Pour motif politique, un dignitaire catholique en prison au Belarus
Depuis près de deux mois, les autorités biélorusses maintiennent en prison le Père Andrzej Yuchnevich, supérieur de la Mission Oblate en Biélorussie, et son jeune confrère Pavel Lemekh, qui servent au sanctuaire diocésain Notre-Dame de Fatima à Shumilina, près de Vitebsk, au nord du Belarus, près de la frontière russe.
La Province polonaise des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (OMI), responsable de la Mission Oblate en Biélorussie, rapporte que les deux missionnaires oblats arrêtés en mai dernier sont actuellement en détention et en attente d’une procédure judiciaire sur des accusations d’activités contraires aux règlements de l’État.
Soutien à l’Ukraine
Le Père Andrzej Yuchnevich a exprimé son soutien au peuple ukrainien depuis le début du conflit avec la Fédération de Russie, appelant à prier pour la paix et la fin des hostilités.
Depuis mai 2022, le Père Yuchnevich assume la présidence de la Conférence des Supérieurs Majeurs, Délégués et Représentants des Instituts et Sociétés de Vie Apostolique de Biélorussie, hommes et femmes.
Le religieux risque apparemment une longue peine de prison, selon des militants des droits de l’homme. L’organisation «Christian Vision for Belarus» a fait savoir jeudi que le Père Yuchnevich, arrêté début mai, avait été transféré de sa cellule de détention à un centre de détention provisoire. Cela signifie qu’une procédure pénale est en cours contre lui. On ne sait pas encore exactement de quoi il est accusé.
Prétendue diffusion de matériel extrémiste
Fin juin, des organisations de défense des droits de l’homme avaient qualifié l’ecclésiastique de prisonnier politique et exigé sa libération immédiate. Le Père Yuchnevich s’occupait d’une paroisse à proximité de la grande ville de Vitebsk. En mai, un tribunal l’a d’abord condamné à 15 jours d’arrêt pour avoir posté sur Facebook des photos de lui avec le drapeau ukrainien et le drapeau historique blanc, rouge et blanc du pays, utilisé par l’opposition biélorusse.
Selon «Christian Vision for Belarus», la détention a ensuite été prolongée pour une prétendue diffusion de matériel extrémiste. Il s’agit également d’une infraction administrative. La justice accuse désormais le Père Yuchnevich d’une infraction qui reste inconnue. L’Eglise catholique ne s’est pas encore exprimée à ce sujet. Un confrère de la communauté religieuse des missionnaires Oblats, arrêté le 8 mai en même temps que le Père Yuchnevich, a été libéré après dix jours de détention. Entre-temps, il aurait quitté le pays pour la Pologne. Les deux ecclésiastiques sont de nationalité biélorusse.
Un autre prêtre en détention depuis novembre
Outre le Père Yuchnevich, le prêtre catholique Henryk Akalatowitsch est détenu depuis novembre. Les autorités l’accusent de trahison, ce pour quoi la loi prévoit jusqu’à 15 ans de prison. Les organisations de défense des droits de l’homme comptent également Akalatowitsch parmi les 1’407 prisonniers politiques actuels en Biélorussie.
Depuis les manifestations nationales de l’été 2020 contre les élections présidentielles truquées en faveur du dirigeant Alexandre Loukachenko, les autorités biélorusses répriment sévèrement toute critique du régime. Elles se sont également attaquées à plusieurs reprises à l’Eglise catholique, dont se réclament environ dix pour cent des Biélorusses. Depuis septembre 2022, les catholiques se voient interdire l’utilisation d’une importante église sur la place de l’Indépendance à Minsk. Motif officiel: de prétendus manquements à la sécurité. (cath.ch/kathpress/be)