L’Église aux Philippines accusée de minimiser le fléau des abus
Les nouvelles données fournies par BishopAccountability.org sur les Philippines relèvent un manque de considération du problème des abus sexuels dans l’Église du pays. Selon l’organisation, la tendance à la dissimulation serait toujours prédominante.
Aux Philippines, aucun prêtre n’a encore été condamné pénalement pour des abus sexuels sur mineurs ou sur des adultes vulnérables. Un fait étonnant pour un pays comptant plus de 80 millions de catholiques. Pour BishopAccountability.org, cela est le signe d’une culture de l’impunité dans le pays.
L’organisation BishopAccountability.org, basée dans l’État du Massachusetts, a été fondée en 2003, en réponse aux révélations sur les abus sexuels dans le diocèse de Boston. Son objectif principal est de documenter les cas d’abus et de rendre accessibles les archives concernant la gestion des abus par l’Église. L’organisation compile des rapports d’enquêtes gouvernementales et ecclésiales, ainsi que des dossiers judiciaires et des témoignages. Elle a récolté des données dans une douzaine de pays, dont les États-Unis, l’Italie, le Royaume-Uni ou encore la Pologne.
Des prêtres accusés toujours en service
Ses recherches aux Philippines ont relevé qu’au moins 82 prêtres et religieux associés au pays ont été accusés d’abus sexuels sur des mineurs, rapporte le site américain Crux. D’après Anne Barrett Doyle, codirectrice de BishopAccountability.org, au moins sept des prêtres accusés continuent de servir dans des paroisses de l’archipel. Elle a déploré que beaucoup d’évêques philippins considéraient dans leur droit de dissimuler des informations sur les abus commis par des prêtres dans leur diocèse.
Selon l’organisation américaine, les mécanismes externes qui ont contraint les évêques catholiques à rendre des comptes dans d’autres pays ne se sont pas ou peu manifestés dans le troisième plus grand pays catholique du monde. La plupart des cas détaillés dans la base de données concernent des abus qui se sont produits depuis 2000 et qui ont été signalés rapidement aux autorités chargées de l’application de la loi – dans les années qui ont suivi leur signalement.
La pointe de l’iceberg
La liste des 82 prêtres «ne représente qu’une fraction du nombre total d’ecclésiastiques accusés qui seraient connus si les responsables de l’Église philippine étaient tenus de signaler les abus sexuels commis sur des enfants aux autorités chargées de l’application de la loi, si son système juridique permettait aux victimes de déposer plus facilement des plaintes civiles contre les responsables de l’Église complices, si les victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé bénéficiaient d’un soutien plus large ou si les diocèses et les ordres religieux faisaient l’objet d’enquêtes de la part de procureurs ou de commissions d’État», a relevé Anne Barrett Doyle.
Le cardinal Pablo Virgilio David, président de la Conférence épiscopale des Philippines, a déclaré dans un communiqué que les évêques avaient mis en place un bureau composé de prélats et d’experts pour protéger les mineurs. Il a assuré que la Conférence épiscopale prenait très au sérieux la question de la responsabilité en cas d’abus de prêtres sur des mineurs. (cath.ch/crux/arch/rz)