
Évangile de dimanche: Portrait d'un chrétien
Comment reconnaître un disciple du Christ ? Qu’est-ce qui le distingue des personnes qui n’ont rien à voir avec le Christ ? Égrainant une série exemples, Jésus suggère quelques traits caractéristiques de ceux et celles qui prétendent être de ses disciples : un chrétien s’efforce de faire du bien à ceux qui lui veulent du mal : à qui le gifle il tend l’autre joue, il refuse de poursuivre celui qui l’a volé et dépouillé, il ne relance pas ses débiteurs. Alors, un chrétien devrait accepter de passer pour un naïf, un illuminé, ou… un saint ? En tout cas pour un personnage singulier, qui fait problème.
«Chez le grand-prêtre, Jésus n’a pas tendu l’autre joue mais s’est défendu»
Faut-il prendre toute cette liste au pied de la lettre ? Il convient de tenir compte d’un style littéraire oriental qui affectionne les images fortes et contrastées. Jésus lui-même nous donne l’exemple : lorsqu’un soldat lui a donné un soufflet au cour de son procès chez le grand-prêtre, il n’a pas tendu l’autre joue mais s’est défendu et a clairement protesté (Jn 18,22).
Au moment de tracer le portrait du disciple idéal, Jésus n’administre pas une leçon de morale en débitant un catalogue de comportements à observer ou à éviter sans discernement : faites ceci, ne faites pas cela ! Il évoque plutôt une attitude de fond, un style de vie à l’image du Père, fondé sur la bienveillance, la gratuité et la bonté. Comme qui dirait : si vous prétendez être mes disciples et avoir Dieu pour père, adoptez donc un air de famille en alignant votre conduite sur celle de votre Père.
«Création, incarnation, rédemption… le Père ne sait que donner largement»
Ses traits caractéristiques sont une générosité sans calcul, une gratuité sans limite. Création, incarnation, rédemption, le Père ne sait que donner largement sans se préoccuper de savoir qui a mérité ou n’a pas mérité. À Moïse qui lui demandait son identité, il s’est défini comme le Dieu de tendresse et de pitié, bon et miséricordieux (Ex 34,8), un portrait sans cesse repris par les Psaumes.
Poser des actes purement gratuits, aimer sans espérer la réciproque, briser le cycle de la violence, ne pas rendre les coups-bas, ne pas se laisser embarquer dans la dialectique de la méchanceté, de l’injustice, de la critique et de la calomnie, accepter d’être pardonné et de pardonner à son tour, telle est la carte d’identité du disciple. Dans un monde de plus en plus régi par l’argent, la violence et l’égoïsme arbitraire, le disciple créera la surprise et ouvrira d’autres horizons en témoignant qu’il est membre de la famille de Dieu.
«S’aligner sur la perfection de Dieu… ou imiter la miséricorde du Père?»
Il est tout de même intéressant de remarquer que là où l’Évangile selon Matthieu utilise un langage plutôt légaliste en recommandant de s’aligner sur la perfection de Dieu (Mt 5,48), Luc parle d’imiter la miséricorde du Père. Dans son encyclique sur le Sacré Cœur, le pape François épingle un certain moralisme qui prétend contrôler la grâce à coups de mérites : « Il est malheureusement devenu courant, dans certains cercles chrétiens, d’essayer d’enfermer le l’Esprit Saint dans un schéma qui leur permet de tout superviser » (N° 137).
Pierre Emonet SJ | Vendredi 21 février 2025
Lc 6, 27-38
En ce temps-là,
Jésus déclarait à ses disciples :
« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :
Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent,
priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue,
présente l’autre joue.
À celui qui te prend ton manteau,
ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande,
et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous,
faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour,
quelle reconnaissance méritez-vous ?
Même les pécheurs prêtent aux pécheurs
pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis,
faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.
Alors votre récompense sera grande,
et vous serez les fils du Très-Haut,
car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.