Témoignage de Valentina Rotondi, la consultante «suisse» du pape
«L’Église catholique est prête à s’ouvrir aux femmes», assure Valentina Rotondi. Telle est la conviction de la sociologue enseignant au Tessin après avoir participé à une session sur le rôle des femmes avec le Conseil des cardinaux (C9) et le pape François.
Valentina Rotondi fait partie du cercle très restreint de personnes ayant pu avoir l’oreille du pape et des neuf cardinaux qui le conseillent dans le gouvernement de l’Église, note le quotidien italien Il Giorno, le 12 juillet 2024. La réunion s’est tenue les 17 et 18 juin 2024 à la Maison Sainte-Marthe, la résidence du pape. Elle a porté sur le rôle des femmes dans l’Église. C’était la quatrième fois qu’une telle discussion avait lieu, les sessions précédentes ayant eu lieu en décembre, février et avril.
Émue par l’accueil et l’écoute du pape
Valentina Rotondi est une chercheuse italienne en sciences sociales spécialisée dans l’économie comportementale et du développement. Ses recherches portent notamment sur les inégalités entre les sexes. Elle est professeure à la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI), à Lugano, et chercheuse au département de sociologie et au Nuffield College de l’Université d’Oxford (Angletrre) ainsi qu’au centre NeuroMI de l’Université Bicocca de Milan. Elle était accompagnée au Vatican par Sœur Linda Pocher, professeure de théologie à la Faculté pontificale Auxilium, et Donata Horak, professeure de droit canonique au Studio théologique Alberoni de Piacenza, affilié à l’Université pontificale Angelicum (Rome).
Lors de la session à Sainte-Marthe, chaque intervenante a eu 45 minutes pour présenter les conclusions de ses recherches. Valentina Rotondi a centré son exposé sur les nombreuses discriminations qui affectent encore les femmes dans le monde, ainsi que les progrès réalisés. Elle a mis l’accent sur la nécessité pour la société d’adopter une image moins idéalisée des femmes, mais valorisée dans tous ses aspects, que ce soit la féminité, la maternité, ou encore les compétences professionnelles. Le tout constituant «une forme d’éloge de la fragilité autant qu’une image [des femmes, ndlr] plus proche de la réalité». La chercheuse assure avoir été émue par la rencontre, notamment par «l’accueil et l’écoute attentive et intéressée du pape et des cardinaux, dans une atmosphère très décontractée».
Un prêtre baby-sitter
Elle raconte également à Il Giorno une anecdote liée à son rendez-vous au Vatican: son mari n’ayant pas pu se libérer pour garder ses autres enfants, Valentina Rotondi a été forcée de venir à Rome avec son bébé d’à peine trois mois. Elle a demandé à son beau-frère, un prêtre officiant dans le nord de l’Italie, de l’accompagner pour s’occuper de l’enfant. Ayant entendu l’histoire, le pape François a demandé à voir le bébé, resté à l’extérieur de la salle avec le prêtre. Le pontife aurait beaucoup ri en voyant le nourrisson avec un baby-sitter si inhabituel.
«De cette expérience incroyable, je garde surtout un grand espoir sur la capacité de l’Église à se renouveler aussi en s’ouvrant aux femmes, puis le sentiment confirmé de la nécessité d’intervenir d’urgence et un fort sentiment de responsabilité dans ce cheminement», a finalement commenté Valentina Rotondi. Une impression partagée par la religieuse espagnole Linda Pocher, qui avait affirmé, après l’une des consultations, que le pape François était notamment «très en faveur du diaconat féminin».
Des suppositions toutefois battues en brèche par le pontife lui-même lors d’une récente interview, dans laquelle il a exclu que des femmes puissent un jour devenir diacres. Il a également été remarqué que l’Instrumentum laboris du Synode sur la synodalité, publié le 9 juillet dernier, ne mettait pas à l’ordre du jour l’accès pour les femmes aux ministères ordonnés. (cath.ch/ilgiorno/arch/ag/rz)