Un Camp Voc’ pour vivre l'amour de la musique, la foi et l'amitié
«Fais du neuf aujourd’hui, c’est l’appel de la vie…» Les voix d’une trentaine d’enfants de 9 à 14 ans s’élèvent avec enthousiasme dans la maison «La Rencontre», à Arzier (VD). Derrière, pour les accompagner, se succèdent des petits et petites violoncellistes, violonistes, flûtistes et guitaristes. Bienvenus au Camp Voc’ Musique, organisé cet été du 28 juillet au 3 août 2024.
Des plus petits aux plus âgés, la concentration et la participation sont au rendez-vous. Tout à leur affaire, les yeux rivés sur leurs partitions et sur la musicienne Marie Reymond-Bouquin – qui les dirige avec humour et avec un plaisir évident, les invitant à «chanter à fond les patates» – les enfants entonnent des chants chrétiens, tapent des mains et tournent sur eux-mêmes en rythme. Les rires fusent. Guillaume, un animateur, les accompagne tantôt au piano tantôt à la guitare, puis d’autres enfants prennent la relève côté ›instru’. Une flûte retentit, des archets glissent sur des violons et violoncelles.
«La musique, c’est une grande partie de ma vie. Ce que j’apprécie vraiment ici, c’est que je rencontre de nouvelles personnes qui l’aiment comme moi. On se comprend. En plus, l’ambiance est gentille», m’explique Titus, 14 ans, qui pratique le piano et n’en est pas à son ballon d’essai en terme de Camp Voc’ Musique. «J’aime partager la foi et la musique», souligne de son côté Eugénie, joueuse de flûte traversière.
Pouvoir vivre sa foi sans être jugé
«Ce qui ressort principalement quand on interroge les enfants sur ce qu’ils aiment dans ce camp, c’est l’atmosphère d’amitié et de bienveillance qui y règne», commente Élisabeth, une des animatrices du séjour proposé par le Centre romand des vocations. «Les enfants n’ont pas besoin de porter des masques, ils sont accueillis ici comme ils sont. L’un d’eux m’a dit: ›On a le droit de dire qu’on croit en Dieu’.»
Marie Reymond-Bouquin, responsable du camp avec son mari Nicolas, rebondit. «C’est vraiment ce mélange de musique et de foi qui réunit les enfants. Certains pratiquent un instrument depuis des années et pourraient faire des stages de musique d’orchestre par exemple, mais ils ont choisi d’être là. D’autres ne jouent pas d’un instrument, mais aiment chanter. De la même façon, ils ne viennent pas tous de familles catholiques pratiquantes. Certains n’ont pas fait leur première communion, alors que d’autres vont régulièrement à la messe ou sont servants de messe. Ils ramènent parfois dans leur paroisse les chants appris durant le camp. Un petit groupe de jeunes de 13-14 ans a même monté sur la lancée un petit chœur en Valais.»
Dessine-moi un panthéon des ordres religieux
Dans le couloir, revêtu de son habit de religieux, apparaît Frère Pierre de Marolles, prieur du couvent dominicain de Genève. «J’ai été recruté en tant qu’animateur. Là où il y a de la bonne musique et des prières, je viens.» Organisation des journées, promenades, repas, Frère Pierre partage les tâches de l’équipe d’animation. Seule la messe de la semaine reste sa chasse gardée.
Ce jour-là, après les deux heures de musique du matin, le dominicain se transforme en conteur et dessinateur. Il expose aux petits musiciens, croquis à l’appui, la naissance des ordres religieux, leurs distinctions et leur implantation en Suisse. Ermites de St-Augustin, bénédictins, cisterciens, franciscains, chanoines, dominicains et jésuites se bousculent dans la tête des enfants. Un sujet plutôt complexe, mais qui trouve pourtant des oreilles attentives. «Quand on vit à plusieurs, il y a forcément des bagarres. Qu’est-ce qu’il faut pour les éviter?» «Des règles», s’exclame un garçon. La salle contient plusieurs connaisseurs. Des mains se lèvent et des noms de saints, de monastères et de couvents sont avancés.
