Il veut insuffler une nouvelle vie dans la ville sainte
Bethléem: Le nouveau maire chrétien élu grâce aux voix islamistes
Bethléem, 9 juin 2005 (Apic) Victor Batarseh, le nouveau maire chrétien de Bethléem, élu avec le soutien du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), espère se servir de sa position pour dynamiser la communauté chrétienne qui ne cesse de diminuer dans la ville où est né Jésus.
Le conseil issu des élections municipales du 5 mai a élu Victor Batarseh, 70 ans, pour succéder au maire sortant Hanna Nasser, un catholique de rite latin. Le FPLP, parti laïc membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ne dispose que de trois conseillers municipaux sur les 15 que compte le conseil. Mais M. Batarseh a obtenu les voix des cinq élus du Hamas qui l’ont soutenu face à Toni Salmane, candidat du mouvement Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
«Nous voudrions que la communauté chrétienne grandisse à Bethléem, et non qu’elle diminue», a affirmé le maire Victor Batarseh, un chirurgien de 70 ans, qui a pris ses fonctions il y deux semaines, à la correspondante de l’agence de presse oecuménique ENI, basée à Genève. Victor Batarseh a été élu avec le soutien des déçus du Fatah, mouvement qui a dominé la politique de Bethléem pendant des décennies. Le nouveau maire représente le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation radicale d’obédience marxiste. Le FPLP est accusé d’avoir organisé l’assassinat du ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi, sympathisant de l’extrême- droite, au début du soulèvement palestinien.
Forte émigration chrétienne
Victor Batarseh, un catholique romain pratiquant, espère insuffler une nouvelle vie à Bethléem, où la communauté chrétienne, majoritaire il y a un siècle, représente aujourd’hui moins de 40% de la population aujourd’hui. Au cours des dernières décennies, un grand nombre de chrétiens ont quitté Bethléem, ville de quelque 60’000 habitants, dans l’espoir de trouver une vie plus prospère à l’étranger et d’échapper à la violence du conflit entre Israéliens et Palestiniens.
Le nouveau maire était l’un d’entre eux, mais après un séjour de plusieurs années aux Etats-Unis, il a estimé qu’il était de son devoir de revenir dans sa ville natale déchirée par le conflit et isolée depuis le début du soulèvement palestinien en septembre 2000. Ses projets concernant la ville sont modestes: il voudrait améliorer l’éclairage des rues, le ramassage des poubelles, et construire des parcs et une bibliothèque.
«Bethléem est une ville sainte. Elle est connue au niveau international et doit donc être une ville propre», a-t-il expliqué. Pour réaliser ce projet, il doit d’abord trouver assez d’argent pour couvrir les dépenses d’une municipalité au bord de la faillite. Il espère obtenir des fonds de l’Autorité palestinienne et aussi améliorer le système de perception des impôts locaux.
Bethléem, un foyer de militants islamistes ?
Le nouveau maire fait remarquer que les délégués du Hamas «m’appréciaient simplement plus que l’autre candidat». Selon le statut de la ville, le maire et le maire adjoint de Bethléem sont tous deux chrétiens. Les résultats de l’élection municipale du mois dernier font craindre que la ville ne devienne un foyer de militants islamistes. La composition mixte sur le plan religieux du Conseil a été respectée avec sept musulmans et huit chrétiens. Mais six des sept délégués musulmans élus sont membres de groupes militants islamistes.
Mais en dépit du pouvoir retrouvé du Hamas, le nouveau maire souligne que les chrétiens de Bethléem n’ont rien à craindre. «Le Hamas n’agira pas contre les intérêts de la communauté chrétienne à Bethléem, il ne fera rien pour changer le caractère chrétien de la ville», a-t-il affirmé. (apic/eni/be)