Actuellement, les chrétiens sont presque tous des étrangers
Libye : la présence des chrétiens y est très ancienne (260489)
Tripoli, 26avril(APIC) Les chrétiens de Libye existent, Mgr Henri
Tessier, archevêque d’Alger, les a rencontrés! C’est le compte-rendu de
cette visite faite au début de cette année en Lybie qu’a publiée l’agence
Fides. Elle nous fait mieux connaître une de ces communautés de chrétiens
très anciennes qui vivent actuellement en pays musulmans, bien qu’en Lybie,
les chrétiens qui y vivent actuellement soient surtout des étrangers.
L’Eglise de Libye a derrière elle une riche histoire. Simon de Cyrène
(Mc 15,21), la Pentecôte des nations (Ac 2,10) et Lucius, compagnon de Paul
à Antioche (Ac 13,1) lui donnent déjà sa place dans le Nouveau Testament.
Selon les traditions de l’Eglise copte, saint Marc serait même né à Derna
en Cyrénaïque, ce qui d’ailleurs expliquerait qu’il soit le seul évangéliste à signaler la présence d’un habitant de Cyrène sur le chemin de croix
de Jésus. Pendant les premiers siècles, l’Eglise de Tripolitaine sera dans
la mouvance de Carthage, tandis que celle de Cyrénaïque (Libye orientale)
sera en lien avec le patriarcat d’Alexandrie et avec Byzance.
La pénétration arabe entre le VIIe et le XIIe siècle devait entraîner la
disparition du christianisme en Libye, comme dans le reste de l’Afrique du
Nord. Une présence chrétienne permanente renaît cependant, grâce aux Franciscains, à partir du XVIIe siècle. Ils assurent d’abord le service des
esclaves chrétiens des bagnes de Tripoli, puis progressivement celui des
marchands et d’une émigration originaire surtout de Méditerranée. A la
veille de la colonisation italienne (1911), on compte déjà dix mille
chrétiens et, à leur service, plusieurs communautés de Pères franciscains.
De la période coloniale à la situation actuelle
La présence coloniale italienne devait amener de 1911 à 1943 le développement d’une importante communauté chrétienne qui s’appuyait sur une structure ecclésiale composée de deux diocèses (Tripoli et Benghazi). La présence de communautés religieuses féminines permettait la naissance, dans la
plupart des villes et mêmes dans certains villages d’institutions chrétiennes éducatives et sociales dont bénéficieraient non seulement la population
chrétienne, mais aussi les musulmans.
Une nouvelle étape de cette histoire allait commencer après
l’indépendance (1951), avec le développement technologique du pays, grâce
aux revenus pétroliers, déjà au temps du Roi Idris, et plus résolument
encore avec l’arrivée au pouvoir du colonel Maamar Kheddafi, et la
fondation de la Djamahiriyya (République des masses) libyenne. Le pouvoir
révolutionnaire demandait alors le départ de toute la population italienne
résidente (1970). Ainsi disparaissait la quasi totalité des anciennes
communautés chrétiennes avec leurs églises ou institutions.
Un modus vivendi avec le Saint-Siège aboutissait à un accord qui
prévoyait la présence en Libye d’un maximum de dix prêtres avec deux
Eglises, l’une à Tripoli, l’autre à Benghazi. Mais le pays était conduit,
peu après à faire appel à une main d’oeuvre étrangère de plus en plus
nombreuse. Il demandait assi l’assistance de religieuses dans les hôpitaux
et les institutions sociales de l’Etat. Cette évolution entraînait de fait
le rétablissement du culte chrétien partout ou il était nécessaire pour le
service des étrangers. Les religieuses demandées par le Ministère de la
Santé étaient autorisées à entrer dans le pays avec un prêtre pour chaque
nouveau groupe de soeurs. Des logements leur étaient assurés (ainsi qu’aux
prêtres d’ailleurs), dans lesquels des chapelles pouvaient accueillir les
chrétiens travaillant dans la région.
Les deux bases actuelles de la présence chrétienne
Actuellement, la présence chrétienne repose donc sur deux réalités
complémentaires, d’une part le travail social des religieuses dans les institutions de l’Etat, d’autre part l’animation de la vie chrétienne des
travailleurs étrangers. En 1989, les religieuses sont au nombre d’une centaine : 30 à Tripoli et 70 en Cyrénaïque.
L’autre base de la présence chrétienne est celle des étrangers, ouvriers
ou cadres techniques, dont le nombre est proportionnellement beaucoup plus
élevé que dans aucun autre pays du Maghreb. On parle de plusieurs centaines
de milliers en Lybie. Chacun des groupes, indien, turc, pakistanais, égyptien etc… compte plusieurs milliers de personnes. On estime à 8.000 les
Polonais, à 15.000 les Philippins et à 20.000 les Coréens.
Les catholiques de ces communautés étrangères se retrouvent pour les
offices dans les camps ou ils ont aménagé une chapelle. Ceux qui ont un
logement indépendant en ville vont dans les deux paroisses de Tripoli ou
Benghazi. Chacune d’elles organise un grand nombre d’offices dans les
langues les plus diverses. Dans les petites villes, c’est la communauté
religieuse qui sert de support à la vie chrétienne.
Les coptes orthodoxes ont, eux aussi, obtenu des autorités libyennes que
deux églises leur soient concédées, l’une à Tripoli et l’autre à Benghazi.
Les communautés grecque orthodoxe et protestante ont aussi chacune une
église. (apic/fds/bd)