Célèbre pour son rôle aux côtés d’Edmond Dantès

Inde: Anniversaire oublié: il y a 249 ans naissait à Goa l’abbé Faria

Goa, 14 juillet 2004 (Apic) Il y a 249 ans naissait José Custodio de Faria, dans l’Etat de Goa en Inde. L’anniversaire est passé inaperçu ou presque. Pourtant, l’homme, où ce qu’il a inspiré, a fait le tour des bibliothèques mondiales – pour ne pas dire des écrans – et retardé le sommeil de plus d’un enfant ou adolescent. Par le rôle que lui a fait tenir Alexandre Dumas dans son roman «Le Comte de Monte-Christo», aux côtés d’Edmond Dantès dans la forteresse du château d’If.

Le 31 mai dernier a en effet été célébré en toute discrétion et en petit comité à Panaji, capitale de l’Etat de Goa, le 249e anniversaire de la naissance de Jose Custodio de Faria, plus connu en Occident sous le nom de l’abbé Faria. Sa première célébrité lui est venue à Goa et ensuite en France de son extraordinaire réputation de magnétiseur. Mais il doit surtout son renom en Europe au rôle que lui a fait tenir Alexandre Dumas dans son roman Le Comte de Monte-Cristo.

Les quelque quarante personnes qui ont participé à cet anniversaire se sont appliquées à mettre au point un programme visant à convertir en musée la maison ancestrale de l’abbé Faria qui se trouve dans le village côtier de Candolim à 12 Km de Panaji. Le mouvement qui s’efforce ainsi de faire revivre le souvenir de l’abbé est animé par un membre de l’Assemblée législative de l’Etat, Matanhy Saldanha. Selon lui, l’abbé Faria, malgré son renom aujourd’hui international, a été oublié par son propre peuple.

Sa «réhabilitation» à Goa commence toutefois à prendre forme. Déjà le ministre-président de l’Etat a donné son accord de principe pour le musée et le ministre de la Culture, présent à la réunion, a annoncé l’intention de l’Etat de faire publier une biographie et certains livres le concernant.

De Goa à Paris, en passant par If

Les traces du souvenir de ce personnage sont rares dans l’Etat de Goa. Depuis 1945, sa statue se trouve dans une rue importante de Panaji. Il est représenté en train d’hypnotiser une Indienne. Mais peu de passants le reconnaissent, certains le prennent même pour un démon. On peut signaler cependant qu’un ouvrage intitulé: «La communauté chrétienne de Goa», paru le 4 juin 2002, écrit en langue marathi par un écrivain hindou, Manohar Hirba Sardessai, consacre un certain nombre de passages à ce prêtre atypique.

L’abbé Faria, d’origine portugaise, naît et passe sa jeunesse à Goa. Après son sacerdoce, il obtient un doctorat en théologie à Rome. On le trouve à Paris en 1788. Il aurait joué un rôle actif dans certains épisodes de la Révolution française. Sous l’Empire, il devient professeur de philosophie à Marseille. En 1812, la police de l’Empire l’arrête en tant que partisan de Babeuf et l’interne pendant quelques mois au Château d’If.

Le mérite de Faria

A sa libération, il ouvre, en 1813, un cabinet de magnétiseur à Paris. Il attire très vite une importante clientèle sur laquelle il pratique l’hypnose, selon des méthodes qu’il décrit dans son ouvrage: «De la cause du sommeil lucide ou Etude de la nature de l’homme», dont seul le premier tome paraît en 1819. Dénigré de son vivant par la médecine officielle, ses mérites seront reconnus plus tard par de grands spécialistes comme Pierre Janet ou encore Bernheim qui écrit de lui: «Faria a incontestablement eu le mérite d’avoir le premier établi la doctrine de la méthode de l’hypnose par la suggestion et de l’avoir nettement dégagée des pratiques singulières et inutiles qui cachaient la vérité».

Le conte du Comte

Les quelques mois d’internement de l’abbé Faria au Château d’If ont inspiré Alexandre Dumas qui en a fait un personnage de son roman «Le Comte de Monte Cristo». Enfermé au Château d’If et voulant s’évader, il a creusé un tunnel qui débouche dans la cellule d’Edmond Dantès, enfermé dans la même forteresse.

L’abbé Faria est dépeint comme un érudit plein de sagesse. Il se prend de sympathie pour Dantès, entreprend son éducation, lui dévoile de mystérieux secrets. Les deux prisonniers décident de préparer ensemble leur évasion. Mais le vieux prêtre meurt après avoir légué son trésor à Dantès. Ce dernier prend la place du prêtre dans le linceul qui est jeté à la mer et parvient ainsi à s’enfuir.

Le véritable abbé Jose Custodio de Faria a fini sa vie comme aumônier d’un pensionnat. Il serait mort d’une attaque d’apoplexie, dans la misère, en 1819. Il est enterré au cimetière de Montmartre. (apic/eni/pr)

14 juillet 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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