1.1 Un morceau de Vietnam en terre fribourgeoise
A la découverte des lieux de prière et de ressourcement en Suisse romande (XXV)
Lourdes, Paray-le-Monial, Einsiedeln ou Taizé sont connus de chacun. Il est d’autres lieux, en Suisse romande, où les chercheurs de sens peuvent vivre des jours de silence, de paix et de contemplation. Nous allons aujourd’hui à la rencontre de la communauté des moines cisterciens vietnamiens à Orsonnens, dans le district fribourgeois de la Glâne. C’est ici que s’achève la série de reportages réalisée par notre collaborateur Paul Jubin.
Chaque pays a son histoire particulière. Le Vietnam a connu des événements historiques tragiques qui l’ont marqué profondément. Les Suisses se souviennent bien de cette guerre sanglante, notamment illustrée dans notre pays par l’arrivée des «boat people».
Vivant profondément leur foi, les moines cisterciens vietnamiens en Suisse ont découvert, à travers «les signes des temps», combien la volonté divine peut être parfois déconcertante. En 1979, ils cherchaient patiemment un lieu où s’établir. La Providence divine les guida dans la campagne fribourgeoise. Le pensionnat des Soeurs Ursulines d’Orsonnens, où les jeunes filles de Suisse allemande apprenaient le français et l’art ménager, devenait libre après sa fermeture en 1977. Grâce à la bonté de ces religieuses, les moines de la Congrégation cistercienne de la «Sainte Famille», du Vietnam, purent s’y établir. La communauté y fut favorablement accueillie par la population et par les autorités.
Les moines fondèrent ainsi à Orsonnens, le 15 août 1979, le Monastère Notre- Dame de Fatima. Ils y vivent au quotidien leur vie monastique qui est de chercher Dieu, en vivant le mieux possible les deux mots célèbres : ORA et LABORA. Leur existence est donc entièrement tissée de prière contemplative et de travail.
Les cisterciens d’Orsonnens célèbrent tous leurs offices en langue vietnamienne, à l’exception de l’office de sexte, chanté en latin. La musique de leurs chants a été composée par des confrères vietnamiens. «Vous savez, confie le Père Jean-Baptiste, notre âme reste vietnamienne !» Les hôtes et les autres fidèles sont les bienvenus à la chapelle pour toutes ces célébrations.
Au coeur du village d’Orsonnens, le monastère est devenu un lieu de rencontres spirituelles et culturelles pour les Vietnamiens de Suisse et d’Europe. Pour les accueillir, le monastère offre jusqu’à 50 lits. Beaucoup s’inscrivent pour une retraite, mais Orsonnens attire aussi nombre de Romands non vietnamiens. Par groupes, ceux-ci et ceux-là viennent volontiers y partager le silence et la prière des moines. On y rencontre même des pèlerins, en route vers Compostelle, qui aiment à s’y arrêter.
Pour assurer leur existence, les cisterciens d’Orsonnens, non seulement conjuguent dans l’esprit fraternel travail et prière contemplative, mais ils s’adonnent également à diverses activités. Ils produisent du soja pour composer le tofu vietnamien et les rouleaux de printemps. Ils impriment, surtout en vietnamien, des brochures et des ouvrages (qu’ils peuvent relier eux-mêmes), pour satisfaire les demandes individuelles et collectives. Des dons s’ajoutent à ces modestes ressources.
Les moines vietnamiens d’Orsonnens ont en commun avec tous leurs compatriotes catholiques au Vietnam, le passé d’une évangélisation qui se traduit par 117 martyrs canonisés et une intense vie spirituelle. Pour l’heure, ils vivent en symbiose avec la société et en harmonie avec l’Eglise d’ici. Ils nourrissent l’espoir de croître sans cesse dans l’amour de Dieu et du prochain, en quoi se résument leur religion et leur idéal. Paul Jubin
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