Vitrail de la nativité, chapelle de Notre-Dame du Bois, à Siviriez (FR) | © Maurice Page
Homélie

Homélie du 25 décembre 2024 (Jn 1, 1-18)

Abbé Jean Burin des Roziers – Eglise Sts-Pierre et Paul, Cossonay-La Sarraz, VD

C’était le 7 décembre 2024. L’archevêque de Paris, Laurent Ulrich, a frappé trois fois de sa crosse la porte de Notre-Dame de Paris en disant : « ouvre tes portes » ! Et la cathédrale a réouvert ses portes, permettant à des millions de spectateurs de découvrir le magnifique travail réalisé par les artisans. Hier soir, le 24 décembre, une autre porte a été ouverte à nouveau par le pape François à Rome : la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. L’ouverture de celle-ci marque le début de l’Année sainte, du Jubilé qui a lieu tous les 25 ans dans l’Eglise catholique.

Quel est le rapport entre ces deux ouvertures de porte et la fête de Noël que nous célébrons aujourd’hui ? A première vue, il n’y a pas de point commun. Pourtant, si nous contemplons ce qui s’est passé dans les récits de la naissance de Jésus, nous pouvons remarquer qu’il y a bien une sorte d’ouverture qui a eu lieu. Neuf mois avant que Jésus naisse, ce n’est pas un archevêque mais un archange, Gabriel, qui est venu frapper à la maison de Marie pour lui demander si elle acceptait de devenir la mère du Sauveur. Et Marie a dit « oui ».

A partir de ce moment, l’histoire de l’humanité a changé. Pour la première fois, le Verbe, c’est-à-dire le Fils de Dieu, par qui tout a été fait, a quitté le Ciel pour descendre ici-bas sur la terre. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. » Dieu est entré dans notre humanité grâce à Marie qui lui a ouvert la porte.

Jésus se tient devant chacune de nos maisons et frappe à la porte

En réalité, Jésus se tient devant chacune de nos maisons et frappe à la porte. Avec douceur, il nous demande simplement : « Est-ce que je peux entrer chez toi ? Acceptes-tu que je demeure en toi ? » Dieu ne force pas une porte fermée, il respecte notre choix mais il aimerait tellement venir dans chacune de nos vies.

Si la Mère de Dieu l’a accueilli de tout son cœur, cela n’a pas été le cas de tous. Saint Jean le rappelle dans son prologue : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » Nous pouvons non seulement penser aux habitants de Bethléem qui avaient refusé d’accueillir chez eux Marie enceinte, mais aussi à toutes les personnes qui, au cours de l’histoire, ont rejeté le Fils de Dieu.

A l’inverse, beaucoup d’hommes et de femmes à travers les siècles l’ont accepté dans leur existence. L’Evangile continue : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. » En accueillant Jésus dans notre maison intérieure, il nous partage sa divinité, il nous rend semblable à lui !

Le pape François souhaite que cette Année sainte « soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, ›porte du salut’. Il est notre espérance. » Comme ce serait beau, en ce jour de Noël, si chaque personne pouvait écouter Jésus qui frappe à la porte de son cœur pour demeurer chez lui.

Nous pouvons nous sentir indigne de recevoir en nous Jésus, Dieu fait homme. C’est précisément ce que nous disons juste avant la communion : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir. » Qui aurait un palais assez grand pour honorer comme il se doit le Roi de l’univers ? Mais le Fils de Dieu n’a pas voulu naître dans un palais, juste dans une pauvre crèche. Si notre vie ressemble à un lieu avec beaucoup de cheni un peu comme une étable, c’est là que Jésus veut demeurer. Le pape rappelle si souvent que Jésus est venu pour tous : les prisonniers, les malades, les jeunes, les migrants, les personnes âgées, les pauvres… et vous !

Tout à l’heure, nous entendrons un beau chant de communion dont voici les paroles du refrain : « Tu es là présent, livré pour nous. Toi le tout-petit, le serviteur. Toi, le Tout-Puissant, humblement tu t’abaisses. Tu fais ta demeure en nous Seigneur. » Quand nous recevons le corps du Christ, nous sommes remplis de la présence de Dieu. Et c’est cela le grand cadeau de Noël. Jésus s’appelle aussi « Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu-avec-nous », Dieu qui nous accompagne jour après jour quel que soit les épreuves que nous pouvons traverser. Si le Seigneur est devenu homme, c’est pour nous assurer de son amour et de sa présence permanentes. N’oubliez pas : le Seigneur est toujours avec vous !

Il est important de remarquer qu’une porte n’est pas seulement fabriquée pour entrer, mais aussi pour sortir. Après avoir accueilli Jésus dans notre vie, nous sommes appelés comme les bergers à sortir à l’extérieur pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous ! Le pape François nous invite ainsi à « témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur (…). Donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. »

Nous devenons ainsi des pèlerins d’espérance, de Jésus lui-même qui est entré dans notre monde pour nous sauver et nous offrir sa vie éternelle. Quel cadeau ! En cette fête de la naissance de Jésus, laissons résonner à nouveau ces paroles du pape Jean-Paul II au début de son pontificat : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! » C’est Lui le vrai cadeau de Noël, Lui seul qui peut nous donner la lumière

Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Vitrail de la nativité, chapelle de Notre-Dame du Bois, à Siviriez (FR) | © Maurice Page
25 décembre 2024 | 09:41
Temps de lecture : env. 4  min.
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