La mariée est catholique, et fille d’un membre de la junte argentine

Pays-Bas: Mariage royal: des remous agitent le paysage politique et religieux

Amsterdam, 31 janvier 2002 (APIC) Elle est catholique d’origine argentine et lui membre de l’Eglise réformée hollandaise, et traîne avec elle le passé de son père, membre au pouvoir lors de la dictature de la junte militaire en Argentine. La controverse bat son plein aux Pays-Bas, à quelqurs jours du mariage royal.Des controverses continuent d’agiter le paysage politique et religieux néerlandais à l’approche du mariage du prince héritier et de sa fiancée argentine, qui aura lieu le 2 février. Deux problèmes jettent une ombre sur le mariage du prince Guillaume-Alexandre et de Maxima Zorreguieta. Polémique dans le pays: alors que le futur monarque est membre de l’Eglise réformée hollandaise (NHK), sa fiancée est catholique romaine. Second motif: la future épouse est la fille d’un haut dignitaire de la junte militaire argentine dans les années 70.

Pour apaiser les craintes soulevées par un mariage mixte, le prince héritier a insisté pour que le mariage soit célébré dans la tradition de l’Eglise réformée hollandaise. Cette Eglise est la plus grande dénomination protestante du pays et l’Eglise traditionnelle du monarque et de sa famille.

Le prince a aussi déclaré que la famille royale ne deviendra pas catholique et que tous leurs enfants seraient baptisés selon la tradition de l’Eglise réformée hollandaise. Mais selon le théologien catholique romain Anton Houtepen, la position adoptée par le prince montre clairement son «ignorance religieuse», et indique qu’il n’est pas conscient du développement de l’oecuménisme aux Pays-Bas ces dernières décennies.

Cette accusation d’Anton Houtepen a été rejetée vigoureusement par Joop Boendermaker, professeur luthérien de l’Université d’Amsterdam, qui a indiqué au journal Trouw que le prince et Maxima auraient voulu un mariage oecuménique, mais que leur marge de manoeuvre était limitée.

Pour la plupart des observateurs, si le couple renonce à un mariage oecuménique c’est principalement pour éviter les controverses qui ont entouré le mariage du prince Mauritz, neveu de la reine Beatrix, en 1998. Durant cette cérémonie, célébrée conjointement par le clergé protestant et catholique, des protestants, et notamment la mère de la reine, la princesse Juliana, avaient reçu la communion.

Alors que certains protestants conservateurs s’étaient déclarés attristés par les aspects catholiques du mariage, le chef de l’Eglise catholique romaine des Pays-Bas, le cardinal Adrianus Simonis, s’était dit choqué de ce qu’il considérait comme la profanation de l’eucharistie.

Manifestation à la manière des Mères de la Place de mai

Dans le cas du prochain mariage royal, le public se demande si «Maxima», comme la fiancée du prince Guillaume-Alexandre est affectueusement appelée par la presse, restera catholique. Lorsque les fiançailles ont été annoncées, elle avait dit qu’elle voulait étudier la foi protestante, mais qu’elle n’avait pas encore décidé si elle allait adhérer à l’Eglise réformée hollandaise.

La controverse politique entourant le mariage se focalise sur la participation du père de Maxima à la politique argentine. Celui-ci, Jorge Zorreguieta, a été secrétaire d’Etat puis ministre de l’Agriculture durant la dictature miliaire argentine entre 1976 et 1983, dirigée jusqu’à l’année 1981 par Jorge Videla.

Lors de l’annonce des fiançailles, l’opinion publique a été résumée en un titre par un quotidien: «Maxima oui. Papa non». Le père de la fiancée s’est incliné depuis devant la pression de l’opinion et il a accepté de ne pas venir au mariage.

Mais l’intérêt du public s’est de nouveau focalisé sur les liens politiques de la famille de la fiancée au début du mois après la parution d’un article du magazine Vrij Nederland. Guillaume-Alexandre et Maxima auraient, est-il écrit, demandé à Rafael Braun, prêtre argentin et ami de la famille Zorreguieta, de lire une prière ou de faire une lecture biblique durant la cérémonie. Or le journal reproche à Rafael Braun d’être un admirateur de l’ancien régime militaire de Jorge Videla.

Les opposants au mariage ont reçu l’autorisation du Conseil municipal d’Amsterdam de protester sur une place située à l’écart de la voie empruntée par le cortège. L’endroit a été surnommé place «blanche», d’après la couleur du foulard que portent les Mères de la Place de mai, qui ont fait campagne au nom des victimes du régime militaire argentin. La libération d’un tortionnaire argentin, dont l’Italie réclamait l’extradition ajoute au malaise ressenti aux Pays-Bas. (apic/eni/pr)

31 January 2002 | 00:00
by webmaster@kath.ch
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