Feu Mgr Paul Marcinkus dans le collimateur de la presse italienne

Rome: Le Vatican dénonce les accusations le visant dans l’affaire Emanuela Orlandi

Rome, 24 juin 2008 (Apic) Le Vatican a déclaré être «vivement attristé», le 24 juin 2008, par les accusations «infâmantes» de la presse italienne dans l’affaire de l’enlèvement et de la disparition d’Emanuela Orlandi, la fille d’un employé du Vatican, en 1983. Cette affaire rocambolesque, jamais élucidée, défraie régulièrement la chronique dans la Péninsule.

Pour le 25e anniversaire de la disparition de la jeune fille, la presse transalpine a diffusé un nouveau témoignage mettant en cause feu Mgr Paul Marcinkus, le célèbre «banquier du pape» au début du pontificat de Jean Paul II.

«Le tragique événement de la disparition de la jeune Emanuela Orlandi est revenu dans l’actualité du monde de l’information italienne», a regretté dans un communiqué le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Il déplore «la très ample divulgation par la presse, d’informations confidentielles, soumises à aucune vérification, provenant d’un témoignage extrêmement douteux». Il regrette que des «accusations infâmantes sans fondement ont été divulguées contre Mgr Marcinkus, mort depuis longtemps et dans l’impossibilité de se défendre».

Le Père Lombardi souligne que l’on ravive ainsi la profonde douleur de la famille Orlandi, «sans démontrer aucun respect, ni aucune humanité pour des personnes qui ont déjà tant souffert». Le jésuite italien se défend de vouloir en quelque manière que ce soit interférer avec les devoirs de la justice de vérifier avec justesse les faits et les responsabilités. «Mais dans le même temps, on ne peut pas ne pas être vivement attristé et exprimer sa désapprobation face à des moyens d’information plus débiteurs de sensationnalisme que de l’exigence du sérieux et de l’éthique professionnelle», a conclu le Père Lombardi.

L’affaire, jamais élucidée, de la disparition mystérieuse d’Emanuela Orlandi, le 22 juin 1983, a connu de nombreux rebondissements en 25 ans. Cette fille d’un employé de la Préfecture de la Maison pontificale a disparu à l’âge de 15 ans et n’a jamais été retrouvée. Ce qui pouvait ressembler à une fugue ou à un rapt est vite devenu l’un des faits-divers les plus populaires d’Italie, dans lequel des services secrets de différents pays et le Vatican furent impliqués de manière plus ou moins fantaisiste. Le Saint-Siège n’avait jamais réagi jusqu’à présent contre ces accusations.

Plusieurs journalistes et publicistes ont voulu faire un lien entre cette affaire et Mgr Paul Marcinkus, l’archevêque américain lié au scandale du crack de la Banque ambrosienne au début du règne de Jean Paul II, et mort en février 2006. Ali Agca, auteur de la tentative d’assassinat contre le pape polonais en 1981, a aussi accusé le Vatican d’avoir organisé l’enlèvement de la jeune fille. En décembre 1997, la justice italienne avait mis fin aux recherches concernant l’enlèvement de la jeune fille, estimant qu’aucun lien ne pouvait être établi entre cette disparition et l’attentat contre le pape.

Les paparazzi à l’oeuvre

Mais des versions plus ou moins extravagantes évoquent aussi un lien entre les deux affaires et une troisième, la mort, le 4 mai 1998, du commandant de la Garde suisse Aloïs Esterman, de sa femme et du caporal Cédric Tornay. Enfin, l’affaire est parfois liée à la plus importante organisation criminelle de Rome, «la banda della Magliana» (du nom d’un quartier populaire de la ville). Le dernier témoignage qui a conduit à la réaction du Vatican est celui de Sabrina Minardi, ex-épouse d’un célèbre footballeur italien et ancienne maîtresse d’un «boss» de l’organisation romaine.

Le 23 juin 2008, au lendemain du 25e anniversaire de la disparition d’Emanuela Orlandi, alors que les murs de Rome s’étaient couverts d’affiches pour rappeler sa mémoire, Sabrina Minardi a livré à la presse un témoignage confus dans lequel elle raconte avoir été témoin de la mort de la jeune fille, enlevée par son ex-amant sur l’ordre de Mgr Marcinkus. (apic/imedia/hy/be)

24 juin 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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