Le diocèse de Sion a lancé un audit pour faire la lumière sur la gestion des abus sexuels | © Bernard Hallet
Suisse

La justice valaisanne classe les affaires d’abus dans l’Église

Le ministère public valaisan a classé les affaires d’abus sexuels perpétrés au sein de l’Église. Tous les faits dénoncés sont prescrits ou n’ont pas fait l’objet d’un dépôt de plainte pénale dans les délais, ou encore les auteurs présumés sont décédés, indique-t-il, le 17 octobre 2024 dans un communiqué.

En septembre 2023, après la parution du rapport historique de l’Université de Zurich sur les abus dans l’Église, le ministère public valaisan a mandaté la police cantonale pour investiguer les éventuelles infractions commises en Valais. Compte tenu du nombre de personnes qui se sont annoncées spontanément à la police, à savoir 36, il a été décidé de tenir un dossier global, explique la procureure générale Béatrice Pilloud.

25 personnes ont dénoncé 33 agissements à caractère pénal dont elles ont été victimes ou témoins. 11 ont dénoncé des agissements qui n’ont pas permis de retenir une infraction pénale, détaille le ministère public. Les actes les plus anciens remontent à 1946. Plusieurs infractions avaient par ailleurs déjà fait l’objet de jugements antérieurs.

Les personnes entendues «ont fait part de leur souffrance et de leur colère vis-à-vis de l’Église qui n’a rien fait», écrit le ministère public. «Elles sont conscientes que les agissements sont prescrits et n’attendent rien de la justice, hormis que la lumière soit faite et que ces agissements intolérables ne se reproduisent plus», poursuit-il.

Vingt auteurs présumés

Sur les 33 agissements à caractère pénal dénoncés, 10 cas pourraient être constitutifs d’actes d’ordre sexuel avec des enfants, et 13 autres de désagréments causés par la confrontation à un acte d’ordre sexuel. Les personnes qui se sont annoncées à titre de victimes étaient âgées de 4 à 37 ans au moment des faits. 17 sont des hommes, 8 des femmes.

Ces témoignages ont permis d’identifier 20 auteurs présumés. 7 d’entre eux sont décédés, 3 ont été mis en cause par plusieurs personnes pour des agissements distincts. Et dans 11 cas, les chanoines, capucins ou prêtres diocésains n’ont pas pu être identifiés.

Tous les faits dénoncés étant prescrits ou n’ayant pas fait l’objet d’un dépôt de plainte pénale à temps, une ordonnance de classement a été rendue.

Prescription, impossibilité de démontrer les faits ou décès

A noter que les dossiers individuels ont été clos par des ordonnances de non entrée en matière ou de classement, en raison principalement de l’impossibilité de démontrer les faits, de la prescription et des décès survenus. «Cela concerne aussi Mgr Jean Scarcella«, souligne le ministère public qui a avait déjà communiqué sur le sujet. Le Père-Abbé de Saint-Maurice, soupçonné d’abus sexuels et de leur dissimulation, avait quitté son poste en septembre 2023 afin de garantir l’indépendance de l’enquête. La procédure canonique contre lui est toujours pendante.  

A noter en outre que le diocèse de Sion a publié en juin 2024 un rapport d’audit sur le traitement des abus sexuels et a pris en octobre une série de mesures de ‘bientraitance’ en faveur des victimes. (cath.ch/com/mp)

Le diocèse de Sion a lancé un audit pour faire la lumière sur la gestion des abus sexuels | © Bernard Hallet
17 octobre 2024 | 14:58
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Abus sexuels (1287), diocèse de Sion (190), Justice (178), Valais (195)
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