Les cloches en plus de la fumée blanche
Rome: Les lieux du conclave, de la maison Sainte-Marthe à la loggia centrale de la basilique
Rome, 7 avril 2005 (Apic) Selon la Constitution apostolique Universi dominici gregis rédigée par Jean Paul II 22 février 1996, «le conclave pour l’élection du souverain pontife se déroulera à l’intérieur du territoire de la Cité du Vatican, dans des secteurs et des édifices déterminés, fermés aux personnes étrangères». Ceci «de telle manière que soient assurés une installation et un séjour convenables pour les cardinaux électeurs et ceux qui sont légitimement appelés à collaborer au déroulement régulier de l’élection elle-même».
Conformément à la Constitution apostolique Universi dominici gregis, «au moment fixé pour le commencement des actes de l’élection du pape, tous les cardinaux électeurs devront avoir reçu l’attribution d’un logement convenable, et s’y être installés, dans l’édifice appelé ’Domus Sanctae Marthae’, récemment construit dans la Cité du Vatican».
Selon cette même constitution, si pour des raisons de santé certains cardinaux électeurs doivent avoir près d’eux, même pendant l’élection, un infirmier, on devra assurer à ce dernier un logement adapté.
Dès l’annonce de la mort de Jean Paul II, tous les pensionnaires ordinaires de la maison Sainte Marthe ont commencé à chercher où se loger ailleurs, dans Rome.
La maison Sainte Marthe a été construite entre 1993 et 1996 à la demande de Jean Paul II, derrière la grande salle Paul VI qui sert généralement pour les audiences générales. C’est dans ce vaste bâtiment de couleur jaune clair, à cinq étages que les cardinaux électeurs peuvent être logés dès leur arrivée à Rome. Malgré tout, ceux qui vivent à Rome et ceux qui le souhaitent, peuvent ne rejoindre la Maison Sainte-Marthe qu’au moment de l’ouverture du conclave.
Les cardinaux y disposent d’une chambre individuelle avec une salle de bain personnelle. La plupart ont aussi à disposition une pièce supplémentaire, pouvant servir de bureau. A chaque étage, une petite chapelle leur permet de célébrer la messe ou de s’y recueillir. Enfin, les repas sont servis dans une grande salle à manger située au rez-de-chaussée.
La Chapelle Pauline
Selon la Constitution apostolique de Jean-Paul II, «de la chapelle Pauline du Palais apostolique où ils seront réunis à une heure appropriée de l’après-midi, les cardinaux électeurs, en soutane et surplis se rendront en procession solennelle à la chapelle Sixtine du Palais apostolique, lieu du déroulement de l’élection, en invoquant l’assistance de l’Esprit Saint par le chant du Veni Creator».
C’est Alexandre Farnèse qui fit édifier la chapelle Pauline, appelée du nom du pape Paul III (1534-1549). Lieu de prière des employés du Vatican, elle n’est pas ouverte au public.
Vers 1541, alors qu’il vient d’achever le Jugement dernier, Michel- Ange reçoit une nouvelle commande pour la décoration de la chapelle privée de Paul III, la chapelle Pauline du Vatican. Les fresques qu’il y réalise apparaissent comme un approfondissement du Jugement dernier de la chapelle Sixtine.
Les deux fresques de Michel-Ange sont le plus bel ornement de la chapelle Pauline : à droite, La Crucifixion de saint Pierre ; à gauche, La Vision de saint Paul terrassé sur le chemin de Damas. C’est de cette chapelle que part la procession des cardinaux qui entrent en conclave dans la chapelle Sixtine, en traversant la salle Royale qui les relie. Au fond de la Pauline, un ascenseur dérobé permet de descendre directement dans la basilique Saint-Pierre.
La Chapelle Sixtine
C’est Sixte IV, élu en 1471, qui édifia la célèbre Chapelle Sixtine. Elle fut popularisée par les conclaves qui s’y tiennent devant le fameux Jugement dernier de Michel-Ange.
