Le logo du jubilé 2025, source de revenus pour la CES
L’utilisation du logo de l’Année Sainte émis par le Saint-Siège à l’occasion du jubilé 2025 répond à des normes précises. L’utilisation commerciale du macaron nécessite de s’adresser à la Conférence des évêques suisses (CES). Davide Pesenti, secrétaire général de la CES, donne des explications à cath.ch.
Les préparatifs pour le jubilé battent leur plein en Suisse. Les flyers annonçant les pèlerinages à Rome dans le cadre de l’Année Sainte ont commencé à circuler. Des initiatives telles que des messes, des rassemblements en lien avec le jubilé se dérouleront aussi en Suisse. «Dans ce cas, l’utilisation du logo de l’Année Sainte mis à disposition par le bureau de Rome ne pose pas de problème», explique à cath.ch Davide Pesenti, secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES).
«Nous avons une demande du diocèse de Bâle pour l’utilisation du logo sur des roll-up (panneaux déroulants) situés à l’entrée des églises d’une dizaine de paroisses pour signaler des célébrations en lien avec le jubilé.» Dans ce cas, il n’y pas de problème puisqu’il s’agit d’une information. Tout comme les flyers incitant les fidèles à faire le pèlerinage à Rome. Les sacs et autres objets utilitaires marqués aux couleurs du jubilé mis à disposition des pèlerins ne posent pas non plus de problème.
Un macaron à 7%
La précision n’est pas anodine. En effet, ajoute Davide Pesenti, l’utilisation du macaron aux pèlerins d’espérance à des fins commerciales relève d’un autre cadre juridique. La CES a en effet reçu une demande d’une entreprise saint-galloise qui souhaite apposer le logo sur ses bougies et cierges. Dans ce cas, le fabricant a dû obtenir l’accord préalable de la CES. Par la signature d’un contrat, l’entreprise devra reverser 7% des bénéfices obtenus sur la vente de ses bougies estampillées jubilé.
«Nous avons d’ailleurs un contrat type prêt à l’emploi», précise le secrétaire général de la CES. Pour le décompte des royalties à reverser aux évêques, il n’est toutefois pas question d’exiger la comptabilité des entreprises, relativise Davide Pesenti. «Nous faisons confiance, il ne s’agit pas d’être mercantile.» Le contrat court jusqu’en avril 2026 pour laisser le temps à l’entreprise d’écouler son stock.
Un précédent en 2000
La question se pose quant à la réaction du Saint-Siège par rapport à l’utilisation d’un logo dont il est le créateur, et donc dépositaire, pour un événement qu’il organise. «Nous avons demandé des précisions et un modus operandi à trois reprise au bureau du Jubilé, mais sans réponse de Rome, nous avons dû prendre l’initiative.» Le fabricant de bougies ne pouvait pas attendre avant de lancer la production.
Sans information de Rome, le secrétaire général et son équipe sont allés fouiller dans les archives de la CES pour savoir ce qu’il en était. «Nous avons trouvé un document émis en 2000 à l’occasion de l’Année Sainte mentionnant ces conditions à remplir pour l’utilisation commerciales du logo.» S’appuyant sur ce précédent, le présidium de la CES a décidé de reconduire ce contrat pour 2025. Impossible en revanche de connaître la genèse de cette histoire: le document rédigé en 2000 n’en dit rien. Davide Pesenti relève que le même fabricant de bougies s’était déjà manifesté il y a 25 ans.
Le secrétaire général n’exclut pas une réaction de Rome. Il a bien conscience de la problématique des droits de propriété intellectuelle concernant tout ce qui concerne les logos et donc les marques. Rome serait en droit d’exiger le versement des sommes encaissées par la CES. «Cela dit, tempère-t-il, les montants perçus resteront modestes.»
Il est prévu de reverser les sommes perçues au budget du pèlerinage organisé au mois de mai à l’Abbaye d’Einsiedeln. «Nous attendons entre 2 à 3’000 personnes. En plus de la logistique inhérente à un tel événement, il faudra installer des tentes et des écrans géants pour permettre aux pèlerins restés à l’extérieur de suivre la célébration. Et puis nous restons dans le cadre du jubilé.» Une infrastructure qui se chiffrera en dizaines de milliers de francs.
La question de l’utilisation du logo s’est également posée en Allemagne. Les confrères allemands n’ont pas non plus obtenu de réponse de Rome. «Nous verrons bien ce qu’il advient» (cath.ch/bh)