Rumeurs après sa visite sur la tombe de saint François d’Assise

Russie: L’ancien chef de l’Union Soviétique Gorbatchev nie s’être converti au christianisme

Moscou, 6 avril 2008 (Apic) Mikhaïl Gorbatchev a beau être un grand admirateur de saint François d’Assise, le fondateur de l’ordre des Franciscains et s’être rendu récemment sur sa tombe, l’ancien dirigeant communiste de l’Union Soviétique affirme avec force qu’il ne croit toujours pas en Dieu, et nie s’être converti au christianisme.

«J’étais et je reste un athée», a déclaré Gorbatchev à l’agence de presse russe Interfax la semaine dernière, citée par l’Agence ENI. «La religion est importante pour la société et c’est de plein gré que j’ai visité des Eglises, des synagogues et des mosquées au cours de mes voyages. Mais on ne peut pas dire de moi que je l’ai fait parce que je suis croyant.»

Le prêtre lithuanien Miroslavo Anuskevicius, qui travaille à Assise, a rapporté au quotidien italien «La Stampa» que Gorbatchev, accompagné de sa fille, Irina, avait passé une demi-heure agenouillé en prière sur la tombe de saint François au cours d’une visite du sanctuaire catholique le 19 mars, avant de faire le tour de la basilique.

«Pour moi, saint François est l’alter Christus, l’autre Christ. Son histoire me fascine et a joué un rôle fondamental dans ma vie», aurait dit l’ancien communiste qui a 77 ans. «C’est par saint François que je suis arrivé à l’Eglise, il était donc important que je vienne visiter sa tombe. Je suis très ému d’être ici en un lieu si important non seulement pour le catholicisme, mais pour toute l’humanité».

En simple touriste

Cependant, dans l’interview accordée à Interfax, Gorbatchev a nié être un chrétien pratiquant. «C’est en touriste et non pas en pèlerin que je me suis rendu sur cette tombe», a expliqué à l’agence l’ancien secrétaire du parti communiste soviétique.

Après être devenu le chef du parti communiste soviétique en 1985, Gorbatchev avait lancé une politique de réformes avec la glasnost (ouverture) et la perestroïka (restructuration). Il avait rouvert le dialogue avec l’Eglise orthodoxe russe en 1988 au bout de 70 années de régime communiste et c’est à lui qu’on avait attribué le rétablissement de la liberté religieuse avant qu’il ne démissionne en 1991 après l’échec d’un coup d’Etat à Moscou, orchestré par les partisans de la ligne dure du parti.

En octobre 2005, le patriarcat oecuménique orthodoxe avait fait de l’ancien dirigeant soviétique un «archon», c’est-à-dire un noble. Auparavant, il avait fait don d’une partie du prix Nobel de la paix qu’il avait reçu en 1990 pour construire une Eglise à Privolnaya, le lieu où il est né, près de Stavropol.

Bien que partisans officiellement d’un athéisme militant, plusieurs autres dirigeants du parti communiste soviétiques sont devenus des chrétiens pratiquants après l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991, comme Algirdas Brazauskas en Lithuanie et Edouard Shevardnadze en Géorgie. En avril 2007, l’ancien président Boris Yeltsin, un autre ancien communiste de haut rang, est devenu le premier chef d’Etat russe à être enterré selon le rite chrétien depuis le tsar Alexandre III en 1894.

Gorbatchev, qui a entretenu des relations amicales avec le pape Jean Paul II après une visite historique du Vatican en 1989, avait expliqué au correspondant d’ENI en 1997 que, selon lui, le pontife né en Pologne était «le plus à gauche de tous les dirigeants de la terre» étant donné sa réaction face à «la pauvreté, l’injustice et la misère humaine, même si elle est un don de Dieu».

Le président actuel de la Russie, Vladimir Poutine, un ancien collaborateur du KGB qui fait partie des services secrets de l’Union soviétique, a renforcé les liens entre le gouvernement et l’Eglise orthodoxe russe, et on dit souvent de lui qu’il s’est converti au christianisme. Alexis II, patriarche de Moscou et chef de l’Eglise orthodoxe russe, a toujours soutenu ouvertement Poutine et sa politique. (apic/eni/pr)

6 avril 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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