Fribourg: Succès du 21e Festival International de Films de Fribourg
Le Grand Prix «Le Regard d’Or» au film brésilien «A Casa de Alice»
Fribourg, 24 mars 2007 (Apic) Le Grand Prix «Le Regard d’Or» de la 21e édition du Festival International de Films de Fribourg (FIFF), qui se clôt dimanche 25 mars dans la Cité des Zaehringen, a été décerné au film «A Casa de Alice» (Sous le Toit d’Alice) du réalisateur brésilien Chico Teixeira.
Samedi, lors de la conférence presse présentant le palmarès du FIFF, les participants ont longuement applaudi Martial Knaebel, qui se retire après 15 ans de direction artistique du FIFF. Ils ont fait de même pour Jean-François Giovannini, président sortant du FIFF, qui, après 4 éditions, passe la main à l’ancienne conseillère d’Etat fribourgeoise Ruth Luthi. L’ancien directeur suppléant de la Coopération suisse au développement (DDC) a relevé que la succession est en de bonnes mains, d’autant plus que Mme Luthi est parfaitement bilingue.
Faire du FIFF un événement «véritablement national»
«Nous avons décidé de donner à Fribourg encore plus une dimension nationale, a souligné J.-F. Giovannini, car nous avons constaté que le FIFF était encore très francophone, axé sur la Suisse romande, et que sa notoriété ne dépassait pas tellement Berne. Or, le Festival est une chance extraordinaire pour toute la Suisse de découvrir le monde non pas avec nos yeux, mais avec les yeux de nos partenaires du Sud». Le FIFF a ainsi pris un certain nombre de mesures – notamment en engageant des responsables bilingues – pour se faire connaître en Suisse alémanique, «pour en faire un événement véritablement national».
Le président sortant a encore relevé l’excellence des films de cette cuvée, soulignant que Fribourg ne voulait pas un «festival politique», mais une rencontre entre cultures, «découvrir non pas la pauvreté, mais la richesse de nos partenaires, pour permettre à la Suisse de mieux connaître le monde». J.-F. Giovannini, après avoir remercié tous les sponsors et amis du Festival, sans lesquels le FIFF ne pourrait pas exister sous cette forme, a salué le rôle de Martial Knaebel, qui a donné au Festival son visage sympathique et ouvert au monde.
Avec une certaine émotion, le directeur artistique sortant a exprimé sa vision du FIFF: «Grâce au Festival, on ne considère plus les films du Sud comme des films du tiers-monde mais comme des films tout court», non pas des films commerciaux, mais des oeuvres d’art, des films produits par des artistes. «Même si on assiste à une commercialisation de la culture, il y a encore des gens qui sont capables de tourner des films en dehors de critères purement commerciaux, qui essayent souvent, avec de faibles moyens, d’exprimer des sentiments et des choses qui nous enrichissent», a-t-il souligné. Il s’est dit disposé à rester en contact avec le Festival s’il y avait besoin d’un coup de main.
Billetterie sur internet
L’édition 2007, qui a déjà attiré dans les salles quelque 21’000 spectateurs jusqu’à vendredi soir – dont un nombre record de 7’400 élèves qui ont visité les projections destinées aux écoles – devrait se situer au niveau de l’an passé. Le FIFF avait alors connu une affluence de quelque 26’000 spectateurs. Les chiffres finaux seront communiqués lundi 26 mars, a précisé Franziska Burkhardt, directrice administrative du FIFF. Pour la première fois, des billets ont été vendus par internet (5% du total), ce qui a permis à des passionnés de venir de Zurich, de Lausanne ou de Bâle en étant assurés de trouver des places. JB
Encadré
Palmarès du 21e FIFF
«Le Regard d’Or», d’un montant de 30’000 francs suisses (doté par l’Etat et la Ville de Fribourg), se pose sur l’intimité d’une famille brésilienne. Le Grand Prix du FIFF a été décerné par le Jury International, présidé par François Verster, au film «A Casa de Alice» pour «son intimité, sa complexité, sa finesse du jeu et son point de vue précis sur une histoire humaine universelle». Le Prix E-CHANGER du Jury des Jeunes est également accordé à ce film qui est la première oeuvre de fiction de Chico Teixeira.
