Fribourg: Médailles «Bene Merenti» pontificales limitées à 20 par année dans le diocèse

L’évêché frappe une médaille épiscopale

Bernard Bovigny, agence APIC

Fribourg, 24 août 2003 (Apic) Dès septembre 2003, les chanteuses et chanteurs ayant accompli quarante ans d’engagement se verront décerner une médaille Bene Merenti épiscopale dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Le Vatican vient d’éditer de nouvelles directives, plus restrictives, pour l’obtention de la décoration pontificale. Mgr Bernard Genoud, ne pouvant plus en décerner que vingt par année, a donc décidé de frapper une médaille au niveau du diocèse.

Le canton de Fribourg, marqué par une grande tradition du chant d’église, recevait jusqu’en 2001 près de 46 médailles Bene Merenti du Vatican en moyenne par année. Cette distinction était attribuée à tout chantre, après 45 ans d’engagement pour les hommes et 40 ans pour les femmes (45 ans pour les deux dans la partie alémanique du canton). Les nouvelles directives du Vatican ont provoqué un double changement dans les critères d’attribution, révèle «La Gruyère» dans son édition du 23 août. Désormais, les chantres se verront décerner une «médaille Bene Merenti épiscopale», et non plus pontificale. Et ceci, après 40 ans de pratique du chant d’église aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et dans l’ensemble du diocèse. «Ces mesures ont été approuvées par les membres de la confrérie des médaillés Bene Merenti», souligne Nicolas Betticher, porte- parole et chancelier de l’évêché, interrogé par l’APIC. Les 20 distinctions papales, quota diocésain maximum, sont destinées à honorer des mérites tout particuliers, dont les critères seront déterminés par l’évêque.

La nouvelle médaille a été dessinée par l’artiste fribourgeois André Sugnaux. Une face représente le Christ en gloire, assis, entouré de 7 flamberges (chiffre parfait selon la tradition biblique). Il s’agit de la copie d’un vitrail de Manessier érigé à la Cathédrale St-Nicolas à Fribourg, siège de l’évêque. L’autre face porte les armoiries épiscopales. Au bas du ruban, figurent les clés de St-Pierre (un lien avec le Saint- Siège), une illustration empruntée à la cathédrale à Genève. La première livraison de ces nouvelles médailles est déjà arrivée à l’évêché, a confirmé Nicolas Betticher à l’APIC.

Davantage de médailles en Valais que sur Fribourg

Selon les statistiques établies par l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg, entre 1989 et 2001 le canton de Fribourg, parties francophone et alémanique confondues, a reçu chaque année entre 7 et 74 médailles Bene Merenti, avec une moyenne de 46. De nombreux Fribourgeois considèrent leur canton comme la capitale mondiale de ces distinctions pontificales et soutiennent même qu’il en reçoit davantage que le reste du monde. Les chiffres livrés en mai 2002 à l’APIC par les évêchés suisses et par le Vatican contestent largement cette réputation. De fait, le diocèse de Sion, qui recoupe pratiquement le canton du Valais, en décerne même davantage. Entre 1990 et 2001, l’évêché valaisan en a délivré 592, soit en moyenne 54 par année.

Au niveau mondial, il est cependant vrai que les deux cantons réunis se taillent la part du lion. Ils reçoivent le quart des médailles Bene Merenti distribuées par le Vatican. L’immense diocèse de Bâle, qui regroupe 9 cantons, en remettait chaque année près de 30, dont une bonne moitié dans le Jura pastoral. Le diocèse de Coire en octroyait environ 20 et celui de Lugano à peine deux par an. Les cantons alémaniques connaissent davantage la tradition de la médaille diocésaine, celle justement qui constitue la norme dorénavant.

Sous le pontificat de Jean Paul II, qui a débuté en septembre 2002, le Vatican a distribué jusqu’en mai 2002 près de 9’500 médailles Bene Merenti, ce qui représente environ 400 par année. «Elles arrivent en grande majorité en Europe et en Amérique du Nord», souligne Mgr De Marinis, de la Secrétairie d’Etat du Vatican. BB

Encadré:

Une tradition qui s’est développée avec le Concile

A quand remontent les remises de médailles dans le canton de Fribourg? Fernand Bussard, archiviste à l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg, a retrouvé une lettre de 1933 dans laquelle Mgr Marius Besson «humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté», demandait au pape «d’accorder à un fidèle serviteur la médaille BENE MERENTI». Le serviteur en question était un «brave homme» de Torny-le-Grand qui «remplit depuis 69 ans les fonctions de chantre d’église». C’est la première trace d’une remise de médaille dans le diocèse.

