Méditations du Chemin de croix: le pape fustige «une économie qui tue»

Comme l’an dernier, le pape François a rédigé les 14 méditations du chemin de croix qui aura lieu ce Vendredi saint, 18 avril 2025, au Colisée. Absent du chemin de croix ce soir, le pontife livre un texte reprenant les grands thèmes de son pontificat, notamment son combat contre «une économie qui tue».

Actuellement en convalescence au Vatican, le pape ne se rendra pas dans l’amphithéâtre romain. Durant cet événement très populaire à Rome, diverses délégations – migrants, veuves, personnes handicapées – porteront une grande croix en mémoire du chemin parcouru par Jésus jusqu’au lieu où il a été crucifié, à Jérusalem.

À Rome, la Semaine sainte – la plus importante de l’année liturgique pour les catholiques –, a pris une tonalité particulière cette année, puisque le pape a délégué toutes les célébrations officielles à des représentants, afin de respecter le repos prescrit par ses médecins après son hospitalisation.

Des migrants, des veuves et des jeunes

Sur les pentes du mont Palatin, dans les dédales de l’amphithéâtre ovale, la croix sera portée à tour de rôle par le représentant du pape, le cardinal vicaire de Rome Mgr Baldassare Reina, par des personnes handicapées et des soignants, des migrants, des veuves, par des jeunes et des éducateurs, des associations caritatives, ou encore par des volontaires du Jubilé.

Dans son texte qui sera lu au fil des 14 «stations» traditionnelles du chemin de croix, le pape François s’élève contre «une économie qui tue». Il regrette un «monde qui calcule tout, […] un monde de calculs et d’algorithmes, de logiques froides et d’intérêts implacables». «L’économie de Dieu, au contraire, ne tue pas, ne jette pas, n’écrase pas», assure-t-il en appelant à promouvoir «la gratuité».

> Vers les méditations du Chemin de croix <

Le pape s’attriste des projets qui «excluent», «lorsque les personnes deviennent des nombres, […] lorsqu’il n’y a jamais de temps pour écouter, […] lorsque nous sommes pressés de décider». Et d’avertir: «L’égoïsme est plus lourd que la croix».

La fuite des responsabilités et l’immobilisme

Au fil des méditations, le pape souligne que le calvaire de Jésus fait prendre conscience au chrétien «qu’il vaut mieux changer de direction» et quitter les «chemins habituels». Il incite à faire tomber «les masques, les belles façades», même si cela «coûte».

Dénonçant les «certitudes [qui] sont des préjugés» et critiquant la «rigidité», François fustige «ceux qui font étalage d’infaillibilité, ceux qui cachent leurs propres chutes et ne pardonnent pas celles des autres». Il égratigne au passage les «arguments religieux, tracasseries juridiques» et le «bon sens apparent qui ne s’intéresse pas au sort des autres».

Le chef de l’Église catholique exhorte en particulier à ne pas chercher «des excuses pour fuir nos responsabilités». Il avance que c’est en restant «dans les contextes où [Dieu] nous as placés […] que nous cesserons d’être prisonniers de nous-mêmes».

«En toute circonstance il y a un choix à faire», glisse encore le pape qui y voit «le vertige de la liberté». «Rien n’est plus effrayant que l’immobilité», souligne-t-il, avant d’affirmer que la Via Crucis est la prière de ceux qui bougent.

Malgré l’absence du pape, le maire de Rome, Roberto Gualtieri, sera présent à cette liturgie à laquelle participent chaque année des dizaines de milliers de personnes. Ce n’est pas la première fois que cette célébration se déroule sans le pontife argentin, qui a plusieurs fois annulé sa participation en raison d’affections respiratoires ces dernières années. (cath.ch/imedia/ak/bh)