Claude Ducarroz

Les bons sens de Noël

Plus la fête de Noël se rapproche, plus je sens monter autour de moi -et parfois aussi en moi- des sentiments de tristesse et de découragement. Au vu du spectacle offert par les actualités du monde, ne sommes-nous pas tous tentés de fermer nos yeux pour ne plus voir, de nous boucher les oreilles pour ne plus entendre?

Car il y a un tel fossé entre le message du proche Noël et les tragiques évènements qui font la une des médias. Prendre des distances, fuir la déprime collective, se réfugier ailleurs, simplement pour survivre. Qui n’a pas éprouvé, à un moment ou un autre, une forte envie de lâcher prise pour échapper aux vertiges de l’impuissance toxique face aux erreurs et horreurs qui scarifient notre humanité?

Et pourtant il nous faut continuer de vivre, humainement et si possible chrétiennement, dans cette société telle qu’elle est. Pénible fatalité! Rude devoir!

Je rouvre mes yeux et mes oreilles. Il y en a toujours deux. L’un et l’une pour affronter tout le négatif avec courage, les autres pour recueillir tout le positif, avec peut-être le même courage. Pour ne pas déserter. Pour ne pas désespérer non plus.

«De grâce, ouvrons les autres jumeaux de nos sens si précieux»

Pas besoin de faire un dessin ni un reportage compliqué pour montrer tout ce qui, chaque jour, souille, blesse et même tue la dignité et la vie de malheureux humains. Mais, de grâce, ouvrons les autres jumeaux de nos sens si précieux, un œil pour voir aussi la beauté de tout le bien accompli, une oreille pour entendre aussi la rumeur de tant d’engagements généreux, surtout s’ils ne font pas beaucoup de bruit.

Une autre lecture. Une autre audition. La splendeur cachée d’un cœur qui aime. La musique discrète de mains qui se tendent vers quelqu’un qui pleure parce qu’il souffre.

Oui, ça existe aussi, tous les jours, comme des défis à toutes les impuissances politiques, comme des bravades d’amour face à tous ceux qui choisissent la nuit du repli ou le confort de l’abstention.

Deux yeux et deux oreilles. Pour voir quoi? pour entendre quoi?

Ce qui se passa à la première crèche, près de Bethléem, et ce qui se passe encore dans toutes les crèches d’aujourd’hui. Oui, Dieu qui continue de nous déclarer la paix, un Christ silencieux qui s’engage à nous l’offrir, une Marie et un Joseph qui la sollicitent toujours à coups de prières émerveillées. Et aussi des bergers, ces humbles ouvriers des béatitudes, qui donneront toujours raison aux artisans concrets de la paix, ce divin cadeau pour tous les humains.

Claude Ducarroz

20 novembre 2024

Les Pères dominicains en Ukraine distribuent de l'aide humanitaire dans les zones de guerre | © Jaroslav Krawiec
20 novembre 2024 | 07:53
par Claude Ducarroz
Temps de lecture : env. 2  min.
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