Inquiétude face à la messe selon le rite de saint Pie V

France: 50e anniversaire de l’Institut supérieur de liturgie à Paris

Paris, 27 octobre 2006 (Apic) Jeudi 26 octobre s’est ouvert à Paris un colloque pour le 50e anniversaire de l’Institut supérieur de liturgie. L’événement a lieu sur fond de sentiments d’inquiétude, en France, face à la libéralisation de la messe en latin selon le rite de saint Pie V.

A huit jours de la session d’automne de la Conférence des évêques, cette rencontre prévue de longue date – où les inscriptions notamment épiscopales ont d’ailleurs subitement afflué – devient, involontairement et jusqu’à samedi, le théâtre des discussions liturgiques en cours, affirme le 27 octobre le quotidien catholique français «La Croix» dans un article signé Jean-Marie Guénois.

Jeudi à Rome, le président de la conférence des évêques français, le cardinal Jean-Pierre Ricard était reçu par Benoît XVI. L’archevêque de Bordeaux venait lui faire part des inquiétudes qui traversent les communautés de l’Hexagone de voir une exception se transformer en règle où tout prêtre aurait désormais le droit de célébrer la messe selon le rite dit de saint Pie V. Comme il est d’usage, rien n’a filtré de ce rendez-vous, sinon qu’il a été question de «la situation française». Le prélat a également affirmé à l’agence I.Media qu’il avait obtenu au Vatican des éclaircissements sur le projet de libéralisation de la messe selon le rite de Saint Pie V.

Ainsi, affirme La Croix, l’actualité liturgique dense et épineuse a donné un relief inattendu à un colloque ouvert jeudi 26 octobre après-midi à Paris. Son organisateur, le Père Patrick Prétot, directeur de l’Institut de liturgie, insiste en effet pour ne pas considérer «les rumeurs qui circulent comme des décisions». Ce qui est annoncé, explique-t-il, «ne correspond pas à une réforme», ni à «un retour de l’ancienne liturgie» car «il n’est aucunement envisagé d’effacer l’oeuvre de réforme liturgique accomplie à la suite de Vatican II».

Refus des livres liturgiques: une injure aux papes

Dans sa conférence introductive – littéralement ovationnée – le chancelier de l’Institut catholique de Paris en titre, l’archevêque André Vingt-Trois, a souligné que «les exagérations ou les maladresses qui ont accompagné la mise en oeuvre de la liturgie ne doivent pas dissimuler son enjeu». Mgr Vingt-Trois a ensuite affirmé: «Sous couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines de ses déclarations. Le refus des livres liturgiques régulièrement promulgués fut suivi de l’injure publique envers les papes et couronné par des faits de violence comme la prise de force d’une église paroissiale à Paris et une seconde tentative avortée de la part des mêmes auteurs.»

Avant d’être liturgique, la question est, pour lui, celle du «sens de l’unité ecclésiale dans la communion avec le Siège de Pierre». Elle pose «clairement la question de l’autorité d’un concile oecuménique et de ses déclarations votées par l’ensemble du collège épiscopal et promulguées par le premier des évêques, tête du collège». Pour l’archevêque de Paris, la liturgie «n’est pas un spectacle dont on pourrait critiquer à loisir le programme et la distribution et corriger les partitions. Elle est l’expression de la foi et de la communion de l’Église.»

L’ignorance, source d’abus liturgiques

Venu spécialement de Rome, le cardinal nigérien Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a placé la vocation de l’Institut supérieur de liturgie dans la lutte contre «l’ignorance», source à ses yeux des «abus liturgiques». Sans parler de la France, qu’il ne connaît pas suffisamment, le prélat a affirmé que ces abus ont conduit à «cette froideur, cet horizontalisme qui met l’homme au centre de l’action liturgique, et aussi parfois à ce maniérisme ouvertement égocentrique que nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir».

Rappelant l’importance de l’art de célébrer, il a fustigé des homélies qui seraient marquées par «des considérations d’ordre sociologique, psychologique, ou dans un style encore pire, politique». Il a surtout insisté sur le rôle central du prêtre: «Si on affaiblit le rôle du prêtre ou si on ne l’apprécie pas suffisamment, une communauté locale catholique peut dangereusement sombrer dans l’idée qu’il est possible d’envisager une communauté sans prêtre. Or une telle pensée n’est pas conforme avec la conception authentique de l’Église instituée par le Christ.» (apic/lacroix/bb)

27 October 2006 | 00:00
by webmaster@kath.ch
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