Le 15 août 1483, Sixte IV consacra la nouvelle chapelle et la dédia à Notre-Dame de l’Assomption. Puis son neveu, Jules II della Rovere (pape de 1503 à 1513), décida de modifier en partie la décoration. En 1508, il confia les travaux à Michel-Ange qui exécuta la voûte et les lunettes en haut des murs. Les travaux furent terminés en octobre 1512 et Jules II inaugura la Chapelle Sixtine le jour de la Toussaint (le 1er novembre) par une messe solennelle.
Vers la fin de l’année 1533, Clément VII de Médicis (pape de 1523 à 1534) demanda à Michel-Ange de modifier ultérieurement la décoration de la Chapelle Sixtine en peignant le Jugement Dernier sur le mur du fond de l’autel.
Le 8 avril 1994, au cours d’une messe dite à l’occasion de l’inauguration de la restauration des fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine, Jean Paul II avait souligné l’importance de cette Chapelle dans la vie de l’Eglise. «La Chapelle Sixtine est pour chaque Pape, le lieu qui garde la mémoire d’un jour particulier de sa vie», avait- il déclaré. «C’est précisément ici, dans ce lieu sacré, que les cardinaux se recueillent en attendant la manifestation de la volonté du Christ quant à la personne appelée à être le successeur de saint Pierre». «C’est ici que par esprit d’obéissance au Christ et en me confiant à sa Mère, j’ai accepté l’élection du conclave, en déclarant (.) ma disponibilité à servir l’Eglise», avait-t-il alors conclu.
La cheminée
A l’arrière de la Chapelle Sixtine, un petit poêle d’acier est installé spécialement pour le conclave. Son long tuyau grimpe le long d’un mur latéral, à l’arrière de la chapelle Sixtine, et débouche sur les toits donnant Place Saint-Pierre.
La fumée est le dernier vestige d’un droit très ancien qui est la participation du peuple de Rome à l’élection de son évêque. Elle est de couleur noire lorsque le pape n’a pas encore été élu. Quant à la fumée blanche, elle signifie l’élection du nouveau souverain pontife. Avant le conclave qui a élu Jean Paul II, la fumée noire était produite en faisant brûler de la paille mouillée, tandis que pour la blanche, on utilisait de la paille sèche. Pour l’élection de Jean Paul II au contraire, la fumée avait été produite à base de substance chimique. Ce sont peut-être ces petits cubes chimiques agglomérés de ficelle de poix et de paille qui resserviront pour le prochain conclave qui s’ouvrira le 18 avril prochain.
Cette année, pour l’élection du successeur de Jean Paul II, le Vatican a annoncé qu’en plus de la fumée blanche, les cloches sonneraient.
La Chambre des larmes
Lorsque dans la chapelle Sixtine, le conclave des cardinaux a achevé les délibérations de l’élection, le nouveau pape se rend dans cette modeste pièce, appelée «Chambre des larmes» pour choisir son habit. Il y trouve trois soutanes blanches, de taille différente, et se fait couvrir d’une étole antique et prestigieuse aux effigies des apôtres Pierre et Paul et que le pape ne porte qu’en cette circonstance. D’origine incertaine, le nom de la pièce évoque la gravité du moment, alors que joie et tristesse se confondent.
La Loggia centrale, balcon de la basilique vaticane
Précédé par des panaches de fumée blanche et au cri de «Habemus papam ! Nous avons un pape», le nouveau pape se présente au balcon de la basilique Saint-Pierre pour saluer la foule. Situé au-dessus du grand portail de la basilique Saint-Pierre, la loggia fait partie intégrante de la façade de l’architecte Carlo Maderno (XVIIe) qui s’inspira du dessin d’une façade de Michel-Ange pour construire cette façade. Composée de quatre pilastres encadrant les huit colonnes centrales, elle fut construite à partir de 1607 et achevée le jour du dimanche des Rameaux de l’année 1614. (apic/imedia/ms/pr)