Etats-Unis: Prochaine ouverture d’un musée «créationniste» dans l’Ohio
Dans le collimateur, la théorie de l’évolution
Cincinnati, 14 décembre 2006 (Apic) Situé à la frontière du Kentucky, près de Cincinnati, dans l’Etat américain de l’Ohio, le «Creation Museum» devrait voir le jour en mai prochain sur une surface de près de 5’000 m2. Ce musée «créationniste» prétend lutter contre le fait que les Etats-Unis soient «de plus en plus un pays ’anti-chrétien’ en retournant à une croyance en l’autorité de la Bible».
«L’endoctrinement» produit par la théorie de l’évolution a «miné les fondements chrétiens en Amérique», déplorent les initiateurs du projet «Answers in Genesis» – les réponses dans la Genèse. (Cf. www.answersingenesis.org/museum). Ils proclament que la Bible, dans son appréhension littérale, est l’autorité suprême dans toutes les matières de foi et de pratique y touchant. Ce musée, qui veut «cheminer à travers l’histoire», a pour but, selon ses promoteurs, d’offrir une «merveilleuse alternative aux musées d’histoire naturelle» qui orienteraient les esprits contre l’Evangile du Christ et l’autorité des Ecritures. Il veut réfuter les théories de Darwin dans un style plutôt «Disneyland».
Le créationnisme tire son origine du fondamentalisme chrétien et propose une compréhension des origines du monde selon une lecture rigoureusement littérale des textes de la Genèse. Le musée veut dénoncer la théorie scientifique généralement acceptée selon laquelle la terre et les formes de vie ont évolué pendant des milliards d’années. Pour ces courants religieux fondamentalistes, il s’agit de privilégier une interprétation exclusivement littérale des textes sacrés. Ce mouvement se trouve avant tout dans les Eglises issues des mouvements évangéliques, notamment au Sud des Etats-Unis, dans ce que l’on appelle la «ceinture biblique», la fameuse «Bible Belt».
Le coût de ce nouveau musée «créationniste», mis sur pied par groupe évangélique américain, pourrait atteindre les 100 millions de dollars, si l’on compte le travail volontaire qui y est effectué. Les promoteurs espèrent attirer des Européens, mais surtout des Américains, car selon certains sondages, ces derniers seraient près de 40% à croire que Dieu a créé l’homme sous la forme qu’il a actuellement, tout au plus il y a une dizaine de milliers d’années.
Battre en brèche Darwin dans un style plutôt «Disneyland»
Le «Creation Museum» affirme vouloir battre en brèche la théorie de l’évolution et est construit sur le modèle d’un parc à thèmes style «Walt Disney». Son but: promouvoir l’idée que Dieu a créé le monde en six jours, il y a tout juste 6’000 ans. Ceux qui y travaillent sont tenus d’adhérer à cette profession de foi. Ils sont également amenés à croire par exemple que les hommes vivaient en ce temps-là aux côtés des dinosaures, même s’il n’y pas de dinosaures dans la Bible.
Ce nouveau musée est fondé par un groupe dénommé «Réponses dans la Genèse», une organisation qui défend une interprétation littérale de la création du monde selon le récit biblique de la Genèse. Le musée proposera un parcours à travers l’histoire biblique grâce aux technologies multimédias, et expliquera au visiteur «la vérité sur l’histoire du monde», la création, la chute, le déluge, l’origine des races, le mariage.
L’établissement offrira aux visiteurs un voyage dans le temps, parmi les reconstitutions de l’arche de Noé et du jardin d’Eden. Les dinosaures grandeur nature y côtoieront les personnages bibliques. Le visiteur pourra cheminer à l’intérieur d’une cellule humaine géante. Une structure en double hélice d’ADN est censée prouver que les organismes vivants sont si complexes que seule une force intelligente (selon les adeptes de la théorie du «dessein intelligent» ou «intelligent design», qui pourrait être Dieu) a pu gouverner leur évolution.
L’argumentation des «créationnistes» vise moins à fournir une explication scientifique des origines qu’à discréditer les théories de l’évolution – un mouvement très en vogue dans certains Etats américains -, essentiellement en exploitant les limites de celles-ci. Ils affirment que la théorie de l’évolution n’est qu’une simple croyance parmi d’autres et que l’évolutionnisme est, en fin de compte, une religion sans aucun fondement.
Les experts en biologie évolutive et en géologie estiment de leur côté que les arguments des créationnistes modernes relèvent davantage de la pseudoscience et de la désinformation que d’un discours réellement rigoureux sur le plan scientifique, note l’organisme canadien «www.interbible.org». (apic/bbc/be)