Nicaragua: le régime d’Ortega expulse les prêtres à tour de bras
Les autorités du Nicaragua ont expulsé vers Rome deux nouveaux prêtres catholiques, les Pères Leonel Balmaceda et Denis Martinez, arrêtés au Nicaragua les 10 et 11 août 2024. Cela porte à 245 le nombre de membres du clergé catholique contraints à l’exil ou expulsés, rapporte le portail «Vatican News» le 20 août.
Les premières arrestations et expulsions ont eu lieu dès 2018, quand la société civile, étudiants et clergé catholique en tête, a réclamé la démission du président Daniel Ortega, qui, avec son épouse et vice-présidente Rosario Murillo, ont instauré un régime dictatorial.
Trois évêques et le nonce apostolique
Parmi les victimes de cette politique répressive, le nonce apostolique, Mgr Waldemar Sommertag, trois évêques, 136 prêtres venus de différents diocèses du Nicaragua, trois diacres, onze séminaristes et 91 religieuses ou religieux. Toujours selon le site qui cite le document, 19 religieux, dont Mgr Rolando Alvarez, l’évêque en exil Mgr Silvio Báez, et 14 autres prêtres, ont été déclarés «traîtres à la patrie» et déchus de leur nationalité.
Le Père Balmaceda, curé de l’église de Jesus de Caridad de La Trinidad, est issu du diocèse d’Estelí, tandis que le Père Denis Martinez, est formateur au séminaire interdiocésain Nuestra Señora de Fatima de Managua, du clergé du diocèse de Matagalpa, tous deux administrés par Mgr Rolando Alvarez, emprisonné puis expulsé et accueilli à Rome en janvier dernier.
Des défenseurs des droits humains et des médias indépendants ont dénoncé l’expulsion, comme les sites La Prensa et 100% Noticias, qui ont également rapporté que Danny García, curé de l’église San Juan Bautista de Matagalpa, avait été «libéré» après l’annonce de son arrestation par la police nicaraguayenne le 15 août et aurait déjà quitté le Nicaragua.
La Caritas de Matagalpa interdite, des Universités catholiques dissoutes
Par une disposition officialisée lundi 12 août, le ministère de l’Intérieur nicaraguayen a annulé la personnalité juridique de l’Association diocésaine Caritas de Matagalpa et celle de 14 autres ONG du diocèse qui a connu une série d’arrestations et d’expulsions de prêtres ces derniers jours. Les biens mobiliers et immobiliers des organisations seront transférés à l’État.
Depuis 2018, plus de 3’500 partis politiques, associations et ONG ont été supprimés. L’an dernier, l’Université centraméricaine du Nicaragua (UCA), un célèbre établissement catholique jésuite, avait été confisquée par le pouvoir et placée sous séquestre après une décision de la justice le 15 août, sous prétexte que l’UCA aurait été «un centre de terrorisme».
Le régime d’Ortega a également dissout l’Université catholique Immaculée Conception, (Ucicam), dépendante du diocèse de Managua et responsable de la formation philosophique et théologique des séminaristes, ainsi que l’Université Jean Paul II et l’Université chrétienne autonome du Nicaragua (UCAN). (cath.ch/vaticannews/be)