypte apportent leur soutien à Gamal Moubarak, fils du président Hosni Moubarak pour la succession à la tête du pays. Il est leur candidat préféré à la présidence de la République, rapporte l’agence Inter-press service (IPS). Au pouvoir depuis l’assassinat, en octobre 1981, du président Anouar El-Sadate, dont il était le vice-président, Moubarak père est vieillissant et sa succession est de plus en plus évoquée.
En 2011, après 30 ans au pouvoir, Hosni Moubarak devrait en effet cédera sa place, mais le départ du président pourrait se faire plus tôt. Bien que non encore déclaré candidat, son fils apparaît comme le principal favori à sa succession.
Gamal Moubarak dispose déjà d’un atout majeur pour succéder à son père. Depuis 2002, il dirige le Parti national démocratique (NPD) au pouvoir. En Egypte, celui qui contrôle ce parti contrôle aussi l’Etat. Car c’est cette puissante formation politique dominante dans la vie nationale qui fait et défait quasiment les présidents.
Dans une interview diffusée le 27 juillet 2009 sur une chaîne de télévision satellite arabe, rapportée par IPS, le pape Chénouda a déclaré que «la majorité des Egyptiens aime Gamal Moubarak. Cette majorité préfère le voir président plutôt que quelqu’un d’autre. (…) Le moment venu, la communauté copte, et moi-même, nous donnerons notre avis sur Gamal».
La semaine dernière, en marge d’une réunion entre le président Hosni Moubarak et le président américain Barack Obama à Washington, Mgr Anba Bichoï, secrétaire du Synode de l’Eglise copte, a également souligné que le public égyptien «aime Gamal Moubarak». «Il est à l’écoute des populations et visite les régions pauvres du pays», a-t-il fait remarquer dans l’édition du 20 août du quotidien indépendant «Al-Masri Al-Youm». «Gamal n’aime pas se promouvoir, mais il visite les personnes qui ont besoin d’être entendues, et les aide à soulager leurs souffrances». Il a la capacité pour conduire l’Egypte à l’avenir, a encore souligné le prélat.
Tout plutôt que les Frères musulmans
Pour sa part, le porte-parole de l’Eglise copte, Mgr Anba Morcos, a présenté Moubarak fils comme «le genre d’homme dont l’économie du pays a besoin». «Il est banquier d’affaires de profession, et son cercle d’affaires, ses associés, ses amitiés politiques ont mené le pays à la libéralisation des échanges et à l’intégration dans l’économie mondiale», a-t-il rappelé. Il a ajouté dans l’hebdomadaire copte, que «malgré l’opposition considérable du public, il a constamment fait pression pour la privatisation d’actifs publics et l’ouverture du pays aux investissements étrangers».
En revanche, Hafez Abu Saeda, secrétaire général de l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme (EOHR), a critiqué les déclarations du pape Chénouda III, qui, a-t-il dit, sont «politiquement anormales». «Il évite généralement les questions politiques controversées, ce n’est pas le lieu pour lui de prendre une telle position», a-t-il déclaré à l’agence IPS. Au non de l’EOHR, il a invité les institutions religieuses (chrétiennes et musulmanes), à «maintenir une distance sécuritaire vis-à-vis de la politique». Toutefois, il a admis que le soutien de l’Eglise à Gamal Moubarak «reflète en partie les craintes coptes de longue date face à un gouvernement islamiste». «La plupart des coptes égyptiens soutiennent le parti au pouvoir, par crainte d’une alternative islamiste qui les inquiète, car pouvant porter atteinte à leurs droits», a encore reconnu Abu Saeda.
Les Frères musulmans ne cachent pas leur hostilité envers les coptes
En fait, le parti des Frères musulmans, principale formation de l’opposition en Egypte, ne cache pas son hostilité envers les coptes. Le programme politique du parti, publié par l’hebdomadaire «Al Ahram» en ligne, en novembre 2007, interdit l’accès au pouvoir aux coptes et aux femmes. «Ils n’ont pas le droit d’occuper le poste de président de la République», a affirmé le parti.
Dans un éditorial intitulé «Le pape et l’héritage», l’écrivain copte Gamal Assaad a contesté les propos du pape Chénouda III. «Chénouda est le leader de la communauté copte égyptienne en matière spirituelle, mais non pas leur dirigeant politique», a-t-il dit, notant que l’opinion du pape sur Gamal est fondée sur des considérations personnelles. (apic/ibc/be)