Allemagne: Les théologiens catholiques critiquent la pratique du «nihil obstat» des évêques
Plus de transparence dans les décisions épiscopales
Dresde, 15 juin 1998 (APIC) La pratique du «nihil obstat» – l’autorisation que les évêques diocésains accordent ou refusent – lors de la nomination de professeurs aux Facultés de théologie catholiques est loin de faire l’unanimité des théologiens. Ils craignent que certaines décisions manquant de transparence compromettent les rapports entre théologie et ministère épiscopal.
Le Comité de la section allemande de la Société européenne de théologie catholique, dans un communiqué publié à Dresde, déplore le manque de transparence dans les décisions prises par des évêques diocésains ces derniers temps. Les théologiens estiment que des évêques ont négligé certains aspects de la question lors de récentes procédures de ce type. Cela pourrait aussi mettre en cause la légitimité de la théologie dans les Universités d’Etat «quand de telles décisions apparaissent trop peu fondées théologiquement et juridiquement pas transparentes».
C’est à l’instance ecclésiale qui refuse la permission que revient le fardeau de la preuve et le devoir d’en fournir les raisons théologiques, relèvent les signataires du communiqué. Les théologiens rejettent également l’exigence de «gestes de soumission» comme la rétractation publique de déclarations particulières. Les réserves et les objections doivent être fournies par écrit à la personne intéressée.
Des théologiens allemands ont récemment protesté contre le refus de la permission d’enseigner visant le théologien Nobert Mette, l’un des initiateurs de la «Pétition du peuple de Dieu» demandant des réformes dans l’Eglise. Mgr Reinhard Lettmann, évêque de Münster, en Allemagne, a refusé la permission d’enseigner au théologien laïc Norbert Mette. Professeur à Paderborn, Norbert Mette avait postulé pour une chaire à la Faculté de théologie de Vechta. Les raisons de ce refus n’ont pas été publiées. Le fait que N. Mette soit l’un des initiateurs des «pétitions du peuple de Dieu» et ait régulièrement soutenu son collègue Eugen Drewermann n’y est certainement pas étranger.
Le professeur Mette avait postulé en 1996 déjà pour une chaire de pastorale et de pédagogie religieuse à la Faculté de théologie de Vechta qui dépend du diocèse de Münster. Alors qu’il était le candidat le mieux placé, Mgr Lettmann a exigé de lui une récusation publique de certains points de sa théologie. Les désaccords touchent notamment le non accès des femmes au sacerdoce, que le théologien juge sexiste, ou encore ses appels à la résistance face au pape. N. Mette estime s’être expliqué sur les questions litigieuses, ce que, semble-t-il, l’évêque n’a pas jugé suffisant. Selon le concordat passé entre les Länder allemands et le Saint-Siège, lors de la première nomination d’un professeur à une chaire de théologie, le «nihil obstat» (rien ne s’y oppose») de Rome est nécessaire. Pour les nominations postérieures, seul l’évêque du lieu est compétent. (apic/kna/be)