La mention spéciale du Jury International est attribuée à «Sang Sattawat» (»Syndromes et un siècle», Thaïlande/France/Autriche) d’Apichatpong Weerasethakul «pour sa maîtrise du langage filmique et son expression profonde d’une sensibilité personnelle». Le Prix spécial du Jury revient à «Roma wa la n’touma» (»Rome plutôt que vous», Algérie/France/Allemagne). Le film réalisé par Tariq Teguia est récompensé pour «sa texture filmique riche, pour sa puissance émotive et ses effets audacieux et saisissants de bruit et d’image».
Le Jury International, dans la catégorie du Prix spécial, accorde une mention à «Jin tian de yu zen me yang?» (»Comment va ton poisson aujourd’hui?», Grande-Bretagne/Chine) de Guo Xiaolu «pour son sens de l’humour, sa poésie visuelle et sa juxtaposition innovatrice des couches narratives». Le Prix Oikocredit Suisse, décerné également par le Jury International, revient au film malaisien «L’Amour triomphe toujours» (»Love Conquers All», Malaisie) de Tan Chui Mui «pour son usage efficace de l’ambiguïté et de l’ironie dans la construction étonnante et subtilement elliptique du récit».
Une mention est attribuée au film «Malon Tisha’a Kochavim» (»Hôtel 9 étoiles», Israël) du réalisateur israélien Ido Haar. Le Jury International salue ainsi «sa description concrète et absorbante des travailleurs palestiniens qui vont gagner leur vie au risque de se faire arrêter». Le Prix du Public revient à «El Otro» (»L’Autre», Argentine) d’Ariel Rotter. «L’Autre pourrait être n’importe qui d’entre nous, ici et là-bas. Qui n’a jamais été tenté, l’espace d’un instant, d’échapper à sa réalité quotidienne ? C’est un film sobre, sans fioritures, avec peu de paroles et une musique quasi absente, mais riche en silences habités». «El Otro» reçoit également une mention du Jury FICC (Fédération internationale des ciné-clubs).
Film tunisien honoré par le Jury oecuménique
Le Jury du Public attribue une mention au film tunisien «Junun» (»Démences», Tunisie) parce que ce film «ne laisse personne indifférent. On adore ou on déteste. Il nous confronte à une réalité bipolaire, tantôt ombre, tantôt lumière, réalité trop souvent refoulée». Le Jury oecuménique décerne également une mention à «Junun» pour «sa radicalité formelle et sa puissance littéraire au service d’une critique sans concessions de la schizophrénie politique tunisienne».
Les Prix du Jury oecuménique et du Jury FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique, qui a pour but de promouvoir le jeune cinéma) ainsi que le Prix «Don Quijote» du Jury FICC reviennent au film «Le Cercle des noyés» (Belgique/France) de Pierre-Yves Vandeweerd. Ces trois jurys font l’éloge de la forme choisie par le cinéaste, à la fois sobre et artistique, pour ramener à la surface des souvenirs qui seraient autrement restés enfouis. Ce film témoigne du sort d’intellectuels mauritaniens qui ont été arrêtés et torturés à la fin des années 80. Une mention est attribuée par le Jury des Jeunes à «Ichijiku no kao» (»Visages d’un figuier», Japon) de la réalisatrice japonaise Kaori Momoi.
Notons encore que le panorama «Au-delà de la liberté : l’identité des réalisateurs sud-africains» a rencontré un grand intérêt de la part du public. «Images de la vie urbaine», le second panorama thématique de cette édition a également remporté un large succès public et médiatique, de même que la rétrospective «Taiwan: Histoires de petites gens». (apic/be)