La tradition s’est fortement développée dès les années 60, avec le Concile de Vatican II. C’est à ce moment-là que les choeurs d’église se sont structurés et regroupés en association dans les cantons catholiques. Les années 60 correspondent également aux regroupements des paroisses en décanats et secteurs. Les chorales ont suivi le mouvement en organisant les fêtes céciliennes dans les décanats.

Sur cette lancée entamée il y a une quarantaine d’années, les évêchés de Suisse Romande s’attendent à recevoir de nombreuses demandes de médailles Bene Merenti ces prochaines années. BB

Encadré:

A l’origine, une médaille pour récompenser la bravoure militaire et policière

Fribourg, 24 août 2003 (Apic) L’annuaire pontifical de 1902 fait remonter à Pie VII, en 1814, l’initiative d’accorder des récompenses sous forme de médailles. Lorsque le pape rentra, en 1814, dans ses Etats qui avaient été incorporés durant 6 ans à l’empire napoléonien, il y rencontra un brigandage important. Pour stimuler sa police, il institua une médaille portant la tiare pontificale et la remit à ses agents les plus méritants. Pie VII institua également une médaille pour la valeur militaire. Ces décorations sont à l’origine des médailles Bene Merenti.

C’est au pape Grégoire XVI que revient la restauration des médailles à accorder «pour la récompense du courage civil et militaire». Nommées «médailles du mérite», elles ont été instituées en 1832. Celles destinées à la valeur militaire représentaient d’un côté le Souverain pontife et de l’autre un ange portant un parchemin où il est écrit «BENEMERENTI». Elles étaient surmontées d’une tiare et des clés du Saint-Père. Les médailles réservées aux mérites civils portaient au centre le mot «BENEMERENTI» entouré d’une couronne de chêne. Elles étaient suspendues à un ruban aux couleurs pontificales jaune et blanc. Ces médailles civiles ont été largement distribuées aux Romains qui ont combattu l’épidémie de grand choléra en 1836.

Une récompense aux troupes françaises et pontificales

Pie IX a fait frapper la médaille dite de Mentana pour récompenser les troupes françaises et pontificales qui avaient combattu à Ferrera, Bologne et Vicenza en 1848, ainsi que pour les soldats qui lui sont restés fidèles en 1849. Puis Léon XIII institua en 1888 une nouvelle décoration pour récompenser le dévouement des fidèles durant l’exposition vaticane, où étaient présentés les objets donnés au pape à l’occasion de ses 50 ans de sacerdoce. La médaille, portant effigie du pape, était d’or, d’argent ou de bronze. Sur son côté face était inscrit la mention «PRO ECCLESIA ET PONTIFICE» entourant les insignes du Vatican. Elle sera par la suite remise à d’autres catholiques méritants, pour les services rendus à la cause pontificale.

C’est en 1901, toujours sous le pontificat de Pie IX, qu’apparaissent les premiers noms de bénéficiaires: Paul Feron-Vrau, directeur de «La Croix», l’abbé Masquelier, rédacteur du même journal et Eugène Veuillot, directeur de «L’Univers». Puis le custode de Terre sainte, le Père Frediano Gianni, a reçu en 1901 un décret du pape le chargeant de conférer une décoration spéciale aux pèlerins de Terre sainte.

Pie X a créé en 1910 une médaille Benemerenti spécialement destinée aux militaires, et Pie XI institua en 1925 deux médailles spéciales pour ceux qui avaient oeuvré à l’Exposition missionnaire et à la célébration de l’Année sainte. Depuis les années 30, des évêques, en majorité européens et nord-américains, ont requis auprès du Vatican des médailles pontificales à l’intention de fidèles méritants de leur diocèse.

Dans le cadre de la curie romaine, la médaille «Bene Merenti» est remise aux religieux ayant passé plus de 5 ans au service de Saint-Siège et qui ne peuvent pas recevoir le titre de «Monseigneur» contrairement aux prêtres séculiers. Par ailleurs, une trace de l’origine militaire subsiste au Vatican: les membres de la Garde suisse pontificale reçoivent la médaille «Bene Merenti» après trois ans de bons et loyaux services. (apic/bb)

24 août 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 6  min.
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