Homélie du 22 décembre 2024 (Lc 1, 39-45)
Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR
Chers frères et sœurs paroissiens du Val-de-Charmey, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2, en ce 4e dimanche du temps de l’Avent, l’Évangile nous invite à contempler Marie dans sa Visitation auprès de sa cousine Élisabeth. Ce choix est heureux, car nous ne pouvons pas trouver de meilleure accompagnatrice que Marie sur notre chemin vers Noël. Elle nous y entraine à travers trois attitudes :
– Il y a tout d’abord le service, qui pousse Marie à aller avec empressement soutenir sa cousine plus âgée qu’elle.
– Il y encore, l’action de grâce et la louange. Tout respire la joie et l’allégresse dans cette rencontre : sous l’action de l’Esprit-Saint, Jean tressaille dans le sein de sa mère, Élisabeth clame sa reconnaissance, Marie entonne son Magnificat !
– Enfin, ces deux femmes donnent un lumineux témoignage de foi, sur lequel nous allons méditer. Mais avant cela, revenons huit siècles auparavant, pour nous laisser rejoindre par le prophète Michée dont l’oracle va un jour guider les Rois Mages jusqu’à la Crèche (Mt 2,5-6).
Michée et les autres prophètes bibliques interpellent le peuple de deux manières :
– Parfois ils avertissent ceux qui s’égarent ou s’éloignent de Dieu et de sa loi d’amour, au risque, s’ils s’obstinent dans cette voie, de devenir les artisans de leur propre malheur.
– A d’autres occasions, surtout dans les temps d’épreuve, ils encouragent ceux qui demeurent fidèles afin qu’ils persévèrent et résistent à la tentation de tout laisser tomber.
Le mal n’aura pas le dernier mot
C’est précisément ce type de prophétie que Michée adresse au peuple : à ceux qui se demandent si Dieu les a abandonnés (ce qui peut aussi nous arriver), le prophète réaffirme que le mal n’aura pas le dernier mot, que le Seigneur accomplira fidèlement sa promesse : un jour, leur assure-t-il, celle qui doit enfanter mettra au monde un Roi, qui, comme David, naîtra à Bethléem et conduira son peuple. Il sera revêtu de la puissance du Seigneur pour accorder la sécurité et la paix. (Mi 5,2-4). Autrement dit : Même si les temps sont durs, gardez courage ! Le Messie promis viendra, c’est certain.
Il y a une béatitude liée à la foi
L’Évangile de la Visitation, nous l’avons dit, est tout imprégné de joie et d’allégresse. Il est aussi un puissant témoignage de foi. « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » se demande Élisabeth. Le mot Seigneur, Kurios, en grec , qu’elle professe est le titre divin que donneront les apôtres à Jésus ressuscité. Élisabeth reconnait donc que l’enfant que porte Marie est le Fils de Dieu. Voilà un bel acte de foi ! Et elle continue dans cet élan en proclamant, au sujet de Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Cette confession de foi rappelle l’interpellation de Jésus à Saint Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29). Il y a donc une béatitude liée à la foi. Un bonheur de croire. Si c’est vraiment le cas, ne vaut-il pas la peine de se demander : mais au fond, ça signifie quoi « avoir la foi » ?
Nous pouvons dire qu’il y a plusieurs degrés ou étapes sur le chemin de la foi :
– Croire que Dieu existe, qu’il doit bien y avoir une intelligence qui soit à l’origine de l’univers et de la vie. Certains la nomment Dieu, d’autres, énergie cosmique, «grand horloger», cause première … Cette opinion, très répandue et souvent assez confuse, atteste que l’homme a besoin de religiosité et de croyance.
– Croire Dieu, comme lorsque l’on dit « je crois Laetitia ». Là, je crois celui qui se révèle. « Je crois Dieu », signifie que je le reconnais comme source de vérité, que j’adhère à ce qu’il dit de lui-même (dans la Bible).
– Croire en Dieu. A ce niveau, il y a l’expérience d’une rencontre qui ouvre à une relation de confiance. Je peux me confier en Lui, m’appuier sur Lui. Il s’agit non seulement d’une adhésion de l’intelligence, mais aussi du cœur, qui va entrainer un agir, une pratique, une manière de vivre, illuminée par l’amour.
Reconnaissons-le, lors des périodes difficiles, ce n’est toujours facile de croire à l’existence de Dieu. Au point que parfois, certains nous demandent : « Où est-il ton Dieu ? Es-tu sûr qu’il existe ? » Peut-être que cette question en cache une autre qui est, au fond, la vraie question. « Est-ce que moi, j’existe pour Dieu ? » Dans les moments de doute, d’angoisse, d’épreuve, Dieu peut bien être l’architecte de l’univers … ce n’est pas le fait de croire à une telle figure lointaine qui va m’aider à avancer.
La certitude que Dieu nous connaît, nous aime
Lorsque nous nous sentons seuls dans nos difficultés, la vraie consolation ne nous viendra pas seulement de la foi en l’existence de Dieu, mais de la certitude qu’Il nous connait, qu’il nous aime, qu’il n’est pas indifférent à notre sort.
Et c’est précisément là que nous touchons le mystère de Noël ! La naissance de Jésus est une sublime manifestation de l’amour de Dieu pour nous. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle », dit Jésus (Jn 3,16).
C’est pour nous qu’il s’est fait homme. Ne pouvant se résoudre à nous laisser nous égarer, Dieu, en Jésus, se fait l’un des nôtres. Il vient instaurer une relation personnelle, une relation d’amour. Notre foi ne nous met pas en contact avec un concept flou, abstrait, distant, mais bien avec le Dieu vivant. Lorsque la Bible dit « Ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé. […] Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » (Isaïe 43,1 ; 4), c’est à chacun et chacune de nous qu’il le dit.
C’est à ce niveau-là, que la foi nous rend réellement heureux. Une foi renouvelée en Jésus, voilà le vrai cadeau de Noël ! Et c’est par Marie que nous pouvons le mieux nous préparer à l’accueillir. Aussi, en cette veille de la Nativité, nous pouvons nous tourner vers la Mère de Dieu et la prier : « Vierge bénie entre toutes les femmes, Mère choisie entre toutes les mères, Mère du Christ et mère des hommes, donne-nous ton Fils, donne-nous ton Fils ». (Donne-nous ton Fils – V116, Maurice Debaisieux, Auteur, compositeur).
4e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Michée 5, 1-4; Psaume 79; Hébreux 10, 5-10; Luc 1, 39-45
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