Liens historiques entre vaudois du Piémont aux Vaudois de Suisse
Vaud: 150e anniversaire de l’Edit d’Emancipation pour les protestants d’Italie
Lausanne, 13 février 1998 (APIC) Pour les vaudois d’Italie, c’est-à-dire les protestants italiens, le 17 février 1998 marquera le 150e anniversaire de l’Edit d’Emancipation qui leur conféra, en même temps qu’aux juifs, les pleins droits civils et politiques.
Les Vallées du Piémont, berceau du protestantisme italien, abritent encore aujourd’hui la moitié de la communauté vaudoise forte de quelque 40’000 âmes. Les protestants du canton de Vaud, qui entretiennent depuis la Réforme d’étroites relations avec leurs coreligionnaires du Piémont, s’associent aux nombreuses manifestations commémorant la promulgation de l’acte d’Emancipation des vaudois d’Italie.
Sous l’influence des idées libérales du XIXe siècle, Charles Albert, roi de Sardaigne et prince de Piémont, signe le 17 février 1848 un décret qui accorde aux populations vaudoises les mêmes droits qu’aux citoyens du Royaume. Sur le plan civil et politique ou pour le choix d’un métier, les vaudois jouissent dès lors d’un statut d’égalité; en revanche, la liberté de culte ne leur est pas octroyée. L’exercice du culte est simplement toléré. L’Edit d’Emancipation, même incomplet, fut toutefois accueilli par les habitants des Vallées, souvent persécutés au cours des siècles passés, comme un véritable souffle de liberté.
Les vaudois du Piémont trouvent leur origine dans le mouvement créé par le commerçant lyonnais Pierre Valdo à la fin du 12e siècle. Condamnée par la hiérarchie catholique, la «societas valdesiana» qui entendait prêcher sans l’approbation de l’évêque s’étendra dans toute l’Europe. En 1532, sous l’influence du réformateur neuchâtelois Guillaume Farel, les vaudois adoptèrent la Réforme. Le mouvement devint une véritable Eglise, proche des idées de Jean Calvin qui, dès 1536, présidait aux destinées de l’Eglise voisine de Genève. Un siècle plus tard, suite à une grave épidémie de peste qui avait décimé une bonne partie de la population et des pasteurs, les vaudois firent même appel à l’Eglise genevoise pour former les pasteurs des vallées. L’accord demeura jusqu’en 1848.
La Glorieuse rentrée
En 1685, la révocation de l’Edit de Nantes provoque l’exil des huguenots français, dont beaucoup trouvèrent refuge dans les Vallées vaudoises. La résistance tente de s’organiser, bien vite écrasée par les troupes savoyardes et françaises. Grâce à l’entremise de la Suisse protestante, vaudois et huguenots, survivants des massacres, sont emmenés à Genève pour être dispersés dans toute l’Europe. Une audacieuse expédition militaire favorisée par une coalition de pays hostiles à la France, avec la complicité des autorités bernoises, permit en 1689 à un millier de vaudois de rentrer dans leur pays. Cette expédition partie de Promenthoux près de Nyon est connue sous le nom de «Glorieuse rentrée des vaudois dans leurs vallées». A Prangins, un monument rappelle cet événement historique.
Revenus dans leurs vallées, les vaudois y vécurent confinés en une sorte de ghetto alpin jusqu’à la moitié du XIXe siècle. A partir de 1848, libérés des décrets répressifs qui les frappaient, ils entreprirent une oeuvre missionnaire à travers toute l’Italie. L’Eglise évangélique vaudoise, selon son appellation officielle, est ainsi à l’origine de nombreux hôpitaux, écoles, orphelinats ou maisons de retraite. Ces entreprises ont été rendues possible grâce aux soutiens des protestants européens, dont ceux de Suisse.
Commémorations
Torre Pellice, la capitale des vaudois, avec ses 6’000 habitants, s’apprête à recevoir le président de la République italienne Oscar Luigi Scalfaro qui assistera le 15 février au culte solennel marquant le 150e anniversaire de la promulgation du Statut et des Lettres patentes mettant les vaudois sur pied d’égalité avec les autres citoyens du Royaume de Piémont-Sardaigne. Selon la tradition en vigueur depuis le 17 février 1848 des feux de joie seront allumés le soir de la date anniversaire sur les sommets des Vallées du Piémont. En écho à ces manifestations, un feu (»falò») brillera également à Crêt-Bérard au soir du samedi 18 février, où se déroulera une fête en compagnie de la «Corale valdese di Torre Pellice» et de la troupe de théâtre de St-Laurent (Lausanne).
Un culte d’actions de grâce réunira en outre à la Cathédrale de Lausanne des délégations des Eglises protestantes de toute la Suisse romande. (apic/spp/pr)