Terre sainte: des pèlerinages pour sortir de l'isolement les chrétiens
«Nous avons découvert des sanctuaires vides, courageusement maintenus par les communautés chrétiennes.» L’agence de voyage Routes Bibliques a pu réorganiser en juin 2024 des pèlerinages en Terre sainte. L’objectif était de rencontrer des chrétiens, en réponse à l’appel de nombreuses voix d’Orient, dont celle de Mgr Piazzabella, patriarche de Jérusalem.
Pour la première fois depuis les attaques du 7 octobre 2023, un groupe de pèlerins français a pu se rendre pour une semaine à Jérusalem, le 18 juin 2024, avec Routes Bibliques. Composé de quinze membres de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce groupe suivait de quelques semaines une délégation de vingt entrepreneurs chrétiens, également acheminée par cette agence française.
Spécialisée dans l’organisation de pèlerinages chrétiens, de retraites spirituelles, de voyages bibliques et de marches dans le désert ou vers des lieux saints, Route Bibliques compte depuis 1989 un bureau à Jérusalem. C’est cette présence de longue date qui lui «a permis de constituer ces deux groupes en trois mois», précise-t-elle dans un communiqué.
Accueillis à bras ouverts
«La présence des pèlerins est essentielle et leur retour est vivement attendu et souhaité pour le bien des chrétiens d’Orient. Les moyens manquent cruellement et pourtant nous avons été accueillis à bras ouverts», témoigne Guilhem de Vasselot, directeur de Routes Bibliques et participant du voyage.
Durant ces pèlerinages, ces groupes ont multiplié les rencontres avec le cardinal Pierbattista Pizzaballa et avec des paroisses et communautés chrétiennes locales. Ils ont découvert des sanctuaires vides, courageusement maintenus par les communautés chrétiennes, véritables îlots de paix.
Une incertitude oppressante
Interrogé par l’agence Fides, l’archimandrite Simaan Jaraisi, vice-prêtre de la paroisse de la communauté melkite de Nazareth, relève la précarité du quotidien des Nazaréens «Au nord, les sirènes retentissent constamment. Ne pas savoir ce qui va se passer, non pas demain, mais dans une heure, génère des sentiments de grand désespoir et de tristesse: l’avenir nous est inconnu et sombre. Nous avons besoin de tout, de biens matériels et spirituels.»
Sa paroisse a donc décidé d’organiser de la mi-juillet à la mi-août, tous les samedis et dimanches, l’accueil de plus de 50 enfants et jeunes de 6 à 25 ans. Des moments de jeu, de rencontre et de prière seront organisés pour «traverser et surmonter ensemble un été où le conflit touche de près leur vie», explique le Père Simaan.
Un déplacement des chrétiens
Selon les données publiées en décembre 2023 par le Bureau central israélien des statistiques, qui reflètent la situation avant le conflit, les chrétiens représentent environ 1,9 % de la population de l’État d’Israël. A Nazareth, la plus grande ville arabe du nord du pays, on compte environ 20’800 chrétiens arabes, sur un total de près de 78’000 habitants. Il est cependant impossible de connaitre l’évolution de ces chiffres depuis octobre dernier. Mais pour le Père Simaan, la guerre qui a éclaté en octobre dernier a accentué l’émigration des chrétiens arabes. (cath.ch/com/fides/lb)