Le pape fait mémoire d’un homme engagé pour l’unité des chrétiens
Pays-Bas: Décès du cardinal Willebrands, pionnier de l’oecuménisme, à l’âge de 96 ans
Rome, 3 août 2006 (Apic) Le pape Benoît XVI a fait part de sa tristesse mercredi à l’annonce du décès du cardinal Johannes Willebrands, pionnier de l’oecuménisme, à l’âge de 96 ans. Le cardinal néerlandais était président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens à Rome.
Dans son message envoyé au cardinal Walter Kasper, actuel président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et au cardinal Adrianus Johannes Simonis, archevêque d’Utrecht, aux Pays-Bas, le pape fait part de sa peine et les assure de sa prière et de sa proximité spirituelle. Le cardinal Willebrands est né le 4 septembre 1909 à Bovenkarspel, dans le diocèse de Haarlem. Il a été fait cardinal par le pape Paul VI lors du consistoire du 28 avril 1969.
Benoît XVI dans son télégramme remercie le cardinal défunt «pour tout le travail accompli dans les relations oecuméniques, dont il fut un ardent promoteur depuis les débuts de son sacerdoce et de manière éminente au lendemain du Concile oecuménique Vatican II». Le pape relève encore que le cardinal Willebrands contribua à développer et à intensifier le dialogue entre toutes les Eglises et communautés ecclésiales.
Dans son adresse au cardinal Adrianus Johannes Simonis – le cardinal Willebrands fut son prédécesseur sur le siège d’Utrecht – le pape «rend grâce pour ce pasteur infatigable au service du peuple de Dieu et de l’unité de l’Eglise, qui fut appelé par mon prédécesseur Paul VI pour donner un nouvel élan au dialogue oecuménique».
Le cardinal Willebrands a dirigé de 1969 à 1989 le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, mais il fut auparavant secrétaire du SPUC, le Secrétariat du Vatican pour la promotion de l’unité des chrétiens créé en juin 1960 par le pape Jean XXIII. Il est décédé dans la nuit de mercredi au monastère franciscain de Denekamp aux Pays-Bas . Il a été l’un des plus ardents défenseurs du rapprochement avec les Eglises protestantes et orthodoxes au sein du Collège des cardinaux dont il était le doyen d’âge, et a oeuvré pour le rapprochement avec les juifs.
Pionnier de l’oecuménisme, le cardinal Willebrands s’engagea pour le rapprochement des Eglises dès les années 50. Il fonda ainsi en 1951 la «Conférence catholique pour les questions oecuméniques». A 96 ans, il était le plus vieux cardinal de l’Eglise catholique. Après sa mort, il y a désormais dans le monde 190 cardinaux, dont 120 ont moins de 80 ans, et ainsi pouvant participer à une éventuelle élection pontificale. Le plus vieux cardinal est actuellement l’Autrichien Alfons Maria Stickler, qui a 95 ans. JB
Encadré
L’oecuménisme, un fruit du Concile Vatican II
Notons que l’origine du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens que présida le cardinal Willebrands est étroitement liée au Concile Vatican II. Le pape Jean XXIII désirait que l’engagement de l’Eglise catholique dans le mouvement oecuménique contemporain soit l’un des buts principaux du Concile. C’est pourquoi, le 5 juin 1960, il a créé un Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens comme l’une des commissions préparatoires au Concile et a nommé comme premier président le cardinal Augustin Bea. C’est la première fois que le Saint-Siège mettait en place une structure consacrée uniquement aux questions oecuméniques.
Le Secrétariat a préparé et présenté au Concile les documents sur l’oecuménisme (Unitatis redintegratio), les religions non chrétiennes (Nostra ætate), la liberté religieuse (Dignitatis humanæ) et, en lien avec la Commission doctrinale, la Constitution dogmatique sur la «Révélation divine» (Dei Verbum).
En 1966, le Concile étant achevé, le pape Paul VI a confirmé le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens comme organe permanent du Saint-Siège. Le cardinal Bea l’a présidé jusqu’à sa mort en 1968. En 1969, le cardinal Johannes Willebrands fut désigné pour lui succéder. Vingt ans plus tard il se retirait et en devenait président émérite. C’est par la Constitution apostolique Pastor Bonus du 28 juin 1988 que le pape Jean Paul II a transformé le Secrétariat en Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC), changement devenu effectif le 1er mars 1989.
Le Conseil pontifical s’efforce notamment de développer le dialogue et la collaboration avec les autres Eglises et communions mondiales. Aussi, dès sa création, il a établi une cordiale coopération avec le Conseil oecuménique des Eglises (COE) dont le siège est à Genève. Depuis 1968, douze théologiens catholiques sont membres à part entière de la Commission «Foi et Constitution», département théologique du COE. (apic/vat/cic/be)