Amour et entraide au menu du jour
L’organisation roule sur des rails. Pas de fausse note ce jour-là. Composée de dix animateurs, dont deux préposés à la cuisine, l’équipe encadrante conjugue efficacité, enthousiasme et engagement. Le thème du jour «Aimer son prochain» a été construit autour de la personne de Bernard de Menthon, avec, comme il se doit, un chien St-Bernard pour mascotte. Le lendemain, ce sera au tour de la marmotte – une bâtisseuse hors pair – d’inspirer les enfants à «Construire le bonheur» avec, au programme, une journée d’activité en forêt et un temps de sacrement du pardon «pour tous ceux qui l’ont déjà vécu une fois», précise Frère Pierre.
Pour l’heure, les enfants sont invités à échanger sur l’amour du prochain mis en action. Assis par terre, à l’ombre des arbres au vu de la chaleur estivale qui règne, dans le vaste parc de la résidence, ils discutent par petits groupes d’âge, guidés par des animateurs. «Quelles sont mes qualités? Comment puis-je les mettre au service des autres…»
A la rencontre des autres
Vient ensuite le temps des bricolages sur la terrasse, avec vue sur le lac Léman et les Alpes, histoire de garder une trace concrète des échanges. «On doit découper des lettres dans les journaux pour écrire comment on peut aider les autres», m’explique Julie, 11 ans, occupée à bricoler avec trois autres copines. Pour elle et pour Clara, ce sera «rendre service», et pour Laurène et Noémi, «sourire».
A la table des adolescents, Philomène, 13 ans, a choisi «l’écoute» pour sa part. «C’est important d’écouter les gens d’abord, pour comprendre leurs problèmes.» «Moi, je suis une pipelette, alors j’aime bien aller voir ceux qui ont plus de peine à parler», renchérit Ella.
«A vos marques, prêts, partez» pour une nuit d’adoration
La journée, déjà bien pleine, n’est de loin pas terminée! Les animateurs ne sont pas près d’aller se coucher! Repas, tâches ménagères – d’une dizaine de minutes, histoire d’apprendre à mettre la main à la pâte -, temps calme, musique, sport ou bricolage… Et en sus, pour ceux qui le veulent, une nuit d’adoration du Saint-Sacrement, assurée en relais de une à deux heures de veille.
«L’idée est de faire une chaîne d’adoration de 21h30 à 8h le matin», précise la responsable du camp. «On a expliqué aux enfants qu’ils peuvent juste se tenir là, prier librement, poser une bougie. Il y a des feuilles et des crayons à leur disposition s’ils veulent écrire ce qu’ils ont sur le cœur et des intentions de prière. Frère Pierre prendra ensuite ces intentions et les confiera aux prières des sœurs d’Estavayer-le-Lac.» Un prolongement de plus à cette semaine de partage musical et spirituel entre petits, adolescents et adultes. (cath.ch/lb)
Une équipe d’animation soudée
L’équipe d’encadrants bénévoles du Camp Voc’ Musique, du Centre romand des vocations, semble bien rodée. Et pour cause… Explication de Marie Reymond-Bouquin, sa responsable: «Quand j’ai repris la responsabilité du camp il y a dix ans, avec Nicolas, mon mari, j’avais un emploi d’enseignante de rythmique à l’École de musique de Lausanne (EML) et donc beaucoup de vacances. Je pouvais facilement consacrer une semaine de mon temps libre au Camp Voc’. Mais j’ai repris il y a un an et demi la direction de l’EML. J’aimerais bien passer le relais à un autre animateur, car il ne faut pas oublier tout le travail de préparation en amont! Mais je dois dire que toute l’équipe s’investit beaucoup et qu’il y a une bonne répartition du travail.
Certains d’entre nous se connaissent depuis longtemps. Il y a 30 ans, on parlait de Camp Vocal, car on y chantait uniquement. Et c’étaient Jean-François et Valérie, les parents d’Élisabeth, qui l’animaient. J’y ai participé enfant! Benjamin et Élisabeth ont commencé pour leur part il y a dix ans comme aide-animateurs. Ils avaient tout juste 18 ans. Benjamin a aussi fait les Camps Voc’ Musique en tant que participant. Il a rencontré ici Pauline, une des animatrices, et ils se sont mariés l’été dernier. Ils se sont même fiancés au camp en 2022, lors d’une célébration avec Frère Pierre. C’est toute une histoire et une belle chaîne d’amitié!» LB