Quel est le profil des nouveaux baptisés en France?
La Conférence des évêques de France (CEF) relevait récemment qu’un nombre record d’adultes se feront baptiser à Pâques. Des journaux français scrutent les motivations et itinéraires de ces nouveaux venus dans l’Église.
Plus de 10’000 baptêmes d’adultes en 2025, une augmentation de 45% par rapport à l’année dernière. Du jamais vu depuis vingt ans, une vague qui touche particulièrement les jeunes de 18 à 25, la génération dite ‘Z’. Ce qui pouvait apparaître il y a encore peu comme une fluctuation épisodique semble se préciser. Car le «sursaut catholique» trouve écho dans d’autres pays d’Europe occidentale, tels que la Suisse, la Belgique, ou encore le Royaume-Uni.
Le phénomène est particulièrement examiné en France, où la CEF enregistre annuellement le nombre de nouveaux baptisés et où certains médias s’y intéressent de près. C’est le cas des journaux La Croix et La Vie, qui ont recueilli des témoignages et des réflexions de spécialistes à ce sujet.
Un besoin de transcendance
Ces publications se sont interrogées notamment sur les causes d’un tel mouvement, qui semble contredire l’idée d’un catholicisme en chute libre suite aux scandales sexuels et à la sécularisation.
«Ce sont des nouveaux chrétiens d’adhésion et non de transmission», constate ainsi Catherine Lemoine, déléguée nationale pastorale des adolescents pour la CEF, dans La Vie. Ils sont attachés à la dimension communautaire, au sacré, ainsi qu’aux grands rassemblements. Dans un monde incertain, secoué par des crises économiques, politiques et géopolitiques, la religion est pour de nombreux catéchumènes une source de paix et de réconfort, analyse pour le magazine chrétien Catherine Chevalier, responsable Annonce et accompagnement de la vie chrétienne pour la CEF.
Le Covid semble avoir été pour beaucoup l’élément déclencheur d’une prise de conscience de leur fragilité et de leur besoin de transcendance. Cela alors que les moins de 25 ans sont particulièrement traversés par des questions existentielles qui les poussent à s’interroger sur l’existence d’un Dieu, mais aussi la question du mal et à la souffrance.
L’expérience spirituelle en cause première
La Croix a approfondi encore un peu plus la question en menant une étude inédite, en coopération avec les diocèses, auprès de 10% des adultes qui seront baptisés à Pâques, soit 1011 personnes.
La moitié d’entre elles évoquent une expérience spirituelle forte comme raison première de leur conversion, mentionnant la figure du Christ ou un saisissement intérieur dans une église. Vient ensuite (37%) une épreuve de la vie. 35% mettent en avant le désir de donner un sens à leur existence. 21% citent la volonté de «découvrir les racines chrétiennes de la France».
47% disent venir d’une famille catholique (dont 30% non pratiquante). Un peu plus d’un tiers a grandi dans une famille indifférente ou hostile à la religion – parfois catholique de tradition – et 11% dans une autre religion – majoritairement l’islam.
49% citent les amis comme des figures déterminantes dans leur parcours de foi. Un tableau où les membres de la famille figurent aussi en bonne place, alors que les représentants ecclésiastiques sont à 20%.
Contribuer à une société plus fraternelle
Dans leur itinéraire, la paroisse reste le point d’ancrage privilégié, quand bien même ces catéchumènes ne sont pas le fruit d’actions pastorales particulières. «On ouvre les portes, ils entrent par la fenêtre», résume Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise (Val-d’Oise).
Beaucoup de nouveaux baptisés témoignent de leur désir de «faire le bien» autour d’eux, d’être «apôtres de la charité».Les questions de solidarité au plus près de chez eux ou à l’international devancent légèrement l’évangélisation et la catéchèse mais aussi les questions de vie conjugale et de morale sexuelle.
Les futurs baptisés font en général montre d’un fort engagement religieux, qui se traduit par la fréquentation assidue de la messe (57% y vont au moins toutes les semaines) et la prière (56% assurent prier «très souvent»). La meilleure manière de transmettre la foi est, pour eux, le témoignage de leur propre expérience. «C’est le feu missionnaire qui déjà les anime, assure Céline Hoyeau de La Croix. Ces jeunes ont vraiment envie de rayonner, de témoigner de leur foi et de contribuer à une société meilleure, plus solidaire et fraternelle.» (cath.ch/cx/lavie/arch/rz)