Le pape François est traité pour une infection pulmonaire à la clinique Gemelli à Rome | photo: après son opération en juillet 2021 © Vatican Media
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De quoi souffre exactement le pape François?

Le pape François vit actuellement la plus longue hospitalisation de son pontificat à cause d’une infection respiratoire. Médecin pendant 35 ans à la polyclinique Gemelli de Rome, où est actuellement soigné le pontife, Barbara Moscatelli donne des précisions sur la maladie qui l’affecte.

Le Saint-Siège a récemment informé que le pape de 88 ans souffrait d’une «pneumonie bilatérale» et que son cas était «complexe». Des annonces qui ont provoqué une grande fébrilité dans les médias du monde entier, certains avançant les pronostics les plus pessimistes.

En fait, la probabilité de succès du traitement pris par François est difficile à estimer car «chaque patient a sa propre histoire», relève Barbara Moscatelli. La doctoresse, interviewée par le journal américain National Catholic Reporter (19 février 2025) a une connaissance étendue de ce type de pathologies, qu’elle a soignées pendant près de 35 ans à l’hôpital Fatebenefratelli de Rome (qui fait partie de la clinique Gemelli). Elle y était cheffe du service de physiopathologie respiratoire et d’endoscopie thoracique.

Des poumons fragilisés

Ce dont souffre François «n’est pas une infection pulmonaire facile à définir ou à gérer», souligne-t-elle. Ces infections polymicrobiennes sont plus fréquentes chez des patients âgés dont le système immunitaire n’est pas au mieux de sa forme. Chez ces personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), il est très fréquent de constater des changements structurels dans les poumons, sous la forme de bronchectasies. Il s’agit de dilatations en forme de faucille ou fusiformes de l’arbre bronchique. Dans ces conditions, le système respiratoire et les bronches deviennent des lieux fréquents de stagnation des sécrétions, ce qui favorise les infections polymicrobiennes.

L’ablation d’un lobe pulmonaire, subie par Jorge Mario Bergoglio alors qu’il avait une vingtaine d’années ne facilite pas les choses. «Lorsque l’ablation du poumon est pratiquée à un jeune âge, il s’adapte et s’installe en bon état dans tout l’espace qu’il a dans la cage thoracique. Dans ces conditions, s’il y a des cicatrices, elles peuvent tirer sur l’arbre bronchique et former ces bronchectasies», note la médecin.

Le pape entre d’excellentes mains

Lors de ses dernières apparitions publiques, le pontife s’est montré souffrant, avec le visage enflé, marchant avec difficulté. «C’est un phénomène assez courant chez les patients qui doivent utiliser des bronchodilatateurs et de la cortisone pour soutenir la fonction respiratoire», analyse Barbara Moscatelli.

L’un des problèmes est que, très souvent, dans les infections respiratoires, le germe responsable de l’infection n’est presque jamais connu. A moins de faire un test invasif, c’est-à-dire une bronchoscopie, qui consiste à prélever le germe à l’endroit où il a produit l’infection. Donc les traitements sont en général empiriques, basés sur la connaissance des germes qui ont pu causer l’infection. Il existe de nombreux types d’antibiotiques, tous très efficaces, principalement utilisés en milieu hospitalier, soit par voie orale, soit par injection directe dans les poumons.

Barbara Moscatelli remarque que certains patients ont besoin d’une assistance respiratoire, à l’aide de tubes ou de masques externes. «Il faut espérer que cela ne soit pas nécessaire pour le pape, car ce serait extrêmement épuisant.» Mais «le pontife est entre d’excellentes mains», assure la doctoresse, qui connaît presque tous les médecins qui s’occupent du Saint-Père. (cath.ch/ncr/arch/rz)

Le pape François est traité pour une infection pulmonaire à la clinique Gemelli à Rome | photo: après son opération en juillet 2021 © Vatican Media
20 février 2025 | 16:33
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Gemelli (60), médecine (45), pape Francois (616), Santé (183), soins (23)
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