Véritable politique d’apartheid imposée par Israël
Genève: Des Suisses témoignent des souffrances du peuple Palestinien à Gaza
Genève, 5 avril 2002 (APIC) Des Genevois sont revenus très choqués de leur séjour dans la bande de Gaza. Ils s’y étaient rendus au nom du collectif «Urgence-Palestine» et ont témoigné des humiliations dont les gens sont quotidiennement victimes.
«Ce que l’on voit aux informations ne représente que 20% de ce qui se passe réellement dans les territoires palestiniens», a déclaré Ridha Benboubaker, Suisse d’origine arabe. Pour lui, le peuple palestinien est l’objet «d’une véritable politique d’apartheid».
Lorsqu’ils doivent se déplacer, hommes et femmes n’oublient jamais de prendre des couvertures avec eux. Il est en effet très difficile de franchir les points de contrôle de l’armée israélienne et il n’est pas rare que l’attente dure des jours.
La bande de Gaza est une gigantesque prison. Y entrer peut être comparé au passage du Mur de Berlin à l’époque de la guerre froide, a déclaré Pierre Vanek, député de l’Alliance de gauche au Grand Conseil genevois.
L’armée israélienne détruit tous les puits, avec interdiction d’en construire de nouveaux, a par exemple relevé M. Benboubaker. Des robinets sort un liquide imbuvable. La distribution de l’eau est assurée par les Israéliens une fois par jour.
Les membres de la mission «Urgence-Palestine» ont aussi dénoncé le sort réservé aux cultures palestiennes, qui sont parfois aspergées de désherbant. Les pêcheurs de la bande de Gaza, pour leur part, en sont réduits à l’inactivité. On leur interdit de sortir en mer, la côte étant considérée comme zone militaire.
Ils étaient 24 en tout à avoir fait le voyage dans les territoires palestiniens, pour se rendre compte de la situation et apporter un réconfort moral à une population isolée du monde. Ceux qui se sont rendus à Gaza sont rentrés jeudi. Les autres sont toujours bloqués en Cisjordanie.
Une crise humanitaire menace les Palestiniens
Sur le terrain des opération en Cisjordanie, plusieurs organisations internationales lancent un avertissement: la poursuite des opérations militaires israéliennes expose la population palestinienne à une crise humanitaire. Elles protestent contre les difficultés d’accès imposées par Israël.
«Il y a crise humanitaire dans la mesure où des gens meurent parce que l’aide nécessaire ne peut leur être apportée», a affirmé le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Kim Gordon-Bates. Les restrictions aux déplacements des ambulances, aux secours destinés aux blessés et aux malades, ont des conséquences directes sur le sort de la population, selon le porte-parole. Idem pour les coupures d’électricité et des conduites d’eau dans plusieurs villes de Cisjordanie, notamment à Ramallah.
Complaisance des médias
Pour l’organisation, il ne fait aucun doute que les restrictions à la circulation des humanitaires imposées de facto par les autorités israéliennes «ont entraîné des morts qui auraient pu être évitées». Le Programme alimentaire mondial (PAM) a également dénoncé les restrictions de mouvements imposées à son personnel. La situation économique s’aggrave chaque jour.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a protesté pour sa part officiellement auprès du ministre israélien de la santé. Elle a dénoncé le manque de nourriture, de médicaments, d’eau dans les villes occupées par Israël.
Selon la Banque mondiale, le bouclage des territoires, l’effondrement de l’Autorité palestinienne et les actions militaires israéliennes ont des effets cumulatifs. Les restrictions à la liberté de mouvement des Palestiniens sont déjà à l’origine d’un taux de chômage de 30 % et d’un taux de pauvreté de 50 % de la population palestinienne.
Interrogé au terme de son voyage, l’un des membres du collectif se dit surpris du silence des pays européens, et notamment de la France, en campagne électorale. Il regrette notamment la complaisance de certains médias sur le drame qui se joue dans les Territoires palestiniens et à Bethléem. (apic/ag/pr)