Quel type de catholique est JD Vance, colistier de Donald Trump?
James David Vance, sénateur de l’Ohio, a été désigné le 15 juillet 2024 comme colistier de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche. Mais quelle est le profil religieux de cet homme de 39 ans, récemment converti au catholicisme?
Si Donald Trump est élu à la présidence des États-Unis, le 5 novembre prochain, J.D. Vance deviendra le second vice-président catholique de l’histoire, après Joe Biden. Le sénateur de l’Ohio a été baptisé et confirmé en 2019 au prieuré St. Gertrude à Cincinnati par le dominicain Henry Stephan. D’après le journal Huffington Post, il est arrivé dans cette confession après un cheminement spirituel qui a commencé lorsqu’il était Marine en Irak, alimenté par la lecture de la Cité de Dieu d’Augustin d’Hippone (354-430). Une figure qu’il a d’ailleurs prise comme saint patron.
Phase d’athéisme
Le média Religion News Service (RNS) a souligné sa «relation compliquée avec la religion». J.D. Vance est né dans une famille chrétienne sans dénomination de l’Ohio. Ses parents n’étaient pas pratiquants. Adolescent, il a intégré une église évangélique. Au début de ses études de droit, il serait également passé par une phase d’athéisme.
Au sein de sa fac de droit, J.D. Vance aurait commencé à «avoir une nouvelle appréciation du potentiel de la foi», assure le média deseret.com. Il est entré en contact avec des catholiques et des mormons, reconnaissant à quel point leurs croyances religieuses les faisaient avancer dans leur vie. Le colistier de Donald Trump serait «devenu persuadé avec le temps que le catholicisme était vrai». Il a précisé que sa conversion aurait eu lieu plus tôt sans la crise des abus sexuels, qui l’a contraint à considérer l’Église comme une institution certes divine mais aussi humaine.
La ligne de Carlo Vigano
Sur le plan politique, il s’est aussi fait remarquer pour ses changements de cap. Ex-critique de Donald Trump, il s’est finalement rangé à ses idées. Les observateurs remarquent que son idéologie a progressivement pris, quoiqu’il en soit, un virage très à droite.
Parmi les personnes influentes de son entourage, le Huffington Post mentionne Rod Dreher. Cet écrivain et éditeur américain, qui a été présent au baptême de J.D. Vance, est connu pour ses travaux sur la religion, la politique et la culture. Il est reconnu pour sa défense du conservatisme traditionaliste. D’abord méthodiste, il est passé par le catholicisme, avant de devenir orthodoxe, sous l’obédience du Patriarcat de Moscou. Il a quitté les États-Unis pour s’installer en Hongrie, un pays dont il admire beaucoup le président Viktor Orban. Rod Dreher a plusieurs fois soutenu Carlo Maria Vigano, grand détracteur du pape François, ancien nonce récemment excommunié pour avoir renié l’autorité du pontife.
Des principes «à vendre»?
Mais J.D. Vance n’est pas un personnage forcément facile à cerner. Tout d’abord, son épouse, Usha Chilukuri Vance, d’origine indienne, est née de parents hindous et n’est pas chrétienne. Lorsque le couple s’est marié en 2014, ils ont organisé deux cérémonies, dont une où ils ont été bénis par un pundit hindou.
Ses opinions sur des thèmes importants pour les catholiques, tels que l’avortement, ou la justice sociale semblent également peu claires. Lorsqu’il s’est converti, en 2019, il a affirmé que ses avis en matière de politique publique s’alignaient sur l’enseignement social catholique. «Une partie du défi que doit relever le conservatisme social pour être viable au XXIe siècle est qu’il ne peut pas se limiter à des questions telles que l’avortement, mais qu’il doit avoir une vision plus large de l’économie politique et du bien commun», a-t-il déclaré à Rod Dreher. Cela alors que Donald Trump a toujours poursuivi un agenda des plus ultra-libéraux.
Sur l’avortement également, des déclarations de J.D. Vance ont laissé perplexe. Alors qu’en 2022, il s’était déclaré en faveur d’une interdiction de l’IVG sur tout le territoire américain, allant jusqu’à interroger sa légitimité dans les cas de viol, il s’est montré, début juillet 2024, conciliant avec une accessibilité des pilules abortives mifépristone et misoprostol.
Des tergiversations qui font penser à certains observateurs que J.D. Vance n’a pas une ligne idéologique très solide, le classant dans la catégorie des politiciens «opportunistes». L’épisode du mifépristone fait en tout cas penser à C.J. Doyle, directeur exécutif de la Catholic Action League of Massachusetts, que «Vance n’a aucun principe, du moins aucun qui ne soit pas à vendre, et que le prix demandé est bas». (National Catholic Register). (cath.ch/ag/rz)