Israël: Des Israéliens veulent la fin des discriminations sur les passeports
Pour une mention «israélien» plutôt que «juif». ou «arabe»
Tel-Aviv, 29 décembre 2003 (Apic) Un groupe d’intellectuels israéliens laïcs de différentes origines ont déposé un recours devant la Cour suprême pour que la mention «israélien» soit inscrite sur leurs papiers d’identité au lieu de «juif», «arabe», «russe» ou autre.
Les trente-huit pétitionnaires, dont le linguiste Uzi Ornan, l’auteur dramatique israélien de renommée internationale Yehoshua Sobol et l’ancien député de gauche Uri Avnery, ont annoncé dimanche qu’ils avaient déposé un recours pour être reconnus comme membres du «peuple israélien» et qu’ils refusaient toute autre mention d’appartenance à un groupe national.
La carte d’identité israélienne porte obligatoirement la mention du «groupe national». Les discriminations ne s’arrêtent pas là. Impossible par exemple, pour un Palestinien citoyen d’Israël, de trouver un «job high tech» dans l’électronique: «Raison de sécurité». Il sera d’emblée suspecté de manquer de loyauté à l’égard de l’Etat. Même les druzes servant dans l’armée sont écartés des industries du complexe militaro-industriel. La Compagnie d’électricité gouvernementale ne compte que 5 Arabes parmi ses 13’000 collaborateurs, affirmait il y a quelques années à l’Apic Ja’far Farah, journaliste arabe d’Haïfa et directeur du Lobby pour l’égalité des Arabes israéliens à la Knesseth. Qui interpellait la Knesseth à ce propos: «La Compagnie d’électricité a engagé ces dernières années plus d’un millier de nouveaux immigrants juifs, même s’ils ne maîtrisent pas tous l’hébreu; bien qu’il y ait des Arabes israéliens plus compétents, elle préfère engager des immigrants juifs».
Ces discriminations existent aussi dans le secteur privé. «Même pour travailler dans un restaurant, les offres d’emploi spécifient l’accomplissement du service militaire, uniquement pour écarter les non- Juifs». Les discriminations pour les logements sont également très nettes. Des quartiers et des villes sont réservés aux juifs, poursuit le journaliste arabe d’Haïfa. Il a lui-même été victime d’attitudes racistes. Des pubs exigent la présentation de la carte d’identité: comme elle spécifie «arabe», pas question d’entrer! Même s’il travaille pour une télévision israélienne, les autorités lui réservent un traitement différent dans l’exercice de son métier: «Ma vie serait bien plus facile si j’étais juif…»
Spoliation
Avant 1948, la communauté juive en Palestine ne possédait que 6 à 7% des terres, tandis qu’aujourd’hui, 93% des terres sont sous le contrôle direct de l’Etat israélien. La prise de contrôle de ces terres s’est faite par le biais de législations d’exception organisant la confiscation des biens arabes, notamment «The Absentees’ Property Law» prévoyant de confier les biens des «absents» (terres, comptes en banque, biens immobiliers) à un Conservateur de la propriété des absents. Les réfugiés palestiniens ont été déclarés «absents», même ceux qui avaient été déplacés de quelques kilomètres en zone juive.
Les «absents» citoyens israéliens peuvent toujours tenter de recouvrer leurs biens… il y a longtemps qu’ils ont été distribués aux nouveaux immigrants juifs. Selon des sources israéliennes citées par l’historien israélien Simha Flapan (Cf. Le Monde Diplomatique, décembre 1997), en 1952, Israël s’était déjà emparé de 73’000 pièces d’habitation dans des maisons abandonnées, 7’800 boutiques, ateliers et entrepôts, de 5 millions de livres palestiniennes sur des comptes en banque et de 300’000 hectares de terres. (apic/ag/be/pr)