Rome: Le Vatican a publié un nouveau rituel d’exorcisme

«Le Diable existe» et il doit être combattu

Rome, 26 janvier 1999 (APIC) La Congrégation vaticane pour la Liturgie et la Discipline des Sacrements a publié mardi à Rome un nouveau rituel d’exorcisme, qui actualise l’un des chapitres du Rituel Romain non encore revu depuis 1614. «Le Diable existe». C’est en effet ce que rappelle l’Eglise catholique en promulguant le 26 janvier le nouveau rite «De Exorcismis et supplicationibus quibusdam», approuvé par le pape Jean Paul II le 1er octobre dernier.

Des spécialistes de l’exorcisme, comme le Père italien Gabriele Amorth, relèvent que la mise à jour de ce chapitre vieux de plus de 300 ans était une nécessité étant donné l’accroissement des problèmes d’exorcisme liés à la diffusion en Occident de cultes sataniques, de sorcelleries et de différentes sortes de magies associées au mal. Une nécessité d’autant plus grande, à ses yeux, que beaucoup dans l’Eglise – même des théologiens, des prêtres, voire des évêques – ne croient plus aux exorcismes: «Certains ne croient même plus aux exorcismes de Jésus et disent que ce n’est qu’un langage utilisé par les évangélistes pour s’adapter à la mentalité de leur époque. C’est ainsi que l’on nie la lutte contre le démon et son existence».

Grande prudence de l’Eglise en matière d’exorcisme

Tout en montrant une grande prudence quant à d’éventuelles emprises du démon sur des personnes ou des choses (»possédées du Démon»), l’Eglise n’en exclut pas la possibilité. C’est la raison d’être de la pratique de l’exorcisme – du grec exorkizein, adjurer – qui a pour fondement les pouvoirs donnés par Jésus à ses disciples de chasser les démons. Les exorcismes ordinaires font partie de la liturgie du baptême. Les exorcismes extraordinaires ont pour but la délivrance des possédés par des prières à Dieu et des adjurations au Démon de libérer le possédé. Dans chaque diocèse, l’évêque désigne un prêtre comme exorciste. Il reçoit une délégation spéciale pour discerner les cas de possession, et le pouvoir d’exorciser. Le processus d’élaboration du rituel a pris plusieurs années. La version préliminaire a été rédigée en 1990 et envoyée en consultation aux évêques du monde entier pour qu’ils fassent leurs remarques.

70 pages en latin

C’est sous la forme d’un rite liturgique très précis entièrement en latin publié mardi, que le Vatican procède à une mise à jour de la pratique de l’exorcisme dans l’Eglise. Cette pratique, qui a toujours existé, était régie par le Rituel Romain de 1614, qui depuis le Concile Vatican II, a été révisé maintenant dans son ensemble. Ces nouvelles directives, publiées sous la forme d’un livre liturgique relié (70 pages) à utiliser directement pour la liturgie d’exorcisme, sont introduites par un Décret de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

Ce décret rappelle l’existence des exorcistes afin «qu’ils soulagent les obsédés du Malin». Il stipule aussi que le nouveau rite est effectif à ce jour en latin, en attendant que les diverses Conférences épiscopales élaborent les versions dans les différentes langues. Vient ensuite un court préambule pour souligner la présence de «créatures angéliques» et de créatures «appelées diaboliques, opposées à Dieu». Ces dernières ont différents noms : le Diable, Satan, Dragon, le Mauvais, le Tentateur, le Malin ou le Prince des Ténèbres. «Comme l’action maléfique et nocive du Diable et des démons a une influence sur les personnes, les choses, les lieux et qu’elle se manifeste de différentes manières, souligne le texte, l’Eglise (…) a prié et prie pour que les hommes soient libérés des pièges du Diable».

Petits et grands exorcismes

Une introduction au rite lui-même confirme «la victoire du Christ et le pouvoir de l’Eglise contre les démons». Elle différencie les exorcismes mineurs adressés aux catéchumènes, avant leur baptême, et les exorcismes majeurs, appelés aussi «grands exorcismes», qui font l’objet de ce rite liturgique révisé. Ces derniers visent «à chasser les démons ou à libérer de l’influence démoniaque, à travers l’autorité spirituelle que Jésus à confiée à son Eglise».

Quant au rite liturgique, il est centré sur des prières «de supplication» à Dieu et des prières «impératives» d’exorcisme adressées directement au Démon. Différentes formules sont proposées, du style «Je t’adjure, Satan!» ou bien «je t’exorcise, dragon maléfique …».

Ces différentes prières, prononcées par le célébrant qui impose les mains sur la personne en question, sont insérées dans une liturgie très précise introduite par la bénédiction de l’eau et l’aspersion. Puis vient la litanie des saints suivie par la lecture de psaumes et de l’Evangile. Pour la proclamation de la foi, il est possible d’utiliser la prière habituelle du credo ou bien un question/réponse utilisé lors des baptêmes, «renonces-tu à Satan, «je renonce». Vient ensuite le rite de baiser la croix du Christ avant le rite même de l’exorcisme et la prière finale «Retire-toi, Satan, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ; retire toi par la foi et la prière de l’Eglise». (apic/imed/theo/be)

26 January 1999 | 00:00
by webmaster@kath.ch
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