Le no 1 du Vatican durant les interrègnes
Rome: Benoît XVI nomme le cardinal Bertone camerlingue de la sainte Eglise romaine
Rome, 4 avril 2007 (Apic) Benoît XVI a nommé le cardinal secrétaire d’Etat du Saint-Siège Tarcisio Bertone, camerlingue de la sainte Eglise romaine, le 4 avril. Le cardinal espagnol Eduardo Martinez Somalo, qui assumait cette charge jusqu’alors, a en effet fêté ses 80 ans le 31 mars dernier.
Conformément aux dispositions de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par Jean Paul II le 22 février 1996, Benoît XVI a ainsi accepté la démission présentée par le cardinal Somalo, a précisé le Bureau de presse du Saint-Siège. Dans une lettre écrite à son attention, le pape l’a chaleureusement remercié pour «la diligence, la compétence et l’amour» avec lesquels il avait accompli cette tache ainsi que pour «la grande dignité et la solennelle sobriété» avec lesquelles il avait assumé le rôle de camerlingue lors de la mort de Jean-Paul II, durant la période du siège vacant et pendant les travaux du conclave précédant l’élection du pape, en avril 2005.
Le cardinal Eduardo Martinez Somalo avait été nommé camerlingue par Jean Paul II en 1993. En avril 2005, il a ainsi été responsable de la gestion de l’interrègne entre la mort de Jean Paul II et l’élection de son successeur. Sur volonté de Benoît XVI, la charge de camerlingue de la sainte Eglise romaine revient donc désormais au cardinal Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, âgé de 72 ans.
Les pleins pouvoirs après le décès du pape
Le mot camerlingue vient de l’italien ’camerlingo’ (camérier ou chambellan), soit celui qui est à la tête de la ’chambre apostolique’. Les prérogatives du camerlingue, désigné de son vivant par le pape, sont très anciennes. Ses fonctions avaient déjà été précisées dans la Constitution apostolique de 1945 Vacantis Apostolicae Sedis (sur la vacance du siège apostolique). Après la mort du pape et jusqu’à l’élection de son successeur, le camerlingue devient le personnage central du Vatican et de l’Eglise catholique. Il a quasiment les pleins pouvoirs. Quand le pape meurt, c’est lui qui en constate officiellement le décès, en présence du maître des célébrations liturgiques et du chancelier de la Maison pontificale.
C’est aussi lui qui annonce le décès du pape au cardinal vicaire de Rome, qui en informe le peuple de Rome par une déclaration spéciale, puis aux ambassadeurs auprès du Saint-Siège et aux nonces apostoliques en poste à l’étranger.
C’est également le camerlingue qui fait apposer les scellés sur les appartements privés du pape défunt (bureau et chambre), s’assure que le personnel qui y réside habituellement y demeure jusqu’à la sépulture. Après la sépulture, les scellés sont posés sur l’ensemble des appartements pontificaux. Le camerlingue prend officiellement possession du palais apostolique et prend les dispositions pour la conservation du corps du pape défunt.
Le préfet de la Maison pontificale remet au camerlingue l’anneau du pêcheur. Un cérémoniaire brise l’anneau du pape défunt dès la première réunion de cardinaux.
Pendant la vacance, le camerlingue est chargé de veiller à l’administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège, avec l’aide de trois cardinaux assistants, le premier des cardinaux-évêques, qui est en même temps le doyen du sacré collège, le premier des cardinaux-prêtres et le premier des cardinaux-diacres. Mais son rôle n’est pas seulement d’expédier les affaires courantes. C’est lui qui convoque les réunions de cardinaux appelées congrégations, ainsi que le conclave pour élire le nouveau pape.
Fermeture de portes du conclave
Le camerlingue procède personnellement à la vérification et à la fermeture du conclave, dont il détient une des clefs. Après la désignation du nouveau pape, c’est lui qui passe le nouvel anneau du pêcheur au doigt de l’élu, et le conduit à ses appartements dont il lui remet les clefs. Les fonctions du camerlingue s’achèvent à la prise de pouvoir du nouveau pape.
Le dernier secrétaire d’Etat du Saint-Siège à avoir reçu la charge de camerlingue est le cardinal français Jean-Marie Villot. Nommé à cette charge en 1970, il en assuma les responsabilités durant l’interrègne entre Paul VI (1963-1978) et Jean Paul Ier (1978) et entre Jean Paul Ier et Jean Paul II en 1978. Auparavant, un secrétaire d’Etat avait déjà été nommé à cette charge en la personne du cardinal Eugenio Pacelli, qui fut élu pape en 1939 sous le nom de Pie XII (1939-1958).
Actuellement, en cas de conclave, les deux personnages-clefs du Saint-Siège seraient l’ancien et l’actuel secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Angelo Sodano, en tant que doyen du collège cardinalice et le cardinal Tarcisio Bertone, en tant que camerlingue de la sainte Eglise romaine. (apic/imedia/ar/bb)