Contestée en Tunisie, cette pratique est pourtant adulée au Maroc
Tunisie: Campagne réactivée contre le port du voile islamique
Tunis, 20 décembre 2002 (APIC) Adulé au Maroc, le voile islamique aurait plutôt tendance à être contesté dans le pays voisin, en Tunisie. Une campagne officielle contre le port du voile islamique est actuellement réactivée par le gouvernement tunisien. Malgré certaines protestations.
L’état vient de publier à cet effet une circulaire qui interdit son port dans les services de l’administration, ainsi que dans les écoles et universités du pays. Dans le secteur privé aussi, des licenciements ont été enregistrés pour cause de «port du voile».
Selon la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), des femmes portant le foulard islamique ont été dévoilées de force dans les postes de police. Elles ont été contraintes de signer un engagement de non récidive. Dans des établissements universitaires et scolaires, des étudiantes et lycéennes ont été interdites de cours parce qu’elles portaient le foulard. Des pressions ont été exercées sur leurs parents. Des jeunes hommes qui fréquentent les mosquées ont aussi été contrôlés par la police. Cette campagne s’est élargie à d’autres régions de l’intérieur du pays.
Toutes ces exactions inquiètent la Ltdh. Elle s’en est émue dans un communiqué rendu public mercredi à Tunis, dans lequel elle se dit «vivement préoccupée» par cette campagne. Tout en appelant le gouvernement à annuler sa note administrative, elle l’appelle à respecter les «libertés individuelles et fondamentales». Elle demande aussi au pouvoir tunisien, de rejeter «tout ce qui peut porter préjudice aux valeurs de tolérance, de coexistence et de laïcité». La Ligue, qui réclame le «respect du droit des femmes de se vêtir librement».
Pays musulman se réclamant de la modernité, le pays est très attaché au port de vêtements occidentaux. Les dirigeants du pays, très fermes à l’égard des mouvements et organisations intégristes islamistes, avaient interdit le voile islamique dans l’administration, après avoir constaté une montée du courant fondamentaliste dans les années 80. C’est cette mesure d’interdiction, toujours en vigueur, qui vient d’être réactivée à cause de l’engouement que suscite de plus en plus le voile auprès des tunisiennes. Elles ne sont pas les seules dans ce cas.
Au Maroc aussi.
Au Maroc voisin, cette tenue vestimentaire est en pleine expansion. Le phénomène est tellement frappant qu’un hebdomadaire local, «Tel Quel», y a consacré un dossier, dans lequel on estime que l’entrée au parlement de six femmes, élues députées sur la liste d’un parti islamiste modéré lors des élections législatives du 27 septembre 2002, sont notamment à l’origine de ce phénomène social.
Des boutiques de vente de vêtements prêt à porter, spécialisées pour les femmes voilées, se sont multipliées dans les grandes villes comme Rabat et Casablanca. Le débat est ouvert. La présidente d’une ONG féminine, Leïla Rhiwi, ayant pour sa part déclaré ne pas être contre les femmes qui portent le voile, «mais contre le fait qu’on m’oblige à en porter moi-même». (apic/ibc/pr)