L’abbé Raymond Gravel, un curé contestataire se lance en politique

Québec: Un prêtre catholique candidat aux élections au Parlement canadien

Montréal, 31 octobre 2006 (Apic) L’abbé Raymond Gravel, curé de la paroisse de Saint-Joachim-de-la-Plaine, au Québec, se présente comme candidat à l’élection complémentaire du 27 novembre au Parlement canadien. Le prêtre de 53 ans veut occuper le siège laissé libre par le député du Bloc québécois Benoît Sauvageau, décédé dans un accident de la route le 28 août dernier.

L’abbé Gravel, un prêtre contestataire, se présente dans la circonscription fédérale de Repentigny, dans Lanaudière. Il est connu au Québec pour avoir pris des positions très libérales et souvent opposées à la doctrine vaticane, notamment en ce qui concerne la liberté en matière d’orientation sexuelle et le mariage entre partenaires de même sexe.

Le 26 février dernier, avec 18 autres prêtres catholiques québécois, il avait signé une lettre ouverte dénonçant la position de l’Eglise catholique sur l’homosexualité. Les signataires affirmaient que «l’Eglise catholique ne détient pas la vérité sur l’être humain, et que la nature humaine évolue avec le temps».

Déjà en 1994, l’abbé Gravel avait exprimé son désaccord avec les arguments du pape Jean Paul II sur le sacerdoce des femmes et affirmait être favorable à l’ordination d’hommes et de femmes célibataires ou mariés. En 2003, il demandait que l’Eglise s’adapte en ce qui concerne les mariages «gays», tout en estimant que les évêques n’apportaient aucune solution au débat actuel et sur la reconnaissance sociale, juridique et religieuse des couples homosexuels. En décembre dernier, il a critiqué vertement le document romain excluant les homosexuels de l’accès à l’ordination sacerdotale.

Gilles Ferland, porte-parole du diocèse de Joliette, dont relève le prêtre dissident, a déclaré à l’agence de presse catholique américaine CNS que son évêque, Mgr Gilles Lussier a décidé d’autoriser la participation du Père Grave aux élections sur la base d’un texte du Synode mondial des évêques en 1971 à Rome. Bien qu’il relève que les prêtres n’ont pas une mission politique, il relève aussi qu’il y a certaines circonstances exceptionnelles qui pourraient permettre à un prêtre de militer dans un parti politique. Mais certains diocésains ont des doutes sur cette nouvelle «mission».

Ainsi Michel Bourgault, agent pastoral du diocèse de Joliette, se demande si l’abbé Gravel jouira de la même liberté de parole dans le parti du Bloc québécois que dans l’Eglise. «Dans certaines questions, devra-t-il épouser la ligne de parti ou bien se taire? Celui qui a maintes fois déclaré aimer sa vie de prêtre, pourra-t-il vraiment y faire avancer l’annonce du Royaume de Dieu, ce qui est la mission propre du prêtre?

Raymond Gravel a déclaré vouloir mettre en premier les enseignements de l’Eglise dans les décisions politiques qu’il devra prendre en tant que député du Bloc Québécois. «Je suis d’abord un prêtre et après un homme politique», a-t-il insisté. «J’ai choisi le seul parti politique dont la loyauté va d’abord aux Québécoises et aux Québécois. La politique est une façon différente de servir la population, je continuerai à être près des gens, à les rejoindre le plus possible», a souligné Raymond Gravel. Avant son investiture, il avait célébré sa dernière messe à l’église Saint-Joachim de la Plaine devant 150 paroissiens. (apic/cns/ag/be)

31 octobre 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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