Le taux de suicide en Suisse est le 5e au monde
Suisse: Caritas se penche sur le problème du suicide
Lucerne, 17 avril 2002 (APIC) En préparation à un congrès interdisciplinaire national sur le suicide les 7 et 8 mai prochain, Caritas- Suisse a présenté le 17 avril à Berne quelques-unes de ses conclusions. Qu’est-ce qui amène à accomplir un geste aussi désespérté? Comment accompagner l’entourage? L’avis de plusieurs spécialistes invités par Caritas.
Chaque année, entre 1’200 et 1’500 personnes se donnent volontairement la mort en Suisse. Ce qui en fait le 5e pays au monde au niveau du taux de suicide. Pour Caritas Suisse, le suicide pose non seulement des questions d’ordre médical et psychologique, mais constitue également un problème de santé pour l’ensemble de la société.
«Les victimes sont plus nombreuses que celles du trafic routier. Alors que des dépenses importantes ont permis de diminuer le nombre de victimes sur la route, que peut-on bien entreprendre pour faire reculer le nombre effrayant de suicides qui représente 2,5% de l’ensemble des décès?», demande Caritas dans le dossier de présentation du congrès. «Pendant longtemps, les Eglises ont considéré le suicide comme un péché. Aujourd’hui encore, il suscite la méfiance»«, estime Carirtas Suisse. Le moment est donc bienvenu pour l’Institut d’éthique sociale et la Conférence de Diaconie de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse et pour Caritas d’organiser ce congrès.
Briser le silence qui entoure le suicide
Dès 1996, l’?uvre d’entraide catholique s’est engagée en Suisse alémanique et dès 1999, en Suisse romande, en organisant des journées de sensibilisation, de formation afin de briser le silence et faire reconnaître le suicide comme un problème de santé communautaire. Pour montrer l’ampleur du désarroi qu’entraîne le suicide, Caritas estime entre 150’000 et 300’000 le nombre de personnes dans l’entourage proche et élargi des suicidaires, suicidants ou suicidés. Ce calcul est établi sur la base de 1’500 décès suite à un suicide par an en Suisse avec une projection estimée à 10 fois plus de tentatives, ce qui représente au total 15’000 situations critiques, avec à chaque fois 10 à 20 personnes dans l’entourage proche et élargi.
Pour Caritas, le suicide n’est pas limité à un acte individuel et ne relève pas uniquement de la catégorie de la maladie mentale ou psychique. L’?uvre estime en conséquence que certaines pénalisations concernant le suicide doivent être revues et éliminées, notamment dans l’assurance accident.
Les conduites suicidaires chez les adolescents
Le congrès du 7 et 8 mai verra notamment la participation du professeur Pierre-Alain Michaud, de l’Unité multidisciplinaire de santé des adolescents au CHUV à Lausanne. Ce dernier abordera le problème des conduites suicidaires chez les adolescents. «Alors que l’état de santé de la population suisse s’est passablement amélioré durant les dernières années, tel n’est pas le cas des jeunes: Les taux de mortalité entre 15 et 24 ans tendent à rester relativement stationnaires, et cela est dû entre autre à la stagnation du taux de suicide qui reste globalement dans notre pays de l’ordre de 10 décès par an pour 100’000 jeunes filles et 30 décès pour 100’000 garçons. Ces taux sont parmi les plus élevés d’Europe et du monde», souligne Pierre-Alain Michaud.
Le professeur du CHUV attend des professionnels de la santé qu’ils se forment au dépistage de situations de crise à haut risque ainsi qu’au traitement et à l’accompagnement des jeunes suicidants. «Par ailleurs, il importe de sensibiliser tous les adultes en contact avec les adolescents aux signes de souffrance et à la manière de les inciter à se faire aider en cas de besoin», prône également Pierre-Alain Michaud.
Des invités de qualité au congrès de Berne
Le congrès aura lieu le premier jour, le 7 mai, au «Kursaal» à Berne. Le professeur Konrad Michel prendra également la parole sur le thème «Que pouvons nous apporter aux personnes suicidaires?» Le professeur Felix Gutwiller, directeur de l’institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich, abordera l’épidémiologie du suicide et le professeur Alberto Bondolfi donnera une conférence intitulée «Les questions éthiques que pose le suicide: une transgression de l’interdit de tuer, une pathologie.?» Quant au philosophe Hans Sarner, il abordera la question de la liberté dans le suicide, et le pasteur Ebo Aebischer parlera de la «Postvention comme prévention». Le congrès sera ouvert par Hans-Balz Peter, directeur de l’Institut d’éthique sociale de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse.
Le deuxième jour se déroulera à l’alfa-Zentrum. Il sera essentiellement consacré à des études en atelier en compagnie de plusieurs professionnels de l’entraide. (apic/com/bb)