Les évêques ont rencontré les associations de victimes d’abus
Dans le cadre de leur Assemblée ordinaire, du 3 au 5 juin 2024 à Einsiedeln (SZ), les membres de la Conférence des évêques suisses ont rencontré des représentants des associations de victimes d’abus en contexte ecclésial. La CES a décidé de réalimenter le fonds d’indemnisation pour les victimes.
Une délégation du Groupe SAPEC (association en Suisse romande de soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse) et d’IG-M!KU (Communauté d’intérêts pour les personnes victimes d’abus dans le milieu ecclésial, en Suisse alémanique) a été accueillie le premier jour de l’Assemblée ordinaire, rapporte la CES dans un communiqué du 6 juin 2024.
Les représentants étaient Vreni Peterer, présidente de IG-M!KU, Rosmarie Weber, membre du comité de IG-M!KU, Jacques Nuoffer, président du groupe SAPEC et Manuella Lattion, secrétaire et responsable financière du groupe SAPEC. «La rencontre s’est passée dans l’écoute mutuelle très attentive, parsemée de moments de silences respectueux, assure la CES. Les témoignages intenses et nécessaires ont été suivis de discussions marquantes et de propositions.»
Urgence d’agir
Les personnes concernées par les abus insistent sur l’urgence d’agir, rapporte le communiqué. Le Groupe SAPEC demande expressément la reconnaissance des faits et des souffrances, une réparation adaptée et une prévention efficace dans un processus rapide. «Cet échange fort et ouvert a beaucoup touché les évêques», assurent-ils. Ils s’engagent à continuer à s’investir au niveau national comme dans les diocèses pour que les mesures avancent, avec l’idée de les approfondir et les compléter continuellement.
Réalimentation du Fonds d’indemnisation
La CES s’engage également pour une septième et une huitième réalimentation du Fonds d’indemnisation pour les victimes d’abus sexuels commis dans le contexte ecclésial et prescrits. Le Fonds a été alimenté à six reprises par les trois partenaires contractuels que sont la CES, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) et l’Union des Supérieurs Majeurs (USM).
Conseils externes pour les ressources humaines
Une délégation du groupe de travail «Abus» a en outre tenu des réunions avec l’entreprise Rundstedt & Partner, spécialisée dans les questions de ressources humaines. Il s’agit d’élaborer d’ici fin 2024 un guide destiné à tous les services de l’Église (évêchés, paroisses, corporations, congrégations religieuses, etc.) afin d’assurer partout le traitement professionnel des dossiers et données du personnel. Ensuite, il sera également possible pour les institutions ou les services ecclésiaux qui le souhaitent de bénéficier de formation et de suivi.
À l’occasion de l’entretien que Mgr Felix Gmür, président de la CES, et Mgr Joseph Maria Bonnemain, évêque de Coire, ont eu avec la Signature apostolique le 7 mai 2024 à Rome, il a été convenu que les membres de la CES demanderont le nihil obstat de la Signature apostolique concernant le projet de Tribunal pénal canonique national. Il s’agit d’un premier pas pour pouvoir élaborer les statuts de l’instance. La demande a été signée par l’ensemble des évêques et envoyée à Rome.
Pastorale oecuménique de la santé
La CES a approuvé le concept d’un Service national de coordination œcuménique de la pastorale dans le domaine de la santé ainsi que le contrat de coopération entre la CES, la RKZ et l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS). «L’engagement des Églises dans les institutions du système de santé est confronté à de grands défis. En outre, il est apparu clairement que les actions cantonales, diocésaines ou confessionnelles ne suffisent plus à répondre aux exigences au niveau national.»
Ce Service permettra donc aux Églises d’intégrer leurs préoccupations pour la pastorale dans le domaine de la santé à un niveau professionnel élevé dans les processus stratégiques nationaux. De plus, l’échange d’informations entre les niveaux cantonal, diocésain et national sera assuré.
Inquiétude sur l’affaiblissement de l’aide au développement
Les évêques ont en outre débattu de la situation mondiale actuelle, marquée par les guerres et les conflits, les flux de réfugiés, la pauvreté et la crise climatique. Ils soutiennent l’initiative de la Suisse de tenir la conférence de paix sur l’Ukraine au Bürgenstock (NW). Dans le même temps, ils expriment leur grande inquiétude face aux propositions actuelles du Parlement suisse visant à affaiblir la lutte contre la pauvreté au profit d’une armée plus forte à hauteur de plusieurs milliards. «Cela n’est compatible ni avec la solidarité chrétienne ni avec la responsabilité internationale d’un pays riche comme la Suisse. Qu’il s’agisse du financement de l’armée ou de l’aide à l’Ukraine, cela ne doit pas se faire au détriment des plus pauvres dans le monde», affirment les membres de la CES.
A noter que l’Abbé valaisan Vincent Lafargue a été choisi pour succéder à Mgr Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, au Présidium et au Comité de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes (CTEC), en tant que représentant catholique romain. (cath.ch/com/rz)