Sœur Adrienne Barras, de la communauté des Sœurs de Saint Maurice | © DR
Suisse

Adrienne Barras: «La nomination de Sœur Brambilla me paraît comme une évidence»

Religieuse de la Communauté des Sœurs de Saint Maurice, Adrienne Barras a appris avec joie la nomination, le 6 janvier 2024, de Sœur Simona Brambilla à la tête du dicastère pour les Instituts de vie consacrée. Une décision du pape qui lui paraît «logique». Première réaction.

Depuis bientôt cinq ans, Sœur Adrienne Barras est déléguée de l’évêque de Sion, Mgr Lovey, pour la vie consacrée dans le diocèse. Elle est à ce titre membre du Conseil épiscopal du diocèse. La nomination de Sœur Simona Brambilla à la tête du dicastère pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique est donc pour elle particulièrement importante. Réaction à chaud, recueillie quelques heures après l’annonce de cette nomination.

Pour la première fois, une femme a accédé à un poste de responsable «n° 1» à la Curie. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?
Adrienne Barras: Je l’ai apprise par vous, étant en déplacement toute la journée. Cela me fait vraiment plaisir et en même temps cela me paraît comme une évidence… dont il a fallut attendre un peu pour sa réalisation (rire). Je trouve logique, en effet, qu’une religieuse soit responsable du dicastère pour les Instituts de vie consacrée, car 80% des personnes engagées dans la vie religieuse dans le monde sont des femmes. Or ce dicastère n’a eu jusqu’à maintenant que des hommes à sa tête, et pas toujours des religieux. Ce qui manquait, c’est un regard féminin à l’intérieur.

«Je trouve logique, en effet, qu’une religieuse soit responsable du dicastère pour les Instituts de vie consacrée»

C’est aussi une bonne confirmation du travail réalisé durant le Synode sur la synodalité et de son souhait de voir les femmes acquérir leur vraie place dans l’Église. La nomination de Sœur Simona Brambilla à un très haut poste de responsabilités est un bon signal.

Le travail qui l’attend ne sera sans doute pas facile. Le fait qu’elle soit psychologue pourrait-il être un plus?
Tout à fait, elle a même été professeure de psychologie à l’Université grégorienne de Rome. Ses connaissances et expériences vont sûrement lui servir. Les questions traitées dans le cadre de ce dicastère sont souvent complexes. On fait généralement appel à lui quand des choses difficiles, douloureuses, se vivent à l’intérieur des congrégations, des ordres, des monastères…  Par exemple, tout ce qui a trait aux abus commis en leur sein.

Je pense que Simona Brambilla est spécialement bien placée pour les traiter. Elle a elle-même été supérieure générale de sa communauté religieuse, les Missionnaires de la Consolata. Elle a donc l’expérience nécessaire. En plus, cela fait plus d’un an qu’elle est secrétaire du dicastère pour les Instituts de vie consacrée. Elle est en terrain connu.

Ces dernières années, il a beaucoup été question de la souffrance particulière des religieuses, dont le travail est parfois sous-estimé par le clergé. Pensez-vous que les choses pourraient tourner en leur faveur en vertu de cette nomination?
Je pense en tout cas qu’elle va défendre ses sœurs! Je ne la connais pas personnellement, mais elle me paraît bien placée pour comprendre les religieuses qui lui partageront leurs craintes ou difficultés, et pour les prendre au sérieux. Elle vit elle-même cette vocation de l’intérieur.

Si vous aviez l’occasion de la croiser, qu’est-ce que vous aimeriez lui dire?
D’abord merci d’avoir accepté ce service! Et que je lui souhaite du courage et de la joie dans sa mission. (cath.ch/lb)

Réaction de Mgr Félix Gmür, évêque de Bâle et délégué suisse au Synode sur la synodalité
«C’est avec une grande joie que j’ai appris cette nouvelle, parce que c’est la mise en réalité d’une possibilité prévue dans Praedicate evangelium. Sœur Simona est une personne très bien formée, avec une expérience de l’Église à échelle universelle. Elle était Supérieure générale d’une congrégation religieuse et dispose des qualités de gouvernance. J’ai pu expérimenté, alors qu’elle était encore n° 2 du dicastère pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, qu’elle agit de manière claire et rapide.
Je l’ai aussi connue au Synode comme réfléchie et réaliste. Elle sait que les congrégations religieuses féminines ont maints problèmes à affronter, tels que le nombre décroissant des religieuses, surtout en Europe, leur exposition à un regard patriarcal, leur mise à l’écart par rapport aux décisions qui sont souvent prises par des hommes. LB

Sœur Adrienne Barras, de la communauté des Sœurs de Saint Maurice | © DR
7 janvier 2025 | 16:19
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 3  min.
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