Mgr Jean-Marie Lovey a béni les huiles au cours de la messe chrismale du Jeudi Saint | © Bernard Hallet
Suisse

Mgr Jean-Marie Lovey: «Celui qui a été oint est configuré au Christ»

«On fait avec, mais nous voulons célébrer cette messe qui ouvre le temps pascal», a lancé Mgr Lovey en ouvrant la messe chrismale à la cathédrale de Sion le 17 avril 2025. Il a fait allusion à la neige tombée en abondance depuis la veille, qui a perturbé la circulation et les activités jusqu’en plaine.

Les prêtres et les fidèles convergent à petits pas vers la cathédrale tels des funambules se déplaçant sur un fil. La place qui sépare l’évêché de la cathédrale de Sion n’a pas été encore déneigée. Après les chaleurs estivales du début du mois, une neige de printemps lourde est tombée en abondance jusqu’en plaine en Valais. De grosses branches d’arbre cassent avec fracas sous le poids de la neige.

La procession des prêtres, diacres et des porteurs d’huile qui d’habitude traverse la place, de l’évêché jusqu’à la cathédrale, a eu lieu dans l’église.

La procession qui se tient habituellement entre l'évêché et la cathédrale  été annulée à cause de la neige tombée en abondance | © Bernard Hallet

«C’est un peu spécial aujourd’hui. On fait avec, mais nous voulons célébrer cette messe qui ouvre le temps pascal», a lancé Mgr Jean-Marie Lovey en accueillant les prêtres et diacres du diocèse qui ont pu se rendre à la cathédrale. Une assemblée moins nombreuse que de coutume a assisté à la messe chrismale, où l’évêque a procédé au rituel de la bénédiction des huiles: le saint Chrême, l’huile des catéchumènes et l’huile des malades.

Dans le chœur, une trentaine de prêtres et diacres ont renouvelé leurs vœux d’obéissance à l’évêque. Une vingtaine de jeunes de la Schola de Sion ont animé la célébration, offrant une belle prestation pour la joie de leur directeur, Marc Bochud.

«La messe chrismale se situe à l’articulation des événements majeurs de la vie chrétienne. Elle se célèbre à l’entrée du triduum pascal», a souligné Mgr Lovey dans son homélie, précisant: le don total de l’eucharistie le jeudi, le vendredi de la passion, le tombeau du samedi. «Cette célébration est donc déjà toute imprégnée du climat de la Passion avec son lot de souffrances insupportables et cette odeur de cadavre au tombeau.»

Une odeur subtile de parfum

Mais la procession des huiles au cours de cette messe «lui donne une odeur subtile de parfum; la messe chrismale sent bon». L’huile vient mettre de la douceur sur nos blessures. Et, a poursuivi l’évêque, «qui de nous ne porte pas dans on histoire des blessures même, des plaies profondes?»  Allons-nous présenter aux bienfaits de ce doux remède nos histoires personnelles écorchées, celles de nos paroisses, de nos familles, de nos communautés, celle de notre Eglise? «Le monde entier s’entre déchire, a jouté Mgr Lovey, nous n’en finissons pas d’entendre le récit des souffrances infligées par tant d’épreuves». Il a souhaité que l’huile présentée au Seigneur serve d’instrument pour soulager tout mal physique, moral et spirituel en chacun de nous.

«L’huile vient mettre de la douceur sur nos blessures» | © Bernard Hallet

«L’onction du saint Chrême manifeste la descente de l’Esprit appelé à investir toute la personne qui vient d’en être marquée pour qu’elle porte partout ‘la bonne odeur du Christ’». Celui qui a été oint, le baptisé, le confirmé, le prêtre, l’évêque, est désormais configuré au Christ, a  Mgr Lovey. «Aujourd’hui à la faveur de cette célébration, il nous est offert de laisser l’Esprit-Saint venir panser nos blessures, les soigner et nous guérir», a conclu l’évêque. (cath.ch/bh)

La messe chrismale
Chaque année, dans tous les diocèses du monde, prêtres, diacres et fidèles se réunissent pour célébrer la messe chrismale. Elle se déroule normalement au matin du jeudi saint mais peut être anticipée. La messe chrismale reçoit cette appellation parce que c’est au cours de cette célébration que le saint chrême est consacré. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.
Avec le saint chrême qui est l’objet d’une consécration spéciale, deux autres huiles sont bénies: l’huile des catéchumènes qui sert dans les célébrations préparatoires au baptême surtout pour les adultes ou les enfants déjà grands et l’huile utilisée pour le sacrement des malades. BH

Ce que dit le droit canon
Le droit canon recommande l’huile d’olive. Au 16e siècle, les papes Paul IV et Pie V ont également autorisé l’usage du «baume du Pérou». Par l’encyclique Trans oceanum, du 18 avril 1898, Léon XIII a permis, sous certaines conditions, l’usage de l’indigotier. Selon le code de droit canonique, can. 847 §1 et Rituel pour l’onction des malades, promulgué par Paul VI, 30 novembre 1972, la législation de l’Eglise latine permet d’employer, outre l’huile d’olive, d’autres huiles végétales naturelles pour la confection des saintes huiles.
A l’origine, le saint chrême est un mélange d’huile et de baume de Judée. Dans le rite byzantin, plus particulièrement chez les Arméniens, le chrême, appelé myron, est également composé d’huile d’olive et de baume, mais on y ajoute d’autres substances odoriférantes. Les maronites ajoutent toujours à l’huile d’olive et au baume, du safran, de la cannelle, de l’essence de rose, de l’encens blanc, etc. BH

Mgr Jean-Marie Lovey a béni les huiles au cours de la messe chrismale du Jeudi Saint | © Bernard Hallet
18 avril 2025 | 08:53
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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