Anne-Julie Ruz: «Les progrès digitaux de RTSreligion sont une grande fierté»

Durant trois ans, Anne-Julie Ruz a été mandatée par Cath-Info pour œuvrer comme productrice au sein de la nouvelle structure digitale de RTSreligion. cath.ch fait le point avec elle, sur cette fonction essentielle, qui exige patience et combativité.

En quoi a consisté votre mission de productrice digitale?
A RTSreligion, il y avait de la radio, de la télé, mais pas grand-chose au niveau ‘digital’. Et on voulait se mettre à la page des médias sociaux. Ma mission était donc de développer une offre destinée aux réseaux sociaux. Au même moment, nous apprenions la disparation du magazine TV de religion Faut pas croire. Avec cette perte en termes de contenus visuels, nous avons dû nous adapter au mieux pour offrir un produit destiné aux réseaux sociaux. En parallèle, il était nécessaire de former une équipe de journalistes radio à la vidéo et au montage, et de coordonner cette nouvelle offre avec la RTS. Il fallait également penser et réaliser ces sujets, ce qui implique une certaine créativité, tout en s’inspirant de qui se fait ailleurs et en essayant d’être toujours connecté à l’air du temps.

Qu’avez-vous appris durant ce mandat?
La découverte des différents milieux religieux a été une nouveauté incontestable pour moi, qui n’avais pas une grande culture religieuse, mais un intérêt marqué pour cette thématique. D’ailleurs, pendant un an et demi, j’ai effectué en parallèle une formation entre la Faculté de théologie de l’UniGE et l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) à Genève. J’ai également beaucoup appris en technique, à la caméra et au montage. Je suis désormais une experte en ‘débogage’ du logiciel du montage Première.

Au niveau humain, ce je que j’ai appris est vraiment vaste: devoir former une équipe et la faire avancer, avec les compétences et les sensibilités de chacun·e. J’ai essayé d’être une productrice qui permette aux journalistes de trouver leur place et d’exploiter au mieux leur potentiel.

Quels ont été les points forts de votre job?
La réflexion constante sur comment atteindre le public. Je suis partie de l’idée de base que tout le monde a des questionnements sur le sens, chacun·e a sa quête de sens. Et surtout comment parler aux jeunes. Comment rendre ces sujets attractifs? A travers une forme originale ou en passant par l’humour pour questionner? Il a fallu souvent trouver une certaine légèreté pour aborder des sujets sérieux et complexes.

Un autre point fort est que nous avons réussi à fonder une équipe soudée, qui se donne des retours fermes mais bienveillants. Avec Marie Destraz, coproductrice, nous nous sommes apportées un vrai soutien mutuel. C’était une chance d’avoir deux profils très complémentaires pour diriger l’équipe. Enfin, nous avions une grande liberté dans le choix des sujets, ce qui a pu être à double tranchants parfois, mais qui nous a permis de traiter certains thèmes que je n’aurais pas penser aborder. Par exemple, je n’aurais jamais imaginé consacrer un explainer sur les psychédéliques au sein d’une rédaction religieuse.

Quelles sont vos fiertés de ce travail ?
Ce sont avant tout les progrès accomplis par l’équipe. Par exemple, quand je vois une journaliste qui n’avait jamais touché à un logiciel de montage vidéo et qui est désormais capable de monter un sujet toute seule, du début à la fin. Ou que ces journalistes, issues de la presse écrite ou de radio, qui ont acquis la grammaire de l’image… eh bien je me sens hyper heureuse. C’est rassurant de savoir que je m’en vais aujourd’hui, mais qu’elles sont tout à fait autonomes. Oui, ça me rend très fière.

J’ai été très contente aussi de faire les Vœux de RTSreligion pour le nouvel an 2024. Ce fut une belle expérience humaine et journalistique, à la rencontre de deux femmes inspirantes.

Et quels sont les défis rencontrés?
Exercer la fonction de productrice exige une forte charge administrative et de coordination avec la RTS. Et comme RTSreligion est une structure à part, il a fallu se mettre d’accord sur à peu près tout. J’aurais aimé aller un peu plus sur le terrain et à la rencontre des milieux religieux. Mais j’ai quand-même quelques bons souvenirs, comme rencontre avec les sœurs du monastère de Collombey (VS) qui fabriquent des hosties. Un point positif cependant est que, dans un avenir proche, RTSreligion digital va davantage aller à la rencontre des gens, des groupes, des communautés, et ceux que l’on appelle les héros du quotidien.

Avez-vous déjà des projets d’avenir?
Je me dirige vers davantage de journalisme de terrain. J’espère retrouver ce contact avec la matière, le terrain et l’éditorial. Et surtout, je me vois vraiment retourner derrière la caméra, ou en tournage avec la caméra au poing. (cath.ch/gr)

Un parcours varié
Né en 1989 à Lausanne, Anne-Julie Ruz est diplômée en sciences politiques à l’Université de Lausanne. Elle s’intéressait d’abord aux relations internationales et effectue, entre autres, un stage à l’ambassade de Suisse au Chili. Après un Master en socioéconomie à l’Université de Genève, elle souhaite s’investir pour des projets de développement dans des ONG. Mais c’est finalement pendant un emploi de réceptionniste à la RTS, qu’elle décide de se lancer dans le journalisme. Elle effectue un master à l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’UniNE. Après plusieurs stages – à Canal9, 24 Heures et RTS radio, entre autres – elle obtient son RP. Elle travaille pendant 3 ans comme journaliste TV à l’émission culturelle de la RTS, La Puce à l’Oreille. Engagée par Cath-Info, elle arrive en août 2021 à RTSreligion digital. GR

Indice, un nouveau format que Anne-Julie Ruz a coproduit, avec le mini-portrait/objet de Léa Candaux.