Sénégal: le gouvernement impose le port de signes religieux à l’école
Dans un arrêté daté du 6 octobre 2024, le gouvernement du Sénégal a introduit une nouvelle disposition qui impose aux écoles d’accepter le port des signes religieux distinctifs par les élèves, après avoir menacé celles qui appliqueraient leur interdiction en leur sein.
Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, interdit désormais aux écoles publiques, privées (confessionnelles ou non) et les établissements de formation professionnelle toute exclusion d’élèves pour cause de port de signe religieux.
Il exige des parents et des élèves l’acceptation de la mixité, et le respect mutuel en vue de renforcer les valeurs du vivre-ensemble. «Exceptés les toilettes et les vestiaires, aucune entrave à la mixité dans l’espace scolaire, y compris les tables-bancs, les bancs publics et les terrains sportifs ne sera tolérée», indique le texte.
Il a rappelé que les règlements intérieurs des écoles doivent garantir «un environnement propice aux enseignements et aux apprentissages en assurant (…), mettant aussi en garde contre «toute forme de violence physique ou morale et de harcèlement».
En septembre 2020, l’Institut Sainte-Jeanne-d’Arc de Dakar, propriété de la congrégation des sœurs de saint-Joseph de Cluny, avait interdit le port du voile à ses élèves. La direction avoit constaté que des élèves de confession musulmane, portant le voile islamique, refusaient de s’asseoir sur les même bancs publics que leurs camarades hommes, et de pratiquer l’éducation physique avec eux. Elles refusaient aussi de leur serrer la main.
L’application de cette mesure, approuvée par une grande majorité de parents d’élèves, avait été critiquée par quelque uns. Ils estimaient qu’elle constituait «une atteinte à l’islam». Un groupe de 22 parents, sur un effectif de plus 1’700 élèves que comptait l’établissement, avait mobilisé les médias contre l’école.
La direction de l’enseignement privée catholique et le Conseil national du laïcat (CNL) du Sénégal n’ont pas encore réagi au nouvel arrêt du ministre. Interrogé par le correspondant de cath.ch, L’abbé Georges Guirane Diouf, directeur diocésain de l’Office diocésain de l’enseignement catholique (ODEC) de Dakar, a déclaré qu’une «réflexion était en cours» pour une éventuelle réponse à cet arrêté.
Le CNL avait dénoncé le 21 septembre dernier, les sorties répétées du Premier ministre Ousmane Sonko contre les écoles privées catholiques autour du port du voile islamique. (cath.ch/ibc/bh)