Mgr Carlo Maria Vigano est l'un des chefs de file des opposants au pape François | © Archdiocese of Boston/Flickr/CC BY-ND 2.0
Vatican

L'ancien nonce Mgr Vigano se dit accusé de «schisme»

Mgr Carlo Mario Viganò, ancien nonce apostolique à Washington et adversaire public du pape François depuis quelques années, a annoncé sur X (Twitter) être convoqué le 20 juin 2024 par le dicastère pour la Doctrine de la foi en vue d’un procès pour «schisme».

Ancien membre de la diplomatie vaticane ayant représenté le Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe (1989-1992), du Nigéria (1992-1998) ou des États-Unis (2011-2016), Mgr Viganò est à la retraite depuis 2016. En 2018, il avait provoqué un important scandale en dénonçant le traitement par le Saint-Siège des abus sexuels commis par le cardinal Theodor McCarrick, et surtout en réclamant la démission du pape François qu’il accuse d’avoir protégé le cardinal américain.

Mis sous pression, le Vatican avait publié en 2020 une importante enquête sur l’affaire McCarrick, dans laquelle il avait choisi de répondre aux accusations de Mgr Viganò en déplorant de nombreuses fausses informations, spéculations erronées et omissions. Rome soulignait en outre la responsabilité directe de Mgr Viganò dans le fiasco de cette affaire à l’époque où le nonce était en poste à Washington, lui reprochant de ne pas avoir apporté au Saint-Siège les preuves nécessaires pour prouver sa culpabilité. L’archevêque italien avait alors dénoncé une «fiction vaticane».

Au regard de ce rapport, le pamphlet écrit par Mgr Viganò en 2018 pour dénoncer le pape peut être lu comme une façon pour l’ancien nonce de se protéger et de protéger sa ligne idéologique. Depuis 2018, l’archevêque à la retraite est devenu une des voix les plus critiques du pontificat de François, remettant en cause sa légitimité et son orthodoxie sur des thématiques non liées à l’affaire McCarrick.

Quatre ans après ce rapport, le Saint-Siège a décidé de faire passer Mgr Viganò devant la justice, l’accusant de schisme, soit du plus grave délit d’un point de vue canonique. D’après les éléments rendus publics, cette procédure ne concerne pas le dossier McCarrick.

Dans la lettre du dicastère pour la Doctrine de la foi, qui jugera l’ancien nonce, lui sont reprochées des «déclarations publiques dont il résulte une négation des éléments nécessaires au maintien de la communion avec l’Église catholique», notamment la «négation de la légitimité du pape François», la rupture de la communion avec le pontife et le «rejet du Concile Vatican II».

Commentant le décret, Mgr Viganò affirme considérer les accusations portées contre lui «comme un honneur» et qualifie le Concile Vatican II de «cancer idéologique, théologique, moral et liturgique» dont l’Église synodale portée par François serait une «métastase».

La réaction du cardinal Parolin

La nouvelle a été relayée par Vatican News et commentée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, qui fut un collègue de Mgr Viganò au sein de la Secrétairerie d’État. Le cardinal a jugé «normal» que le dicastère pour la Doctrine de la foi «ait pris en main la situation et que se déroule cette enquête, cette recherche qui sont nécessaires pour approfondir cette situation». Il a évoqué «quelques attitudes, quelques gestes» de Mgr Viganò «dont il doit manifestement répondre».

Devant la presse, le secrétaire d’État – numéro 2 – du Saint-Siège a confié cependant son amertume pour cette situation. «Je l’ai toujours apprécié comme quelqu’un de très travailleur et très fidèle au Saint-Siège», a-t-il dit, saluant même «un exemple». «Quand il a été nonce apostolique, il a extrêmement bien travaillé», a ajouté le cardinal Parolin. (cath.ch/imedia/cd/ak/gr)

Mgr Carlo Maria Vigano est l'un des chefs de file des opposants au pape François | © Archdiocese of Boston/Flickr/CC BY-ND 2.0
21 juin 2024 | 14:36
par I.MEDIA
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