Jésus et Marie représentés comme des noirs

Etats-Unis: Une Bible centrée sur l’Afrique suscite la controverse

Cincinnati, 16 juin 2005 (Apic) Ecoulée à un demi million d’exemplaires, la «Original African Heritage Study Bible» devenue très populaire parmi les fidèles noirs, suscite la controverse aux Etats-Unis. Certaines illustrations, entre autres Jésus et Marie ayant la peau noire et les cheveux frisés, ne sont pas du goût de nombreux biblistes.

Même si le texte est celui de la Kings James Version, cette Bible diffère des versions traditionnelles car elle souligne et annote les passages qui se réfèrent à l’Afrique ou aux Africains, note l’agence d’information oecuménique ENI. «Nous revendiquons simplement notre place dans la Bible», a expliqué le rédacteur, le pasteur Cain Hope Felder, un spécialiste du Nouveau Testament à l’Institut de théologie de l’Université Howard, à Washington, DC.

La Bible comprend des cartes montrant la proximité d’Israël avec l’Afrique et des portraits de personnages bibliques – entre autres Jésus et Marie – ayant la peau noire et aux cheveux frisés. «Je veux célébrer le fait que cet ouvrage est écrit pour la communauté noire», a souligné Cain Felder à la correspondante d’ENI. «Nous ne voulons pas attaquer les blancs, mais nous voulons clairement affirmer aux noirs ’vous n’avez pas été pensés après coup par Dieu’.» La Bible montre une Afrique comprenant l’Egypte et ce qui est aujourd’hui Israël et les Etats arabes. Selon cet ouvrage, de nombreux personnages bibliques sont noirs – entre autres la femme de Moïse, Cippora, et Hagar, l’esclave égyptienne qui a porté le premier enfant d’Abraham, Ismaël. «Les Européens ont blanchi la Bible, allant même jusqu’à enlever la Terre Sainte de la terre d’Afrique», a affirmé Cain Felder.

Des conclusions extrêmes sapent la crédibilité de l’ouvrage

Toutefois, cette nouvelle Bible n’est pas du goût de nombreux spécialistes, relève ENI. «L’histoire de l’interprétation nous conseille d’éviter les préjugés, les nôtres et ceux des autres, lorsque nous interprétons l’histoire», écrit le professeur Edwin Yamauchi, de l’Université de Miami, dans un récent livre Africa and the Bible (L’Afrique et la Bible). Selon le professeur Yamauchi, il «existe clairement des préjugés racistes eurocentriques dans certaines interprétations qui portent aux nues les blancs et dénigrent les noirs», et les interprétations afrocentriques reflètent «certaines inquiétudes légitimes». Mais «en poussant leur thèse à des conclusions extrêmes, les experts afrocentriques sapent leur crédibilité en affirmant que tous sans exception sont noirs et en soutenant la revendication des noirs pour toute réalisation culturelle et intellectuelle imaginable.»

Pourtant cette nouvelle Bible est devenue très populaire, a expliqué Cain Felder, en particulier parmi les détenus africains américains. «Nous avons reçu un nombre incroyable de lettres de prisonniers expliquant comment la Bible a changé leur vie.» (apic/eni/bb)

16 juin 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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