Quand la pleine lune s’y trouve impliquée
Comment la date de Pâques est-elle fixée?
Fribourg, 7 avril 1998 (APIC) Dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ. Sur un milliard de chrétiens recensés, même si tous ne pratiquent pas ni ne croient entièrement au miracle de Pâques, la plupart savent faire le lien avec Jésus de Nazareth, mort et ressuscité. Mais comment a été fixé la date de la fête de Pâques dans l’histoire? A cause du printemps, symbole de la vie nouvelle qui surgit? Il faut plutôt chercher une réponse du côté de la pleine lune en cette période de l’année.
Les chrétiens sont tributaires de la tradition religieuse juive. Les disciples du Christ célèbrent Pâques en fonction de la Pâque juive qui rappelle la sortie de l’esclavage des Juifs en Egypte et leur passage vers la Terre Promise. Il y eut dans les premiers siècles, diversité dans la manière de fixer le jour de la commémoration du Christ vivant. Les Eglises plus directement issues du judaïsme s’en tenaient à la date de la Pâque juive, le 14 nizan, c’est à dire le jour de la pleine lune de printemps. Les autres voulaient que cette célébration se fit un dimanche, jour de la résurrection du Christ. C’est cette manière de faire qui fut finalement imposée à toute l’Eglise par le premier Concile de Nicée et par l’empereur Constantin (325). La fête de Pâques est célébrée le premier dimanche suivant la lune de printemps.
La décision du pape Grégoire XIII
Mais depuis la décision de Nicée, le pape Grégoire XIII a révisé le calendrier julien pour le mettre en accord avec le soleil, en retirant dix jours de l’année 1582. Les orthodoxes n’acceptèrent pas cette décision. Aujourd’hui la différence entre les deux calendriers est de 13 jours ce qui explique le même calcul du dimanche qui suit la pleine lune de printemps conduise à des dates différentes pour la Pâque orthodoxe et la Pâque catholique ou protestante.
Pour sa part, le Concile Vatican II a souhaité l’établissement d’un calendrier fixe, à condition que toutefois que cette stabilisation de la date de Pâques ne devienne pas une pomme de discorde supplémentaire avec les orthodoxes. Paul VI a même suggéré au Concile que Pâques soit définitivement compris entre le 9 et le 16 avril.
Une proposition visant à mettre fin à la division des Eglises sur la question de la date de la fête chrétienne la plus importante, Pâques, semble recueillir le soutient de plusieurs grandes Eglises. Il n’est pas impossible, assure-t-on du côté du Conseil œcuménique des Eglises (COE), à Genève, que d’ici l’an 2001 les chrétiens du monde célèbrent chaque année Pâques ensemble.
Thomas Fitzgerald, prêtre orthodoxe et directeur de l’Unité I du Conseil oecuménique des Eglises – Unité et Renouveau – qui a organisé l’an dernier une rencontre à Alep, en Syrie, sur la date de Pâques, s’est dit «agréablement surpris par le nombre de réponses positives. Cela montre, a-t-il dit, qu’un grand nombre d’Eglises prennent cette question au sérieux, et reconnaissent la valeur des propositions de la réunion d’Alep.»
Des représentants des grandes traditions chrétiennes avaient approuvé à Alep une proposition selon laquelle les Eglises continueraient de suivre le principe existant pour calculer la date de Pâques, mais en s’appuyant sur des données astronomiques modernes très précises. Ceci devrait contribuer à mettre fin à la division. La proposition, qualifiée par le COE «d’ingénieuse», demande à toutes les Eglises de suivre le principe établi par le premier Concile oecuménique de Nicée, en 325, selon lequel la fête de Pâques devait être célébrée le dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Pour le Père Fitzgerald, «des calculs astronomiques plus précis devraient contribuer à parvenir à une solution. Mais celle-ci dépend aussi de la volonté des Eglises d’aboutir à un accord.»
L’année idéale
L’année 2001 est une année idéale pour commencer un système convenu, puisque la date du 15 avril 2001 sera la date de Pâques commune à tous les chrétiens selon les deux méthodes de calcul actuellement utilisées. (apic/com/eni/ba)